L’é l u e 9 2
JuLien Mignot/contour by getty iMages.
Maud Wyler en 7 indices Comédienne et habituée
des films indépendants, elle désarçonne par son effronterie
dans « Perdrix », la comédie amoureuse et décalée d’Erwan Leduc.
Par Maroussia Dubreuil
1 Chien
Maud grandit dans une ferme
des Yvelines. « C’était un délire
de ma mère, prof de danse post-
hippie, qui voulait que je gran-
disse au milieu des animaux. »
Elle se lie d’amitié avec un
chien. « Quand je le sifflais, il
traversait les champs en arrivant
de très loin. Puis on se cachait et
on faisait des talk-shows. Je l’in-
terviewais et je parlais pour lui. »
2 Banga
Adolescente, Maud enchaîne
les publicités pour son père, qui
dirige une société de produc-
tion : Banga, Petit Pimousse,
Volvic... « Au collège, les mômes
se foutaient de ma gueule. Dès
que je passais, j’entendais : “Ban-
ga, en route pour l’aventure !”
Mais tout ce qu’ils voulaient sa-
voir, c’était combien j’étais payée.
Du coup, j’avais honte de tourner
gratos. »
3 Capitainerie
En dernière année de conser-
vatoire, Maud emménage avec
son compagnon dans une
péniche sans eau chaude ni
salle de bain. « C’était l’aven-
ture au milieu de Paris, à Bas-
tille. J’allais à la capitainerie
avec ma serviette et j’avais l’im-
pression d’être dans un film de
Godard. » Cette vie nourrie de
raviolis sur plaque chauffante
lui offre la liberté de choisir
ses castings. « J’avoue que je ne
me douchais pas tous les jours. »
4 Dans les pommes
À 25 ans, Maud tourne son pre-
mier long métrage, Vertige, qui
raconte l’escapade d’une bande
d’amis sur une paroi rocheuse.
« Tout était filmé en décor natu-
rel et on faisait nos cascades
nous-mêmes... Le jour où j’ai
découvert le film, je me suis trou-
vée trop con de m’être mise à ce
point en danger. » Un jour, après
avoir attendu quatre heures à
flanc de falaise, elle fait une
crise d’hypothermie. « Finale-
ment, je traverse un pont de singe
à 200 mètres d’altitude et je
tombe dans les pommes. » Maud
finit aux urgences, inquiète :
« Si c’est ça le cinéma, je n’en ferai
plus. »
5 Marilyn Monroe
« J’ai jamais compris pourquoi
une actrice devait se subordon-
ner au fait de plaire. J’estime trop
mon métier pour accepter d’être
choisie pour des raisons indépen-
dantes du jeu. » Quand un pro-
fesseur lui conseille de « tra-
vailler sa femme », elle regarde
tous les films de Marilyn Mon-
roe. « J’ai alors découvert qu’on
pouvait jouer à la femme. Le côté
clown-femme de Marilyn Monroe
est hyper-fort, notamment dans
Certains l’aiment chaud. Ce
côté ludique m’a plu. »
6 Protestante
En 2009, sur le tournage de
Roses à crédit, elle rencontre
Léa Seydoux qui devient sa
meilleure amie. « Ce fut une
reconnaissance un peu animale.
Elle a cette culture protestante que
j’ai de ma mère d’origine suisse : la
rigueur, le pardon qui n’existe pas,
le fait de ne pas prendre les choses
pour acquises. On s’est retrouvé
là-dessus. On peut même être
dures vis-à-vis de l’autre par rap-
port au jeu. »
7 Antithèse
Quand elle lit la première ver-
sion de Perdrix, il y a six ans,
Maud, émue, s’arrête à chaque
page. « Pour moi, c’était vrai-
ment inespéré. Si j’avais voulu
m’écrire un rôle, je n’aurais pas
mieux fait. » Le personnage de
Juliette Webb, antithèse de la
petite copine aimante et
patiente, refuse d’utiliser les
armes de la séduction. « Elle
peut avoir des défauts. Être bles-
sante même. »
Perdrix d’Erwan Leduc,
avec Swann Arlaud et Maud
Wyler. En salles
le 14 août. Voir notre
critique p. 91.