Chasseur d’images N°414 – Août-Septembre 2019

(Michael S) #1

Amoureuses


78 CI 414 - Août-septembre 2019


À gauche —
Fourmi sur un lamier jaune
Nikon D3X, Nikon AFD 60 mm f/2,8 Micro,
à f/8, 1/250 s, +0,3 IL, 100 ISO

À droite —
Grains de pollen sur des lets
détamines de coquelicot
Nikon D3X, Mitakon 20 mm f/2
à f/2, 1/200 s, +0,3 IL, 100 ISO

our avoir déjà pratiqué la macro à
fort grandissement, je sais qu’il est
difficile d’obtenir des images dont
l’intérêt ne soit pas uniquement lié
à la prouesse de s’approcher for-
tement et de grandir un maxi-
mum. Alors quand Stéphane m’a dit qu’il
travaillait avec un objectif dont le grandisse-
ment pouvait aller à x13, je me suis dit qu’il
avait forcément quelques trucs et astuces à
nous dévoiler.
Chasseur d’Images — Comment fais-tu pour
ne pas perdre les pédales face aux multiples
possibilités d’images à de tels facteurs de
grandissement?
Stéphane Hette — Quand tu t’y connais un
petit peu en plantes, tu sais ce que tu peux
aller photographier. Il y a une astuce toute
bête pour s’informer, il suffit de taper sur In-
ternet les noms scientifiques et d’aller cher-
cher les vieilles planches botaniques. Cela
permet de voir tout un tas de trucs que tu ne
vois jamais. Les botanistes mettaient en avant

les détails qu’ils voyaient à la loupe binocu-
laire, en les surlignant fortement. J’essaie en
photo de m’inspirer de cette pratique. Je fais
des vues rapprochées, je coupe l’étamine en
deux, je photographie les cellules, un grain
de pollen... La partie à fort grandissement,
c’est du scientifique et de l’artistique, mais
surtout du scientifique. Ce que je trouve in-
téressant, c’est d’allier l’aspect scientifique
classique et le côté artistique. En plus, cette
approche incite des gens qui ne sont pas for-
cément scientifiques à comprendre com-
ment ça marche. C’est ce que j’essaie de faire
tout le temps dans mes images.
Avec quel matériel travailles-tu?
Une vieille optique macro Nikon, l’AF-D
60 mm. Comme je fais du studio, je n’ai pas
besoin d’être très loin, d’avoir des super flous.
Le flou, je le gère moi-même. Avec une op-
tique courte et pas très chère, tu peux faire
des trucs qui t’éclatent. Je travaille aussi avec
des bagues-allonges : un jeu de trois bagues
de différentes longueurs (12, 20, 36 mm) que
j’ai payées une centaine d’euros. Avant
d’acheter l’optique Mitakon, je montais une
bonnette au bout du 60 mm Nikon, ce qui me
permettait avec les bagues-allonges en plus,

Au cœur des fleurs


Après avoir porté son objectif sur les arbres afin de


montrer les stratagèmes qu’ils mettent en place pour


se reproduire, c’est aux secrets des plantes que


Stéphane Hette consacre désormais son temps.


Et pour obtenir des images toujours plus saisissantes,


le photographe s’est équipé d’un objectif


à fort grandissement. Il nous livre ses astuces


de prise de vue avec ce matériel hors-norme.


PRATIQUE MACRO


P


d’atteindre de très grands grandissements.
Je me suis même amusé à photographier à
travers une loupe, chose qu’on ne fait jamais
normalement, pour plein de raisons. La qua-
lité optique n’est pas bonne en dehors du
centre, il y a des aberrations... mais on s’en
fiche parfois, car ce qui est intéressant en
macro, c’est de montrer ce qu’on a envie de
montrer, quitte à s’affranchir de certaines rè-
gles, à la fois optiques, photographiques et
même techniques.
Pour tenir mes fleurs, j’utilise des supports en
Lego, des pinces, du ruban adhésif... c’est
plein de bidouilles pour qu’elles me regar-
dent comme je le souhaite. Je me sers de
bras articulés Jama, avec des pinces au bout.
Je les ai fixés de façon à pouvoir installer des
plantes à l’envers, pour atteindre le détail que
je souhaite. Parfois, ta respiration suffit à faire
bouger le sujet. Alors tout est bon pour “rigi-
difier” l’ensemble.
Faire ces photos sur le terrain est impossible.
Les puristes vont hurler, mais parfois je coupe
des fleurs — pas protégées, évidemment —, je
les mets en eau pour les rapporter à la mai-
son et pouvoir les photographier en gros
plan dans de bonnes conditions.
Les orchidées, j’hésite toujours à les couper,
même les non protégées, mais il m’est arrivé
un truc. Un jour, je me rends dans une belle
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