Mardi 6 août 2019SUD OUEST

Remorque, suiveur,

tandem : cet été, on

fait du vélo en famille

MÉDOC Et pourquoi pas longer les
bords du lac de Carcan-Maubuisson à
vélo et en famille? Pour les vacan-
ciers du Médoc, le vélo à plusieurs est
l’activité synonyme de séjour réussi.

Depuis dix-neuf ans, Christophe Char-
rier loue à Maubuisson des vélos tout
chemin (VTC), des vélos tout terrain
(VTT), des tandems, des remorques
pour les sorties avec les enfants et
des suiveurs, aussi appelés demi-tan-
dem, pour tracter les plus petits.

La boutique de Christophe Charrier,
Fun Bike, fait désormais partie du
paysage de la ville au lac turquoise. La
clientèle, habituée des lieux, se laisse
dorénavant séduire par les vélos élec-
triques, plus faciles pour pousser les
enfants sur les routes sinueuses du
Médoc. Il faut compter 39 euros la lo-
cation à la journée pour un tandem
ou un vélo à assistance électrique
contre 12 euros pour une simple bicy-
clette. Allemands, Néerlandais, Suis-
ses... la boutique jaune attire aussi
beaucoup de touristes étrangers. « La
station est idéale pour passer des va-
cances en famille, les balades à vélo
sont incontournables et de nouveaux
modèles familiaux nous permettent
de profiter des beaux paysages tous
ensemble », confie Olivier, un Parisien
en vacances à Maubuisson.

Seul bémol, partagé par quelques
clients : l’état des pistes cyclables. De-
puis Maubuisson, les cyclistes ont le
choix entre trois pistes, une qui date
de la Seconde Guerre mondiale, dé-
conseillée aux vacanciers car très peu
praticable mais qui reste un joyau his-
torique de la Résistance. La deuxième
piste est récente mais nécessite quel-
ques aménagements et une troi-
sième, la fameuse Vélodysée, utilisée
par les touristes pour aller jusqu’aux
plages de Lacanau.

LOUEZ

À PLUSIEURS

Le vélo « Fat Bike Scott »
pour les pentes escarpées.
PHOTO R. A.

Nicolas Laplume

[email protected]

L

’eau est transparente. Pure. Sous

le ruisseau, les galets qui tapis-

sent le sol sont visibles depuis la

surface. La lamproie marine aime s’y

reproduire avant de partir en mer.

Près du cimetière de Cabanac-et-Vil-

lagrains, le Gât-Mort dévoile ses cour-

bes. Il tourne à gauche, à droite et plus

loin, l’eau vive ralentit dans une zone

frayère pour stagner et favoriser le dé-

veloppement d’un nouvel écosys-

tème. Sur les bords de la rivière, les tra-

ces de son passage érosif hivernal

sont intactes. Les racines des arbres

apparaissent nues. L’hiver, l’eau vient

les submerger. « Un cour d’eau qui

méandre est un cours d’eau en

bonne santé », assure Emmanuel No-

rena, responsable environnement

sur le Gât-Mort pour la Communau-

té de communes de Montesquieu,

dans le Sud-Gironde. Malgré son

nom, ce ruisseau est bel et bien vi-

vant.

Puisant sa source dans le lac du

Bousquey, à Hostens, il parcourt

une trentaine de kilomètres et près

de dix communes pour se jeter

dans la Garonne à Beautiran. Entre

Hostens et Saint-Selve, le cours est

méandreux. Mais de Saint-Selve à

Beautiran, il devient presque recti-

ligne. L’Homme y a laissé une cica-

trice.

Continuité écologique

Après le Seconde Guerre mondiale,

des prisonniers allemands ont été

forcés de renforcer les usages hy-

drauliques près de la Garonne.

« C’est pour cette raison qu’il appa-

raît rectiligne à partir de Saint-Sel-

ve. Sa trajectoire a été modifiée. Au-

jourd’hui, la volonté est de renatu-

rer le cours d’eau en ne construi-

sant rien à moins de trente mètres

et en cassant les ouvrages hydrau-

liques », explique le technicien. Les

troncs d’arbres tombés en travers

ne sont pas enlevés. Ici, pas de ca-

noë ou d’activités nautiques

comme sur son voisin le Ciron. Pro-

menade et pêche sont les seules ac-

tivités possibles. La nature s’y sent

bien comme ça.

