OME 26 ÀPARAÎTRE
E22 NOVEMBRE 2019
Sente,Berserik,Van Dongen©E ditions Blake&M ortimer/ Studi oJacobs (Dargaud-Lombards .a.),
O
TOME (^2) E
dLes faussaires de Manhattan
Auteure à succès dans les années
1970, Lee Israel avait su trouver la
parade à la baisse de popularité de
ses livres – rédiger et vendre à prix
d’or avec un complice des fausses
correspondances entre écrivains cé-
lèbres – avant de se faire arrêter. Ma-
rielle Heller adapte l’autobiographie
de cette femme singulière, disparue
en 2014. Et, dans son rôle, Melissa
McCarthy, grande actrice de comé-
die (Mes meilleures amies), se révèle
très à son aise dans un registre plus
dramatique. 1 h 46. (T. C.) Twentieth Century Fox
Et aussi...
Comme des bêtes 2
Trois ans après le premier volet, Chris
Renaud continue à explorer avec in-
ventivité ce que peuvent bien faire les
animaux domestiques quand leurs
maîtres quittent la maison. Un parfait
divertissement familial. 1 h 26.
Rêves de jeunesse
À travers le retour dans son village
natal d’une jeune femme désenchan-
tée, le temps d’un job d’été dans une
déchetterie, Alain Raoust raconte
avec une grande subtilité le quotidien
de la France des déclassés. 1 h 32.
Mon frère
Le réalisateur de La Cité rose, Julien
Abraham, s’intéresse ici à un jeune
homme placé en centre éducatif
pour mineurs après avoir tué acci-
dentellement son père. Un film fort,
porté par l’épatante interprétation du
rappeur MHD. 1 h 35.
Repéré
Concert hommage à Bashung
L’Institut national de l’audiovisuel a
annoncé un concert en hommage
à Alain Bashung, décédé il y a dix
ans. Sur la scène du Grand Rex, à
Paris, seront réunis, en octobre, de
nombreux artistes et amis du chan-
teur. Le concert, intitulé « Immortel
Bashung », associera images d’ar-
chives et hommages avec orchestre.
Durant ce « concert patrimonial »,
hommage d’un nouveau genre, se-
ront aussi projetées, pour la première
fois sur grand écran, des séquences
rares, comme des interviews et des
extraits de concerts. Alain Bashung
s’était produit au Grand Rex en 1987.
Queen chantera contre la pauvreté à New York
Queen, avec pour chanteur Adam
Lambert, sera à l’affiche du fes-
tival Global Citizen à New York
(États-Unis), le 28 septembre.
Rami Malek, oscarisé pour son rôle
de Freddie Mercury dans Bohemian
Rhapsody, interviendra aussi pen-
dant le festival. De nombreux autres
artistes se produiront au Global Ci-
tizen, comme Pharrell Williams, Alicia
Keys et la compositrice Carole King.
L’événement vise à soutenir la lutte
contre la pauvreté dans le monde.
Il coïncide, chaque année, avec la
tenue de l’Assemblée générale des
Nations unies.
Katy Perry accusée de plagiat
Le titre Dark Horse de la chanteuse
américaine Katy Perry a été reconnu
par la justice, après cinq ans de pro-
cédures judiciaires, comme un pla-
giat de Joyful Noise, un morceau de
rap chrétien. La décision, adoptée
à l’unanimité, estime que la chan-
teuse ainsi que ses collaborateurs
ont copié les sonorités du morceau
sorti en 2008. Les créateurs de Dark
Horse, hit sorti en 2013 et aux plus
de 2,6 milliards de vues sur la plate-
forme YouTube, ont déclaré n’avoir
jamais entendu Joyful Noise. Le dé-
tail et le montant de la sanction se-
ront connus cette semaine.
cDiego Maradona, un documentaire hors norme
Ce mercredi au cinéma. Après ses superbes portraits d’Ayrton Senna et Amy Winehouse,
Asif Kapadia raconte le génie argentin du foot comme jamais personne avant lui.
Son Ayrton Senna avait impres-
sionné. Son Amy qui racontait la re-
grettée diva soul Amy Winehouse
avait confirmé son talent à raconter,
par le biais du documentaire, des
destins hors normes.
Asif Kapadia était donc attendu au
tournant au festival de Cannes où il
présentait hors compétition le cha-
pitre III de ses portraits, consacré au
génie du football argentin Diego Ma-
radona.
