Marie Claire N°805 – Septembre 2019

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aurélien bellanger.

Questionnaire 230


Aurélien Bellanger Explorateur impitoyable


de l’époque, l’écrivain imagine dans son nouveau livre* la principauté


du Karst, ultime confetti d’une Europe disparue. Son continent


intime, lui, se dessine en cristaux de sucre sous ses réponses à nos


questions. Par Fabrice gaignault


—Aimez-vous votre visage?
J’ai installé un miroir dans ma douche
pour me raser : c’est très pratique. Esthé-
tiquement, c’est plus douteux : je trouve
mon visage moussu.


—Êtes-vous homme ou garçon?
Garçon quand j’assemble des véhicules
Lego Technic de plusieurs milliers de
pièces, homme quand j’arrive à me
convaincre qu’à travers tous ces différen-
tiels dentelés, j’interroge strictement la
question de la grâce.


—Dormez-vous la nuit?
Je me couche si tôt qu’il m’arrive de me
réveiller en pleine forme à minuit. Je dois
alors manger un bol de céréales pour que
le sucre m’endorme, ce qui m’a récem-
ment amené à dépasser les 100 kg.


—Votre mère était-elle dominante
ou soumise?
Absolument dominante, mais j’ai écrit
quelques livres pour reprendre le
contrôle.


—Combien de drogues vous faut-il
pour vivre?
Essentiellement du sucre, sous sa forme
non distillée. Sinon, ma vraie drogue,
c’est la vanité.


—Le plus beau regard que l’on ait posé
sur vous?
Le seul qui m’ait vraiment fait rougir,
c’est celui de la personne lisant l’un de
mes livres dans les transports en com-
mun. Mais cela ne s’est produit qu’une
fois, dans le métro de Marseille en 2012.


—Pouvez-vous prendre une photo
de vous?

—Citez trois amantes et amants rêvés
au cours de votre vie?
Alcibiade, Marie-Madeleine, Colette.

—Votre plus grand plaisir simple?
Le flan.

—Votre dernière recherche Google?
Cagliostro Miyazaki.

—Le meilleur conseil que l’on vous ait
donné?
Parler moins vite : je ne l’ai pas suivi.

—La dernière chose que vous ayez bue
et mangée?
Des corn-flakes, du café sorti d’une ruti-
lante Krups en plastique.

—Le goût dont vous avez honte?
L’eurodance.

—Êtes-vous violent?
Peu.

—Qu’est-ce que vous ne supportez pas
que l’on dise de vous?
Que je fais les choses par narcissisme : si
j’étais narcissique, je garderais tout pour
moi.

—Aimez-vous votre prénom?
Trop.

—Fuir, s’adapter ou combattre?
Combattre, pour l’idiotie du geste.

—La première fois où vous vous êtes
senti libre?
Quand j’ai quitté Paris à vélo.

—La place du sexe dans votre vie?
La juste place.

—Si vous étiez une fée et que vous
pouviez offrir trois dons à un enfant
naissant, lesquels serait-ce?
La foi, l’espérance et la charité : les vertus
théologales.

(*) Le continent de la douceur,
éd. Gallimard.
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