Les Echos - 01-08-2019

(Rick Simeone) #1

Les Echos Jeudi 1er août 2019 FINANCE & MARCHES// 21


Amundi résiste malgré une décollecte de près


de 12 milliards d’euros au premier semestre


Bastien Bouchaud
@BastienBouchaud


Amundi s’adapte à un environne-
ment de marché compliqué. Le
bénéfice net ajusté de la filiale du
Crédit Agricole s’inscrit à 505 mil-
lions d’euros, en hausse de 2,7 %,
pour le premier semestre. Une pro-
gression « en ligne avec les objectifs
du plan à 3 ans »,
se félicite Yves Per-
rier, le directeur général d’Amundi.
Le champion français de la ges-
tion d’actifs compte atteindre
1,05 milliard d’euros de bénéfice net
ajusté en 2020. La rentabilité de la
société de gestion reste élevée, avec
un ratio de coûts sur revenus de
51,1 %, bien inférieur à son objectif
de 53 % maximum. En revanche,
l’ambition de collecter 150 milliards
d’euros entre 2018 et 2020 s’éloigne.
Amundi a en effet subi u n troisième
trimestre consécutif de sorties net-
tes, portant la décollecte sur ses
fonds à 11,7 milliards d’euros depuis
le d ébut d e l’année. En 20 18,
Amundi avait enregistré une col-
lecte nette positive de 42,4 milliards
d’euros au premier semestre.
« C’est l’objectif le plus incertain »,
reconnaît Yves Perrier, qui met en


La forte décollecte est essentielle-
ment liée aux sorties massives sur
les produits de trésorerie (-13,4 mil-
liards au premier semestre), « que
les sociétés utilisent pour payer les
dividendes », note Nicolas Calcoen,
directeur général adjoint
d’Amundi. L’ampleur des sorties est
toutefois bien supérieure aux
années passées.
Cette fois, l’international n’a pas
permis de contrebalancer la décol-
lecte en Europe. Les sorties de capi-
taux ont été importantes en Asie
(-6,6 milliards d’euros) et plus parti-
culièrement en Chine. Des change-
ments législatifs récents relatifs à
des produits d’investissements jus-
qu’alors très populaires expliquent
cette contre-performance, selon
Nicolas Calcoen. Au total, 30 mil-
liards d’euros d’encours pourraient
être menacés, mais la société pré-
cise travailler avec son partenaire
Agricultural Bank of China sur des
relais de croissance.
La société de gestion parvient
cependant à afficher d es e ncours en
progression de 1,4 %, à 1.487 mil-
liards d’euros. La forte progression
des marchés financiers, actions
comme obligations, n’y est pas
étrangère. Elle a représenté une
hausse de 73 milliards d’euros sur
les six premiers mois de l’année.n

lLe champion français de la gestion d’actifs n’a pas


échappé à la vague d’aversion au risque en Europe.


lSans remettre en question ses objectifs, il voit s’éloigner


son ambition de collecter 150 milliards entre 2018 et 2020.


GESTION D’ACTIFS


Grands et petits gestionnaires
d’actifs vont devoir s’adapter pour
survivre et prospérer au cours des
années 2020. L’an dernier a consti-
tué un « point d’inflexion », e stime le
Boston Consulting Group (BCG)
dans son dernier rapport annuel
sur l’asset management. « Après
une dizaine d’années de croissance
consécutives, les e ncours sous g estion
au niveau mondial ont fondu de
4 % »,
explique aux « Echos »
Benoît Macé, directeur associé au
BCG. « Le secteur est soumis à deux
tendances durables : une pression
inexorable sur les revenus et la néces-
sité d’investir, notamment dans le
digital et l’analyse de données »,

poursuit-il. Tour d’horizon des
principaux défis du secteur pour la
décennie à venir.


- LA MONTÉE EN PUISSANCE
DE LA GESTION PASSIVE


La rentabilité des gestionnaires
d’actifs reste très appréciable. A
35 % l’an dernier, elle est certes en
recul par rapport à 2007 (39 %),
mais elle se situe largement au-des-
sus de celle de la plupart des sec-
teurs. Elle devrait toutefois conti-
nuer à s’éroder, prévient le BCG.
Outre l’inflation des coûts de con-
formité, la gestion passive monte en
puissance. Les investisseurs plébis-
citent ces fonds low-cost au détri-
ment de la gestion active, plus profi-
table. Pour Benoît Macé, la réussite
sourira aux gérants « disposant soit
d’une offre fortement différenciée,
soit de forts effets d’échelle ».

