Batailles et Blindés Hors Série N°40 – Août-Septembre 2019

(Barré) #1

LORRAINE


L'OCCASION MANQUÉE
DE
PATTON

Alors qu’il revient du briefing organisé par Patton, Walker
donne l’ordre à ses unités principales – les 7th AD, 5th ID
et 90th ID – de constituer une tête de pont sur la Moselle
à partir du lendemain. Walker, tout comme Patton, ne
s’attend pas à une résistance particulière et considère
que le franchissement de la Moselle se fera aisément
une fois la tête de pont acquise. Metz et Thionville ne
sont pas des objectifs prioritaires pour Walker : dès que
les blindés passeront la Moselle, leur rôle sera de foncer
vers la Sarre, et les deux cités devront être capturées
par la 90th ID et la 5th ID.
Reste une inconnue à élucider : l’effectif des forces
allemandes dans le secteur. Le 5 septembre, les recon-
naissances commencent à rencontrer une résistance
allemande sérieuse, et Metz et Thionville semblent
bien défendues – à Thionville, le dispositif allemand se
concentre autour du pont sur la Moselle. Les prisonniers
allemands se font de plus en plus rares, et leur moral
n’est plus à un niveau aussi catastrophique que pendant
le mois d’août. Le 6 septembre, juste avant l’offensive,
l’état des lieux effectué grâce aux recoupages d’informa-
tions est loin d’être optimiste : la 17. SS-Panzergrenadier-
Division « Götz von Berlichingen » est repérée, ainsi que
la 3. Panzergrenadier-Division. Les officiers du XX Corps
pensent aussi trouver en face d’eux la Panzer-Lehr-
Division ainsi que la 21. Panzer-Division (en fait, les
deux unités sont depuis quelques jours dans un autre
secteur). En plus des diverses unités de formation et
autres compagnies de convalescents, le XX Corps s’at-
tend à voir environ 38 500 soldats allemands et un
peu plus de 150 blindés face à lui. L’OB West, de son
côté, estime que ses forces dans le secteur représentent
l’équivalent de quatre divisions et demi.

VEILLÉE D’ARMES À L’ALLEMANDE


Si les unités allemandes dans le secteur de XX Corps
sont hétéroclites, la discipline a cependant été rétablie
après les scènes d’exode de l’administration de la der-
nière semaine d’août. Au sud-ouest de Thionville se
trouve la 559. VG-D et à sa gauche la 462. ID – en
réalité une formation elle aussi hétéroclite composée de
personnel administratif, d’étudiants à l’école militaire de
Metz et qui n’a aucune unité du train ou d’arme lourde


  • et enfin, près de Metz, la 17. SS-Panzergrenadier-
    Division « Götz von Berlichingen » qui n’a toujours pas
    récupéré de sa défaite en Normandie. Enfin, les forti-
    fications sont à l’image des unités de la région : elles
    manquent de munitions ou de réglages de tirs, ainsi
    que pour certaines d’équipements. Seul le fort Driant,
    situé au sud-ouest d’Ars-sur-Moselle, est relativement


La prise de Metz, cité fortifiée, a toujours été une épine dans le pied des différentes
armées. En 1870, von Moltke est resté assez longtemps indécis avant de donner
l’ordre à ses troupes de traverser au sud. Schlieffen, de son côté, va en faire le
centre de nombreuses séances de Kriegsspiel, et il en tirera trois conclusions :


  • L’approche de Metz par l’ouest donne l’avantage à au défenseur, et le terrain
    au sud ou au nord de la ville ne pose pas de réels soucis à la progression.

  • Une contre-attaque depuis l’est sur Metz est très difficile à cause des ponts
    et de la ville qui vont former un goulet d’étranglement.

  • Le dense réseau routier autour de Metz et de Thionville permettrait à l’assaillant
    de faire « glisser » ses troupes très facilement.


METZ : PAR OÙ AVANCER?


1 et 2. Le 1er septembre, le Major General Silvester,
chef de la 7th Armored Division, fait son entrée dans
Verdun où il rencontre le nouveau maire devant le
monument aux morts de la ville (photo 1). Deux jours
plus tard, il remet ensuite des Silver Star aux hommes
de son unité s'étant distingués au combat.


  1. L'approvisionnement en carburant est aussi catastrophique
    pour le XX Corps qui voit ses chars bloqués à Verdun alors
    que le terrain devant eux est totalement vide d'ennemis.

  2. Les Volksgrenadier ont eu le temps durant leur
    formation d'établir des positions défensives autour de
    Metz et dans les périmètres des ceintures fortifiées.
    Ces positions difficilement repérables depuis les airs
    sont un avantage sérieux face aux Américains.


1


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