Si l’on prend les anciens présidents
des États-Unis, qu’il s’agisse d’Obama,
Bush ou Clinton, on voit bien qu’après
huit ans à la Maison Blanche, ils ont
vieilli de vingt-cinq ans... Faire du mo-
tocross n’est pas au même niveau d’im-
portance qu’une fonction présidentielle,
mais pour ces athlètes, c’est la même
chose. Notre rôle est bien entendu de
les aider en sachant quand relâcher la
pression s’ils ont du mal à la supporter
ou quand, au contraire, en rajouter
s’ils ont de meilleurs résultats sous
pression. C’est à nous de comprendre
comment chaque pilote fonctionne et
de construire un programme en fonc-
tion de leurs besoins. » Ce programme
peut prendre un moment à se mettre
en place car acquérir cette connais-
sance intime des pilotes prend souvent
plusieurs années. C’est une des raisons
pour lesquelles le team n’a pas hésité
à signer Tomac pour encore plusieurs
saisons, ou à prendre Savatgy qui vient
de la filière « green » et connaissait
déjà toutes les personnes du team.
C’est aussi une décision logique en
termes de marketing, les fans associant
rapidement les pilotes et la marque,
ce qui bénéficie aux deux parties.
Reste qu’avec tout ce travail de pré-
paration, ces efforts, cette volonté et
ce talent, les verts n’ont remporté
« que » le titre outdoor. Le Supercross,
titre le plus prestigieux et le plus
convoité, continue à leur échapper.
Dan n’y voit pas de fatalité, mais ne
se l’explique pas non plus : « La seule
chose que je sais, c’est que nous faisons
de notre mieux. Il n’y a aucune diffé-
rence dans la façon dont nous tra-
vaillons pendant la saison SX et les
mois d’Outdoor. Nous appliquons les
mêmes méthodes, les mêmes idées, uti-
lisons les mêmes pièces. Je ne sais pas
pourquoi ça a fonctionné si bien en
MX jusqu’à présent. J’aimerais le sa-
voir, vraiment... » Du côté d’Eli, beau-
coup de choses ont changé récem-
ment, à commencer par le fait qu’il
ne vit plus avec ses parents mais avec
son amie. Ce qui ne le rend pas plus
facile au quotidien. « Eli fait partie de
ces rares pilotes qui ont le potentiel de
gagner chaque course sur laquelle ils
s’alignent. Il s’attend à gagner et,
lorsque ce n’est pas le cas, il va nous
demander des comptes. Je ne me fâche
jamais contre un pilote qui me re-
proche de n’avoir pas gagné parce que
je sais que c’est le résultat qui était at-
tendu. Lorsque nos pilotes ne gagnent
pas, notre travail est de trouver des so-
lutions, pas de critiquer les athlètes.
Les patrons de Kawasaki ont la même
attitude. Ils ont investi beaucoup d’ar-
gent dans le programme et attendent
des résultats. S’ils ne les ont pas, ils
nous demandent de nous expliquer.
Mais ils ne veulent pas entendre d’ex-
cuses. Ils veulent savoir comment on
va améliorer les choses. »
Cette humilité face aux pilotes et cette
permanente remise en question au-
raient pu briser plus d’un team. Mais
qu’il s’agisse de Brian Kranz, fidèle
mécano de Tomac, ou de Dan Fahie,
on ressent au contraire la même fierté
et la même excitation d’avoir Eli à
leurs côtés pour encore deux saisons.
Le fait qu’il donne tout ce qu’il a sur
la piste semble galvaniser ses troupes
qui donnent de leur côté sans compter
pour lui assurer le meilleur matériel
possible.« Chaque fibre de son corps
est utilisée pour gagner sur une moto
de cross, et c’est ce à quoi il s’emploie.
De notre point de vue, c’est génial, et
c’est ce qu’on peut demander de mieux.
C’est ce que j’apprends à mes enfants,
conclut Dan Fahie. Personne ne pourra
jamais vous reprocher d’avoir donné
votre maximum. » ■
RV au sommet
Comme Jeff Ward, Ryan Villopoto a passé toute sa
carrière pro chez Kawasaki. Avec un total de neuf
couronnes remportées pour les verts, il est le plus grand
pilote US de la marque. Chez Kawasaki, ils sont treize à
s’être offert au moins deux titres, Pichon et Pourcel font
partie de cette liste prestigieuse.
➜ 9 titres : Ryan Villopoto
➜ 7 titres : Jeff Ward, Ricky Carmichael
➜ 6 titres : James Stewart
➜ 3 titres : Mike Kiedrowski, Jeff Emig, Ivan Tedesco
➜ 2 titres : Mike LaRocco, Jim Weinert, Eli Tomac, Jeff Matiasevich,
Mickaël Pichon, Christophe Pourcel
decouverte
Team Kawasaki Monster
Energy USA
La pression est quelque
chose de « normal »
pour Dan Fahie, le boss
du team. Certains
pilotes en ont besoin
pour performer, d’autres
moins. Question
de nuances...
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