Moto Revue Classic N°106 – Septembre-Octobre 2019

(Jeff_L) #1

(^22) / # 106
P
ilote de side-car motocross
et vitesse, concessionnaire et
importateur moto, organisateur
de championnats de France (Supercross,
Supermotard, Promosport), président
du Moto Club de Lyon, délégué technique
de la FFM, Guy Bongiovanni a consacré
sa vie à la moto et perpétué ses grandes
heures à Lyon. Moi, le Parisien mais
« émigré » à Bressan en raison de mon
association avec la famille Maingret
de Pont-de-Vaux (et aussi à l’occasion
de ma période sentimentale lyonnaise),
j’ai eu la possibilité d’intégrer le milieu
moto de la région, et ai donc fait la
connaissance de Guy à l’occasion du
Salon de la compétition de Lyon, un must
du début des années 70, qui mériterait un
papier à lui tout seul. Très vite, nous avons
sympathisé et cette amitié sera scellée lors
d’un voyage Moto Revue aux 200 Miles
de Daytona 1972. Si l’on compte ses amis
sur les doigts d’une seule main, Guy et son
épouse Claudie, en font assurément partie.
Une amitié qui ne s’est jamais rompue.
Il est diffi cile de retracer une vie de presque
80 ans, vécue à 110 %, en une seule
page. Je ne retiendrai donc que les
moments les plus forts et signifi catifs
que nous avons vécus ensemble ou
les anecdotes que l’on m’a racontées.
Tout jeune, Guy a été attiré par les
side-cars. Motocross d’abord, vitesse
ensuite. Fernandez, qui sera son passager
avant d’être celui de Joseph Duhem,
se souvient de cette période héroïque :
« Guy, n’ayant pas de remorque, s’est fait
tirer par la voiture de ses parents pour
rallier, du sud de Lyon, le circuit de cross
de Valence, soit plus de 100 km, en pleine
nuit! » Par la suite, et pendant plus de
20 ans, il participera aux championnats
de France, d’Europe et ISRA avec les
attelages les plus divers et en particulier,
un modèle remarquable avec moteur de
MV Agusta 750, puisque Guy fut, pendant
une certaine période, importateur de la
marque. Cet attelage a d’ailleurs été mis
en vente en février dernier à Rétromobile.
Il utilisera également un side à moteur
Kawasaki à une époque où les Suzuki
régnaient en maîtres et obtiendra ses
meilleurs résultats de 1993 à 1997.
Il connaîtra le pire à la suite d’un
accident sur le circuit de Pau où
son passager perdra la vie. Sa carrière
sportive, qu’il menait de front avec ses
activités professionnelles, l’obligeait
à des « raids nocturnes » qui ont dû
avoir une incidence sur ses résultats,
même si Guy est une force de la nature
qui possède une endurance à toute
épreuve : le sommeil ne semble pas avoir
de prise sur lui. Il avait développé ces
facultés naturelles grâce à son expérience
de chauffeur routier au Sahara où les
heures de conduite ne se comptaient
pas. J’ai encore en mémoire un voyage
en Italie, sur le circuit de Misano,
pour l’essai d’un 50 cm^3 sport dont il
envisageait l’importation. Nous étions
partis de Lyon dans la soirée, avions
atteint l’Adriatique au petit matin,
pour repartir dans l’après-midi et
rejoindre Lyon vers minuit. Sans
une seconde de sommeil pour lui



  • contrairement à moi qui n’ai
    pas pris le volant une seule minute.
    Du fait de ses racines italiennes, il s’est
    naturellement tourné vers les marques
    transalpines, Moto Guzzi, Ducati et MV.
    Grâce à son dynamisme et ses compétences
    techniques, il avait acquis une notoriété
    qui dépassait largement Brignais – petite
    ville où il réside toujours –, et son magasin
    de l’avenue de Saxe, haut lieu de la moto
    à Lyon. Lorsqu’il m’avait spontanément
    proposé de me sponsoriser, en 1975,
    alors que je courais sur Yamaha, je peux
    affi rmer que l’amitié avait largement pris
    le pas sur le marketing. À l’issue de sa
    carrière sportive, Guy s’est impliqué dans
    le Moto Club de Lyon, l’un des plus anciens
    de France, créé en 1905. Guy en est
    le président depuis 20 ans et perpétue
    la mémoire de Benjamin Savoye et de
    Raymond Moulin. Fort de son glorieux
    passé sportif, il a su transmettre sa passion
    de la moto et du sport motocycliste
    à la jeune génération et contribué au
    renouveau des courses moto au sein
    du club, ce qui est loin d’une sinécure
    dans la période actuelle. Néanmoins,
    les organisations du MC Lyon (Supercross
    de Lyon, Supermotard de Saint-Laurent-
    de Mûre, Coupe de France Promosport
    sur le circuit de Bresse, Moto 25 Power sur
    le circuit d’Alès et récemment, une épreuve
    de Tourisme à Sourcieux-les-Mines) sont
    de véritables succès. Il est aussi impliqué
    au sein de la commission technique de la
    FFM en tant que commissaire technique,
    mais de moins en moins car dans ce
    domaine, comme dans beaucoup d’autres,
    la politique prend le pas sur le reste
    et le dialogue est préféré à la sanction...
    Même retiré des affaires, il ne manque pas
    d’activités entre sa ferme de la Dombes
    et ses motos, des Kawasaki bien sûr, une
    Vulcan 750 pour lui et un Eliminator
    125 pour son épouse. Dynamique,
    passionné, d’une extrême gentillesse
    et toujours prêt à rendre service, la vie
    ne lui en a pas toujours rendu grâce
    puisqu’il a, entre autres drames, perdu
    l’un de ses enfants dans la fl eur de l’âge. ✦


GUY BONGIOVANNI


LA MOTO


À LA LYONNAISE


Christian Bourgeois raconte


Christian Bourgeois, champion de
France de vitesse devenu journaliste
à Moto Revue, puis directeur
de la compétition chez Kawasaki, est
aujourd’hui retraité. Il a donc le temps
de nous conter quelques anecdotes.

UNE FORCE DE LA NATURE ET UNE


ENDURANCE À TOUTE ÉPREUVE

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