Provence - 2019-07-30

(ff) #1
Alors que le festival Off s’est achevé dimanche soir, hier
matin, quelque cinquante agents ont attaqué, dès 5h, le
nettoyage de la ville et le gros morceau:leramassage
des affiches et des tracts. Un travailcolossal puisque,
lors de l’édition 2018, pas moins de 195 m³ avaient été
récoltés pouruntotal de plusdedix tonnes, selonles
chiffres donnés par la Ville d’Avignon. Dans un premier
temps, les agents se sont concentrés sur les grands axes
avant d’en finiravec les petites rues, ce qui devrait
prendre troisàquatre jours. / PHOTO PHILIPPE DAUPHIN

L’heure du grandnettoyage


Région


L’an dernier, la majorité des décès
àcause d’une noyadeaeulieu dans
une piscine privée familiale. Pour que
la baignade reste avant tout un loisir,
les propriétaires de piscine ont l’obli-
gationdesécuriser leurbassin. De-
puis 2006, la loi l’impose. Plusieurs
choix sont possibles:une barrière de
sécurité,une alarme, une bâche ou en-
core un abridepiscine. Même si la pis-
cine est protégée, il faut quand même
surveiller les personnes dans l’eau.

"Les principales causes de noyade
chez les plusjeunes sont un
manque de surveillance ou un dé-
fautdudispositifdesécuritéconcer-
nant les piscines privées enterrées" ,
alerte Santépublique France.Par
ailleurs, ne pas sécuriser sa piscine
peut coûter cher. L’amende en cas
d’accidentpeutgrimper jusqu’à
45000 ¤ et une peine de3ans de pri-
son en cas de noyade mortelle.

Fabien CASSAR

AÉROPORT MARSEILLE-PROVENCE


Il est bientôt 16hsur la plage
du ProphèteàMarseille et les fa-
milles continuent doucement
d’affluer malgré le soleil de
plomb. La température de l’eau
approche les 30ºCalors tous
sautentàl’eau, sansforcément
faire la grimace habituelle ou se
mouiller la nuque. Pourtant,
cette technique permet notam-
ment d’éviter le choc thermique,
un brusque changement de tem-
pérature du corps qui peut me-
ner àlanoyade. Il faut dire que
sur le sable, il fait chaud. Si
chaud qu’il faut choisir entre les
tongs et la course si on veut évi-
ter de se brûler la voûte plan-
taire. Quelques parasols
jonchent le sable mais nom-
breux sont ceux qui ont préféré
le contact direct avec le soleil.
C’est le cas d’Indra et Adame, 24
et 23 ans, toutes deux étudiantes
en école d’ingénieur dans la ré-
gion parisienne. Elles l’avouent:
elles ne prennent pas assez de
précautions.

"Noyade sèche"


Si le soleil ne lui fait pas peur,
il en va tout autrement des
risques liésàl’eau. "Je faistrès at-
tentionàlanoyade et comme je
sais que je nage mal, je ne vais
pas là où je n’ai pas pied" ,ex-
plique Indra. Les deux copines
sont venues passer une semaine
de vacancessous le soleil dela ci-
té phocéenne, "surtoutpour la
plage" ,avoue Adame. Elles se
rappellent ce bel été, dansles Ca-
naries,oùtoutes deux sont pas-
séestrèsproches de la noyade.
Pourtant, elles avaient pied.
"Mais une grande vague est ve-
nue nousbalayer" ,sesouvient
l’une d’elles. " Ma têteatapé le
sol, onabulatasse et onaeu

toutesles deux trèspeur, depuis
on fait trèsattention". Ce genre
d’incidents n’est pasàprendre à
la légère rappelle PhilippeBru-
netti, chef de l’unité de sécurité
et de préventiondulittoral :
"Quand un adulte ou un enfant
ingère trop d’eau, les alvéoles de
ses poumons peuvent se boucher.
La personne,unjour ou deux
après, finitpar décéderdece
qu’on appelle une ’noyade sèche’.
Quandquelqu’unatrop bu la
tasse, on le ramasse,onlui fait
des analyses et en fonction des ré-
sultats on appelle les secours, on
leur donne les résultats et, soit la
personne rentre chez elle, soit elle
passe par l’hôpital pour faire un

bilan complet." Du haut de son
bureau, ce policier marseillais a
une vue panoramique sur la
plage du Prophète. De là, il or-
chestre la surveillancede
plagesmarseillaises, avec, sous
ses commandes, plus de 170 per-
sonnes, des policiers et des vaca-
taires. Pour lui, " se baigner sur
uneplagenon surveillée c’est
comme partir en espadrilles, sans
guide, en haute montagne". Il
ajoute, "quand onaunmalaise
en mer,c’est la noyade assurée.
La seule manière de survivre c’est
d’être pris en charge dans les cinq
minutes, ce qui n’est possible que
surles plagessurveillées." Pour
Philippe Brunetti, le fort taux de

noyades observé dans la région
est, en partie,dûàl’idé eselon la-
quelle la mer Méditerranéese-
rait une mer calme.
"Certainstouristessedisent
que notre mer, c’est unebai-
gnoire.Beaucouppluscalmeque
lesautresmers.Alorslesgensne
prennentpasleursprécautionset
c’est là que les accidentsar-
rivent". Certains, d’ailleurs sont
si tranquilles qu’ils laissent leurs
enfants crapahuter seuls sur la
plage et dans l’eau. Depuis le dé-
but de la saison, rien qu’à Mar-
seille, plus de 275 enfants ont été
retrouvés sur la plage puis ame-
nés àlapolice.
Khedidja ZEROUALI

