L
udo, comment es-tu devenu mé-
canicien?
« Je n’étais pas très assidu à l’école
mais la mécanique me branchait si
bien que j’ai fait CAP, BEP, Bac pro,
selon un cursus normal car l’alter-
nance n’existait pas à l’époque.
Comme la mécanique m’a toujours
branché, à l’âge de 13-14 ans je passais
mon temps libre à la concession du
coin pour bosser avec un vieux de la
vieille qui m’a beaucoup appris. »
Tu as tâté un peu de la compétition
aussi?
« Oui, juste pour moi, au niveau de la
ligue. »
Et très vite tu t’es retrouvé
mécanicien moto?
« J’ai travaillé dans une concession
Honda, Suzuki. Étant originaire du
Bassin d’Arcachon, Adrien Lopez m’a
mis le pied à l’étrier en me demandant
de bosser avec lui. J’ai fait le chauffeur,
le larbin, la simple mécanique de base
en supercross puis en motocross, ce
qui rime avec bottes, K-Way, Kärcher!
Il faut en passer par là! Adrien m’a
ensuite présenté à Fabien Izoird avec
qui j’ai fait une grosse saison complète,
tout en travaillant en parallèle pour
un préparateur moteur et suspensions
de l’époque. Le jour où Fabien a eu
le budget pour m’employer à temps
plein, je suis parti avec lui aux US
d’entrée de jeu. Je ne parlais pas un
mot d’anglais, on est allé chez Le Top
Racing avec Fabien, Jérémy Cerdan
et Cyrille Coulon pour six épreuves
de la côte Ouest en 450. Au retour,
on a continué avec Fabien, mais dans
ma tête je voulais faire du haut niveau,
sortir du championnat de France. J’ai
fait un mois en GP avec le team Ya-
maha 3C mais ça ne l’a pas fait car de
suite j’ai senti que je n’allais pas être
payé. La famille Dassé cherchait un
mécano courant 2010, si bien que je
suis arrivé chez Bud aux côtés de Mi-
chael Leib, sans un trop gros bagage
technique. Je suis resté chez Bud
jusque fin 2013, avec Leib, Guarneri
puis Dylan pendant deux saisons. À
cette époque, il y avait aussi Livia qui
roulait chez Bud. On se donnait tous
un coup de main entre mécanos. »
Quand tu as quitté Bud, qu’es-tu
devenu?
« Quand Dylan Ferrandis est parti
chez CLS, il était prévu que je le suive
mais ça ne l’a pas fait, entre autre à
cause de mon caractère de cochon. Je
me suis retrouvé sur le marché, sans
piste vraiment sérieuse, et c’est Hervé
Broyer qui m’a appelé pour venir bos-
ser avec Milko Potisek. On avait un
gros programme avec le sable, l’Élite
et le Mondial, une des saisons qui res-
tera gravée pour toujours dans ma
mémoire! On était trois à vivre le
sport et une passion : Hervé, Milko et
moi. Chez Bud, on faisait beaucoup
de choses, pas seulement mécanicien
de son pilote, mais là je faisais tout.
Je préparais les moteurs et les sus-
pensions, je faisais la maintenance et
bien sûr la mécanique sur les courses,
mais je conduisais aussi le camion! Il
n’y avait pas forcément de moyens,
mais une telle passion et une telle
énergie! »
Je me souviens qu’après Bud tu as
galéré pour retrouver un team qui
te fasse confiance?
« La difficulté, c’est quand tu te re-
trouves au pied du mur. Je me suis
retrouvé sans contrat, avec pour seule
option de rentrer chez moi faire de
la mécanique chez un concessionnaire,
mais j’ai besoin de la compétition. J’ai
toujours besoin de ça aujourd’hui!
J’avais une piste en enduro mais ça
ne me branchait pas. Le coup de fil
d’Hervé a été une délivrance. »
Formé en France, tu sors ensuite
des frontières?
« Je suis parti chez Standing Construct
avec Yves Demaria et Valentin
Guillod pour les saisons 2015 et 2016.
Je faisais les allers-retours Uzès-Bel-
gique et je travaillais sur une nouvelle
moto puisque le team passait de KTM
à Yamaha. Après une saison chez 2B,
je connaissais bien les Yamaha – et
notamment le châssis – et je pense
que c’est une des raisons pour les-
quelles Yves a fait appel à moi. J’ai
vécu deux saisons de folie en bossant
avec Yves qui était mon idole et avec
un jeune prometteur qui sortait d’un
titre européen. Ensuite, j’ai suivi Yves
et Valentin chez Kemea en 2016, tout
en restant basé à Uzès. Il y avait un
mécanicien en Belgique qui préparait
les motos, moi je devais faire les mises
à jour et modifications en fonction
des tests qu’on faisait dans le Sud.
Yves et Valentin étaient très exigeants
au niveau des réglages. En arrivant
sur les GP, je passais beaucoup de
temps sur les motos le jeudi et le ven-
dredi. »
C’est compliqué pour un Français
de bosser dans un team étranger
et avec des pilotes étrangers?
« Aujourd’hui, avec une moto du commerce,
tu peux faire du top 10! »
PORTRAIT
Ludovic Bottazzini
Ludo sur le grill
➜Un pays : la France
➜Un circuit : Payerne (Suisse)
➜Un pilote : Milko Potisek et Ben Watson
➜Une moto : la Yamaha 2B sable de MP32 et la Yamaha Wilvo
de GP21 et AT4
➜Un plat : une bonne côte de bœuf
➜Une boisson : un Châteauneuf du Pape
➜Une course : il y en a tellement! Dylan en 2012 à Ernée qui taxe
Herlings et Valentin qui taxe ce même Herlings en Angleterre!
➜Une caisse : Transporter T6 Trentième édition, j’ai bien dit
la trentième!
➜Un film : « La ligne verte »
Jago Geerts en MX2 est
un adversaire crédible
pour Jorge Prado. De quoi
aussi redorer le blason de
Yamaha dans la cylindrée.
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