- L’ IMPORTANCE
CROISSANTE DE L’ ESG

L’investissement tenant compte
des thématiques « environnementa-
les, sociétales et de gouvernance » a
dépassé le simple argument marke-
ting pour devenir une source de per-
formance à part entière. « Pour com-
bler le manque de compétences en
ESG, les gérants doivent faire de leurs
équipes ESG des centres d’excellence »

capables d’influencer l’ensemble du
processus de gestion, estime le BCG.
- L’ INCONTOURNABLE
RÉVOLUTION NUMÉRIQUE
Moins de 30 % des gestionnaires
d’actifs prennent s uffisamment au
sérieux la n écessité d ’investir dans
le numérique et l’analyse des don-
nées à tous les niveaux, selon le
BCG. Après la gestion financière
elle-même et les fonctions de
conformité et de reporting, c’est au
tour de la distribution d’être
concernée. Un défi pour les socié-
tés de gestion qui doivent s’empa-
rer du sujet au risque de voir les
géants du Net s’arroger une part
du gâteau, à l’instar d’Alibaba en
Chine.
- LE MARCHÉ CHINOIS
EN LIGNE DE MIRE
Depuis l’an dernier les autorités
chinoises ont relâché les contrain-
tes p esant sur la détention de socié-
tés de gestion par des étrangers.
Elles doivent être abolies en 2020.
Une opportunité difficile à ignorer
pour les gestionnaires. Les encours
chinois sous gestion devraient pas-
ser de 4.000 à 14.000 milliards de
dollars d’ici 2025, prévoit le BCG.
B. B.


La prochaine décennie mettra au défi


le secteur de la gestion d’actifs


Les gestionnaires d’actifs
ont bénéficié d’une dynami-
que positive depuis la crise
financière. Les déconvenues
de l’année dernière sonnent
comme un avertissement.


Carlyle abandonne


son « partnership »


CAPITAL-INVESTISSEMENT
Dans le sillage de KKR et Black-
stone, la firme de capital-investis-
sement Carlyle a annoncé renon-
cer à son statut de « partnership »
pour celui de société classique.
Un choix qui vise à profiter de
la réforme fiscale et être mieux
intégré dans les indices
boursiers. Carlyle est allé plus
loin que ses pairs en donnant
également des droits de vote à ses
actionnaires.


en bref


L’acquisition
de la Bourse d’Oslo
porte Euronext
BOURSE Les bénéfices nets de
l’opérateur boursier paneuropéen
ont chuté de 4,4 % au deuxième
trimestre à 53,4 millions d’euros,
lestés par les frais d’acquisition
d’Oslo Bors. L’opération permet
cependant à Euronext d’afficher
un chiffre d’affaires en hausse
de 1,8 % à 159 millions d’euros
en dépit d’une baisse sensible
des volumes sur ses principales
plates-formes d’échange.

UniCredit enquête
sur un piratage lié à
l’affaire Capital One
BANQUE Selon la presse anglo-
saxonne, UniCredit a lancé une
enquête interne portant sur un
éventuel vol de données dans ses
systèmes. Celui-ci serait lié au
« casse » informatique qui a eu
lieu au sein de la banque améri-
caine Capital One. Les données
personnelles de 106 millions de
clients américains et canadiens
ont été dérobées à l’occasion de ce
piratage de grande ampleur.

COMPRENDRE L’ARTMODERNE


17
OCT

1900 :entre
ArtNouveau
etSymbolisme

21
NOV

LesAvant-Gardes :
autour desFauves
etdes cubistes

19
DÉC

Entrearchaïsmeet
expressionnisme,
une nouvelleesthétique

23
JAN

Lesrévolutions
dansl’art:Bauhaus,
Constructivisme,
Abstraction

27
FÉV

Dadaet les
Surréalistes,l’art
commeterrain de jeu

19
MAR

L’ ArtDécoet
lesExpositions
internationales
de 1925et 1937

23
AVR

DePollock
àSoulages:
abstractionaméricaine
etreconstruction
européenne

28
MAI

L’ objetdu
quotidien, entre
NouveauRéalisme
etPopculture

25
JUIN

L’ éclatement
des pratiques
danslesannées
1960 et 1970

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L’Art Déco e
les Expositions les Expositions
internationales internationales
de 1925 et 1937de 1925 et 1937

De PollocDe Polloc
à Soulages :
abstraction américaine abstraction américaine
et reconstruction
européenne

L’objet du
quotidien, entre
Nouveau Réalisme
et Pop culture

L’éclatement
des pratiques
dans les années
1960 et 1970

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10, boulevarddeGrenelle
Paris 15e

SEP


avant « l’aversion au risque » qui a
saisi les investisseurs après la chute
des Bourses en fin d’année der-
nière. Il s’est toutefois voulu positif
sur les perspectives de collecte au
second semestre : « L’activité
repart, comme si les investisseurs
avaient dû prendre le temps de digé-
rer la correction. »

Les marchés ont bien réagi aux
résultats. Amundi a gagné hier
1,13 %, à 62,40 euros par action.
Depuis le début de l’année, la
société de g estion a rebondi de 35 %
et a effacé une bonne part de la
chute de l’an dernier. E n fait, les sor-
ties de capitaux ont été moins
importantes que ne le redoutaient
les analystes. Et les frais de perfor-
mances sont ressortis supérieurs
aux attentes. Les cinq analystes qui
ont mis à jour leur recommanda-
tion à la suite des résultats sont à
l’achat sur le titre, avec des objectifs
de cours à plus de 70 euros.

L’international
n’a pas permis
de contrebalancer
la décollecte
en Europe.
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