Un sportif hors du commun
Une fois encore, le cinéaste britan-
nique d’origine indienne réussit à
faire mouche en restant fidèle à ses
principes de base : des images d’ar-
chives inédites uniquement accom-
pagnées par des témoignages en
voix off du principal intéressé et des
témoins de l’époque.
Pourtant, un détail essentiel vient
différencier ce Diego Maradona.
L’Argentin est, lui, bel et bien en vie.
Raconter tout Maradona était donc
mission impossible. Kapadia a donc
eu ici la riche idée de se concentrer
sur une période bien particulière de
son parcours.
Ses années à Naples, de 1984 à
1991, où il va emmener ce club qua-
siment vierge de tout titre sur le toit
de l’Italie (deux titres de champion) et
de l’Europe (une coupe de l’UEFA).
Des résultats inespérés pour une ville
méprisée par le reste du pays et qui
feront de Maradona un dieu vivant...
aux pieds d’argile.
Ce documentaire se vit comme
la plus passionnante des fictions...
qu’aucun scénariste n’aurait jamais
osé inventer. Car au-delà des images
de football, il y est question de la
guerre larvée entre l’Italie d’en haut
et d’en bas, de mafia (dont les liai-
sons dangereuses avec Maradona
étaient exposées au grand jour), de
grandeur comme de décadence (ses
dépendances en tout genre ne sont
pas cachées)...
Le tout avec des images impos-
sibles à imaginer aujourd’hui où
chaque star contrôle sa communica-
tion à double tour. Kapadia ne juge
pas plus Maradona qu’il ne s’en fait
l’avocat. Il donne à voir la complexité
d’un homme mi-ange, mi-démon. Un
petit gamin des bidonvilles de Bue-
nos Aires qui a réussi à se hisser au
sommet du monde en y laissant des
plumes mais aussi une trace indélé-
bile. 2 h 10.
Thierry CHEZE.
La grandeur et la décadence de Diego Maradona sont au cœur de ce documentaire.
Mars Films
Les ballades de l’addictologue australien
Musique. Chouchou du festival de Binic et addictologue
dans le civil, le quinqua australien Geoff Corbett est en tournée.
Il y a deux ans, Geoff Corbett et
son fils cadet Ben ont donné sept
concerts au festival de Binic (Côtes-
d’Armor). Avec leur explosif groupe
commun SixFtHick ou avec leurs
projets solo plus calmes.
Geoff, 51 ans, n’est revenu cette
année qu’avec ses Shifting Sands
(sables mouvants). Un concert
de ballades rock par jour au festi-
val qui aurait rassemblé quelque
70 000 spectateurs.
Barbe blanchie et cheveux mi-long,
chemise hawaïenne et tatouages,
voix grave et râpeuse, le truculent
chanteur fait le show, avec une pointe
de second degré. Izzy Mellor, la pure
voix féminine du groupe, reste imper-
turbable derrière ses claviers, portant
un regard protecteur sur le sensible
matamore entonnant des chansons
d’amours foutues.
La jeune femme, qui n’est ni sa fille
ni son amoureuse (on précise, on
le leur demande toujours), a étudié
le chant à l’université et dirige son
propre projet musical. Quand il ne
joue pas, Geoff, lui, est addictologue
à l’hôpital de Brisbane.
« En tournée, je fais de la re-
cherche de terrain », dit-il avec iro-
nie.
Le deuxième album de Shifting
Sands, Crystal Cuts, a été conçu
alors que le guitariste-compositeur
Dylan McCormack luttait contre un
cancer et que Geoff apprenait la
grave maladie de l’un de ses fils. Pa-
radoxe apparent, il est plus lumineux
que le précédent.
Philippe RICHARD.
Shifting Sands, aujourd’hui à Lorient,
jeudi au Mans, vendredi à Quimper.
Shifting Sands, samedi à Binic.
Ouest-France
dHalte
Le Philippin Lav Diaz propose tou-
jours des aventures au long cours.
Son film dure plus de quatre heures.
Dans un futur proche, un dictateur
complètement timbré rend la vie
impossible à un peuple endormi.
Certain(e)s résistent et tentent de se
réapproprier un réel tronqué. Halte
est une longue transe sensible, d’une
beauté formelle (un noir et blanc
d’une pureté incroyable) jamais écra-
sante. Inutile de dire que ce voyage
aux pays des ombres vaut le détour.
4 h 39. (Thomas Baurez)
Mercredi 31 juillet 2019
Cultures