10 août 2019 —Photo Audrey Corregan&Erik Haberfeld pourMLemagazine du Monde. Stylisme Fiona Khalifa
Illustr
ation Sa
toshi Hashimot
opour MLem
agazine du Monde
.RémySilva
Àsix minutesàpied...
Il es tsouvent question de l’Hôtel Bedfordàla
radio :dul undi auvendredi, l’émission de France
Musique«Classic Club»est enregistrée dans le
bar decetétablissement,voisin de la placedela
Madeleine.Propriétédelafamille Berrut depuis
plus decent ans, le Bedfordatoujoursvécu au
rythme de la musique savante:les pianistes
Camille Saint-Saëns etGabriel Fauréyont vécu,
et le compositeur brésilien HeitorVilla-Lobosya
longtemps posé sesvalises. En 2003, les Berrut
ont créé leur propresalon de musiqueavec
l’ambition derévéler les talents de demain. Il
faut direque la majesté du lieu s’y prête. La salle
de restaurant impressionne par saverrièretur-
quoise et or,saf ontaine et son imposant décor
en stuc qui n’ont pas bougé depuis leur création
avant la premièreguerremondiale.D’une facture
impeccable,pour qui aime l’élégancesurannée
des couvre-lits matelassés et desfauteuils tapis-
siers cloutés, les 141chambres sont décorées de
tableaux issus de lacollectionfamiliale. A. Ad
Hôtel Bedford, 17, rue de l’Arcade, Paris 8e.
Chambre doubleàpartir de 145 €. http://www.hotel-bedford.com
Avec ses multiples ambiances décoratives, Ikea
Madeleine, c’est un peu comme un plateau de
sitcom en plein Paris où l’on peut se la jouer en
essayant des matelas et des canapés. Les pieds sur
les coussins de la chambre«Romantique country»,
certains se croient dans BarryLyndon et peuvent
discuter tranquillement avec les voisins installés
dans l’ambiance«Cuba». Beaucoup mieux qu’un
club de vacances pour se faire des amis:pas de sable
et pas de gosse pénible.
Quoique. Ilyatoujours un rase-moquette pour
lâcher sa glace sur le tapis qu’on envisageait
d’acheter et qu’on va prendre du coup, vu comme
il al’air facileànettoyer.Uncrash-test gratuit en
direct,cela n’a pas de prix. Dans un Ikea hors les
murs, ce gamin serait soit assis dans un chariot, soit
resté dans la voiture, mais comme il n’yarien de
tout cela ici... Dans la villedelagastronomie, on
se rassemble aussi ici pour céderàune envie de
boulettes suédoises qui, pour une fois, n’oblige pas
àfaire des kilomètres en voiture. Ceux qui avaient
tenté de remplacer leur petite faiblesse par des
Knacki Ball sont formels:c’est incomparable.
Enfin, un peu comme dans Les Bronzés ,ilyades
ateliers organisés autour d’activités manuelles. Pas
de peinture sur corps chez Ikea, mais plutôt du
feng shui, de la cuisine sans déchets ou encore du
rangement«ludique». Pas mal pour faire des ren-
contres... Un jour,certains pourront direàleur
progéniture:papa et maman (ou papa et papa,
maman et maman)sesont rencontrésàunatelier
«cuisine sans déchets»chez Ikea.Tinder n’a plus
qu’à aller se faire mettreàjour.
BEauCouP En ont rêVé Et PuIS, un jour, C’ESt
arrIVé : Ikea aquitté la grande banlieue pour s’instal-
ler au cœur de Paris, place de la Madeleine. Et d’un
coup, les Parisiens se sont trouvé une sorte de club
Mickey pour adultes. Ici, pas de parcours imposé
comme dans les Ikea«classiques», c’est la li-ber-té.
Lesfans de puzzles sont ravis, ils peuvent s’acheter
immédiatement des trucsàmonter en 3D avec leurs
petits doigts agiles.Les amateurs de Scrabble sontaux
anges, ils se baladent dans les rayons en prenant en
photo les noms de produits. Pourquoi?Pour pouvoir
marquer7650 pointsavec «vlsatrderkaaal»etmon-
trer ladite photo triomphalement «Bah!tuvois, ça
existe!C’est une sorte de chaise!» Tous les GM–«gentils
membres»–duclub de la Madeleine ont aussi la pos-
sibilité de demander une aide extérieure en cas de
problème de déchiffrage du plan de montage.Comme
une sorte de«SOS détresse amitié»dumeuble en kit
récalcitrant. Après tout, tout le monde n’est pas le
Champollion de la linguistique scandinave, capable
de comprendre n’importe quel diagramme qui res-
sembleàunhiéroglyphe.
Intra-muros
parCarine Bizet