L’objectif de la CdC de Montes-

quieu est de favoriser la continuité

écologique. D’abord, le cours d’eau

compte peu d’ouvrages hydrauli-

ques. C’est aussi l’un des moins pol-

lués de la région. La qualité de l’eau

permet à de nombreuses espèces

de s’y reproduire. « Depuis mon ar-

rivée il y a treize ans, je n’ai connu au-

cun accident de pollution. C’est

une chance qu’il soit aussi bien pré-

servé », certifie le responsable envi-

ronnement. Seuls quelques mou-

lins vieux du Moyen Âge comme le

moulin du Luisier, à Saint-Morillon,

constituent des obstacles mineurs

à la continuité écologique. Pour en-

lever les obstacles naturels, la CdC

n’utilise pas d’engins mécaniques et

fait appel à un débardeur à cheval.

« Nous travaillons plus lentement

mais c’est plus précis et cela res-

pecte la nature », commente Em-

manuel Norena. Mais au fait, d’où

vient ce nom étrange de Gât-Mort?

Les légendes du nom

Ce nom intrigue. Le long de la ri-

vière un promeneur connaîtrait

son origine. « J’ai entendu dire que

cela venait de gat mort, qui veut

dire chat mort en gascon. Des cen-

taines de chats auraient été jetés

dans le ruisseau à l’époque de la

peste noire au XIVe siècle pour éra-

diquer la maladie ». Faux. Selon

Emmanuel Norena, une autre

théorie plus plausible serait à l’ori-

gine du nom. « Dans des docu-

ments d’archives datant du XIVe siè-

cle, le nom d’une rivière appelée

Calemort est mentionné. Nous

avons des raisons de croire qu’il

s’agissait du même ruisseau. À

cette époque, le supplice de cale

était souvent pratiqué. Les voleurs

et les femmes adultères étaient ac-

crochés par une corde attachée à

un pont et étaient plongés dans

l’eau pour les punir. Cette techni-

que de torture aurait donné le

nom de Calemort, puis de Gât-Mort

au ruisseau. »

Mais un autre mystère subsiste.

Un phénomène géologique. Celui

du cours d’eau karstique. « À cer-

tains endroits, les ressources en

eaux disparaissent dans les nappes

phréatiques et réapparaissent plus

loin. Nous ne savons pas où l’eau

disparaît et réapparaît. Il y a une

part de mystère. Nous avons en-

core du mal à étudier ce phéno-

mène », éclaire le technicien.

Informations sur cc-montesquieu.fr

SUD-GIRONDE

Entre Hostens

et Beautiran,

ce ruisseau vante

la nature tout

en préservant

son identité et ses

secrets bien gardés

Les mystères du G

Emmanuel Norena, technicien rivière, veille à la continuité écologique du Gât-Mort. PHOTOS N. L.

ICI COULENT

LES RUISSEAUX

(SÉRIE 4/6) La Gironde

compte nombre de cours

d’eau qui, sans avoir la

notoriété de la Gironde,

ont une importance dans

l’histoire locale

LE CHIFFRE

Comme le nombre d’embâcles

naturels (accumulation de

branches et de plantes portées

par l’eau) retirées dans le Gât-

Mort après la tempête Klaus de

janvier 2009. L’opération, qui a

duré un an, a été réalisée par la

CdC de Montesquieu avec un

débardeur à cheval.

1 000

La boutique Fun Bike est ouverte
de 9 heures à 19 h 30, du lundi au
dimanche. Elle est située au 109,
avenue de Maubuisson. Deux au-
tres points de location se trouvent
à Carcan plage et à la sortie de
Maubuisson. Des « wine tour »
guidés autour de l’estuaire sont
aussi organisés à Pauillac. Rensei-
gnement au 05 56 82 96 74.

PRATIQUE

sud ouest.fr

Retrouvez d’autres photos

du Gât-Mort sur le site internet.

● Abonnés.

Beautiran

Castres-

Gironde

Cabanac-et-

Villagrains

Saint-Selve

Saint-Morillon

LA BRÈDE

Hostens

Saint-

Magne

Louchats

La Garonne

Le Gât-Mort

4 km

12