Par Frédéric Thoos
Un mois après son succès “surprise” sur le Giro face à Nibali et Roglic, le “4ehomme” de la Movistar
semble encore sur son nuage et mesuré face au bonheur atteint à Vérone. Sans avoir trop regardé le
Tour, submergé par des obligations au pays, l’Equatorien Richard Carapaz se dirige vers la Vuelta,
une course très dure qu’il aimerait gagner sur un moment-clé, avant de se fixer de nouveaux objectifs
dès 2020, sur le Tour de France ou ailleurs, chez Movistar ou... dans une autre équipe.
- Planète Cyclisme : Un mois après votre
succès sur le Giro, quelles images vous res-
tent en tête de ce premier titre sur un
Grand Tour?
Richard Carapaz : « Bien entendu, il y a tel-
lement de moments et d’images, comme
vous l’imaginez. Mais si je devais en choisir
une, ma préférée, je dirais que c’est le mo-
ment où j’ai franchi la ligne d’arrivée à Vé-
rone le dernier jour. Le moment où j’ai pris
conscience de ma victoire. » - P.C. : Comment avez-vous construit votre
victoire sur les trois semaines?
R.C. :« Lors de la première semaine, en fait,
rien n’est allé comme cela avait été planifié.
Nous avons connu pas mal de malchance
durant les première étapes. Mais une fois que
nous avons atteint la deuxième semaine, et
après ma (2e) victoire d’étape à Courmayeur
quand j’ai pris le maillot rose, nous nous
sommes mis à croire que c’était possible
de... faire une très bonne course. Mainte-
nant, je n’ai jamais pensé que je pourrais
l’emporter à Vérone. Je suis très honnête en
disant que nous avons couru étape après
étape, voyant comment les choses avançaient
et essayant de donner la meilleure version de
la Movistar possible. Cela fut la clé de mon
succès. » - P.C. : Vous sembliez très fort dans votre
tête et calme à la fois face à Nibali et Ro-
glic. C’est votre principale qualité? Ou
possédez-vous aussi d’autres qualités?
R.C. :« Durant la course, ces coureurs ont
été très forts. Nibali est resté très proche
jusqu’à Vérone, essayant de gagner la course.
Roglic, ce fut pareil, mais à la différence que
pour nous deux, avec Roglic, c’était la pre-
mière que vous étions dans la peau d’un can-
didat à la victoire finale. Je dirais que ma
meilleure qualité sur ce Giro fut ma prépa-
ration mentale et mon entraînement dans
des conditions similaires celles de la course. » - P.C. : Vous êtes un bon grimpeur. Qu’elles
sont vos montées favorites?
R.C. : « J’aime les longues montées, comme
celles où je m’entraîne chez moi dans la pro-
vince de Carchi, au Nord de l’Equateur à
près de 3 000 mètres d’altitude. Ce sont sur
ces routes que je suis le meilleur. Attention,
les montées courtes me conviennent aussi.
Quand j’ai la possibilité, j’utilise beaucoup
mon instinct naturel. Mais les grandes mon-
tagnes sont mes préférées. Là où c’est dur! »
- P.C. : On ne connaît pas grand chose de
vous. Présentez-vous à nous... Où habitez-
vous? Vous revenez souvent au pays? Vous
êtes marié? Vous faites du cyclisme depuis
longtemps?
R.C. :« J’habite à El Carmelo, un petit vil-
lage près de Julio Andrade, au Nord de la
Province de Carchi en Equateur. Je suis
marié avec Tania et nous avons deux enfants,
Richard Santiago, 5 ans et Aimy Sofía, 2 ans.
J’ai commencé le vélo régulièrement à l’âge
de 10 ans, mais sans avoir réellement d’idole.
J’ai pris le virus quand j’étais plus grand. J’ai
alors pris conscience que je pouvais gagner
ma vie dans un peloton. » - P.C. : Vous avez regardé le Tour 2019?
R .C. : « Pour être honnête, pas trop. Parce
que j’ai eu beaucoup d’engagements au pays
à la suite de mon succès au Giro, encore cet
été. C’est un des Tour les plus serrés et exci-
tants de ces dernières années, non? Impos-
sible de dégager un favori avant la fin! » - P.C. : Vous avez couru quatre Grand Tour
(2 Giro, 2 Vuelta) pour un succès. Prochain
objectif, courir le Tour? Dès 2020?
R.C. :« Je ne sais pas encore de quoi mon
avenir sera fait. Il faut voir ça noir sur blanc.
Il faut bien tout planifier. Pour le moment, je
suis concentré sur la Vuelta, prochain Grand
Tour auquel je vais m’attaquer pour termi-
ner la saison de la meilleure façon qu’il soit. »- P.C. : Vous êtes un coureur de Grand Tour.
Le prochain rêve, le prochain objectif, c’est
de gagner la Vuelta? Le Tour de France?
R.C. :« Pour chaque coureur, gagner les trois
grands tours est le rêve. Donc, pour moi
aussi! Si je devais choisir une victoire à court
terme, je choisirais une victoire sur le Tour
de France. » - P.C. : Quels sont vos objectifs dans le cy-
clisme? Ecrire l’histoire de l’Equateur ou
prendre du plaisir avant tout?
R.C. :« Comme je le dis souvent, je n’ai pas
“d’objectif” dans le cyclisme. Je veux faire de
mon mieux et tenter de gagner le plus de
courses possibles. Mais être heureux en mon-
tagne est le plus important pour moi. » - P.C. : Comme en 2018, en 2019, vous
vous êtes lancé sur une saison à deux
Grand Tour, Giro et Vuelta. Après une 4e
place et une 1reau Giro, quel est désormais
votre objectif sur la Vuelta? La gagner?
R.C. :« Je ne veux pas me mettre une telle
pression sur le dos au départ. Je n’ai pas couru
depuis le Giro. Je ne sais pas comment le
corps va réagir. Cette Vuelta demande que tu
sois très “fit”, au top physiquement. Nous al-
lons voir ce que nous pourrons faire et quelle
sera la tactique une fois la course lancée. » - P.C. : Comment gérez-vous physique-
ment deux grands tours la même saison?
R.C. : « C’est un programme qui m’a réussi
l’an passé. Donc, nous avons repris le même
calendrier de courses (Reprise à San Juan,
- P.C. : Vous êtes un coureur de Grand Tour.
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