CHAPITRE 4
CAPTURER
XX CORPS THIONVILLE...
DEUXIÈME LE
PARTIE
grêle d’obus. Au bout de 20 minutes, le barrage d’artillerie alle-
mand se calme et une colonne de Panzer apparaît se dirigeant
vers le sud du village, depuis Metzervisse. En tout, ce sont trois
bataillons qui attaquent les Américains : un depuis Metzervisse,
un autre à l’est et un troisième à l’ouest – sauf que ce dernier
est immédiatement taillé en pièce par l’artillerie de la 90th ID.
Malgré la résistance acharnée des GIs, les Panzergrenadier
parviennent à infiltrer le village, leurs blindés les suivant de
près. Les fantassins américains, retranchés dans les maisons,
luttent bâtiment par bâtiment, tandis que les Sherman et TD
tirent obus sur obus tout en restant en mouvement. Le Major
Wallace commandant le dispositif américain demande alors
au QG de faire tirer toutes les pièces disponibles sur Distroff
afin de contrer l’attaque allemande et d’envoyer des renforts.
Après quatre heures de combats acharnés, les Allemands se
replient, laissant sur le terrain 24 véhicules, dont huit blindés.
La Kampfgruppe a été saignée à blanc : plus de 150
Panzergrenadier sont tombés devant Distroff. La situation a
été si compliquée pour les unités américaines sur place que
la bataille sera évoquée dans le journal de marche de la 90th
ID comme la « pire contre-attaque de toute la campagne ».
En plus de l’ouvrage de Métrich, les Allemands ont mis la
main sur un autre ouvrage de la ligne Maginot, un des plus
importants : le fort du Hackenberg près de Veckring. Sa posi-
tion dominante permet à ses pièces – notamment de 75 mm
- de prendre sous son feu une grande partie du dispositif
de la 90th ID. Le 15 novembre, des TD ouvrent le feu sur
les casemates en béton du fort, mais devant le manque de
résultats satisfaisants, des pièces de 240 mm entrent dans
la danse. Là encore ces dernières se révèlent incapables de
museler les pièces adverses : il faut une pièce de 155 mm
amenée à moins de 2 kilomètres des canons pour faire taire
le fort. Du côté du QG allemand, l’évolution de la situation
amène beaucoup d’inquiétude, à tel point que Balck ordonne
le 17 novembre un repli tactique de ses unités de la région de
Thionville vers la ligne autour de Bouzonville. Les Américains
se précipitent à la poursuite des Allemands, en gardant leur
objectif principal en vue : faire la jonction avec la 5th ID à l’est
de Metz et ainsi fermer la poche. Le 19 novembre, la jonction
est faite entre la 90th ID et la 5th ID, scellant de fait le sort
de Metz. La 90th ID, elle, a abattu un énorme travail ; Patton
lui-même la félicitera en parlant de la traversée de la Moselle
en des termes élogieux : « C’est une des traversées de fleuve
les plus épiques de l’Histoire^ [4] ».
Ce GI's pose sur un StuG. III détruit sur la route de Metzervisse vers
Distroff, peu après l'offensive du 15 novembre. En arrière-plan se trouve
un Sherman qui a été détourellé par l'explosion de ses munitions.
Vue aérienne du village de Distroff avant les combats ; l'offensive allemande
est venue depuis la route à droite sur le cliché, passant près de l'église.
[3] Aujourd’hui réunis en une seule localité, Yutz.
[4] Cole (H.), The Lorraine Campaign, 2012, Whitman Publishing, p. 379.
StuG. III Ausf. G
- Panzergrenadier-Division
Wehrmacht
Distroff, 15 novembre 1944