Second pour les retards


13 000 vols depuisledébut de l’année,2400 vols retardés de plus de
quinze minutes et 300 vols annulés. Ces chiffres, publiés par le spécialiste
des droits des passagers aériens AirHelp, concernent l’aéroport Mar-
seille-Provence quiserait le deuxième aéroport le moins ponctuel de
France. Devant, on retrouve sans surprise l’aéroport Roissy-Charles de
Gaulle (108 400 vols, 25 600 retardés, 730 annulés) alors que Nice
(25 600 vols,4900 retardés, 220 annulés) complète le podium. Selon Air
Help toutefois, les retards et annulationsrésultent le plus souvent des
"problèmes d’exploitationdescompagnies aériennes,des intempéries,
des grèves et des problèmes techniques". / PHOTO LA PROVENCE

L


apériode de canicule dont nousvenons à
peine de sortir est responsable d’une partie
-une partie seulement-del’explosion du
nombredenoyades enregistrées en France au
cours de ce moisdejuillet: plus d’une soixan-
tainede décès sur quelque 110 noyades enregis-
trées!Lemême phénomène avait déjà été observé
en juin. Globalement, entre les étés 2015 et 2018,
leur nombreaprogressé de 30%auniveau natio-
nal et ont été mortelles dans un quart des cas. L’an
dernier entre début juin et fin septembre, les acci-

dents de noyade ont tué 406 personnes en France
dont un quart de mineurs.
Depuis 2015, les noyades concernent essentielle-
ment les jeunes:+77 %chez les moins de 13 ans
(600 contre 338). Environ cinquante enfants de
moins de 13 ans décèdent chaque année dans des
piscines, des cours d’eau ouàlamer. " On est en
très forte augmentation sur les noyades du fait
qu’on va chercher un point d’eau, un point apai-
sant, or il présente un risque ,constate le ministre
de l’Intérieur Christophe Castaner. Il yades chocs

thermiques qui expliquent certains cas. Mais beau-
coup se sont produites dansdes lieux qui ne sont
pas aménagés, pas sécurisés, pas surveillés. La pre-
mière des sécurités, c’est d’apprendreànager aux en-
fants ."
" Les accidents dans l’eau tuent plus d’enfants que
ceux surlaroute.Dansune piscine privée ou au
bordd’unerivière, il suffit de quelques secondes d’in-
attention" ,avertit également la ministre des Sports
Roxana Maracineanu qui veut rénover l’apprentis-
sage de la nageàl’école en commençant dès la ma-

ternelle comme elle-même l’a fait avant de devenir
vice-championne olympiqueàSydney en 2000.
Les champions de natation Alain Bernard, d’apnée
Guillaume Néryetdekitesurf Charlotte Consorti
ontégalement appelé les Françaisàlavigilance au
bord des plages, rivières, plans d’eau ou piscines.
Seul problème, il manque entre2000 et 5000
maîtres nageurs en France pour apprendre et aussi
pour surveiller.Alors àchacun de prendreses pré-
cautions avant de rentrer dans l’eau et de surveiller
ses proches.

Lilou, 19ans, surveillele Prophète .Cet été, côtépatrouilles,
chaise ou soins, la jeune femmeveille. Diplômée du BNSAA depuis deux
ans, la montpelliéraine est, aussi, l’ancienne championne d’Europe de
sauvetage sportif (2017). Les baigneurs marseillais peuvent être sereins.

Ils sont les anges gardiens des baigneurs
du lac de Sainte-Croix. Comme dix autres sai-
sonniers, Paul et Johan, 22 et 19 ans, ont été
engagés par le Service départemental d’in-
cendie et de secours (Sdis) poursurveiller
des plages des Alpes-de-Haute-Provence.
"J’ai passé deux étés en piscine grâceàl’obten-
tion de mon Brevet national de sécurité et de
sauvetage aquatique (BNSSA), et depuis trois
ans je travaille sur leslacs" ,explique Paul,
étudiant en Sciences et techniques des activi-
tés physiques et sportives (STAPS),origi-
naire d’Eyguières.
Le BNSSA,diplômeindispensable pour
exercercomme nageur-sauveteur, consiste
en une série de tests théoriques, d’aptitude à
la nage et de mises en situation. Chaque ma-
tin, la journée de Paul et Johan commence à
9h45par une séance d’entraînement sur la
plage de Sainte-Croix-de-Verdon. "Nous répé-
tons des gestes de secours, une simulation de
sauvetage ou faisons une petite séance de
sport" ,précise Johan, pompier volontaire à

Riez le reste de l’année. Après leurs 45 mi-
nutes d’entraînement quotidiennes, ils
prennent leur poste, jusqu’à 18h30, sur une

terrasse avec vue sur un carré de baignade
d’une vingtaine de mètres de long.

"Il n’yapas tropdeproblèmes sur cette par-
celle. L’eau est claire, peu profonde et sa tem-
pérature stable" ,rassure Paul. Le danger ré-
side dans les changements de direction du
vent et les fortes bourrasques qui peuvent ba-
layer le lac. Évidemment lorsqu’ils
constatent un incident en dehors de la zone
de surveillance, lesdeux sauveteurs n’hé-
sitent pasàsauteràl’eau ou dans leur ba-
teau. La plupart du temps ils ont seulement à
gérer de petites blessures. Parfois, bouéeàla
main, ils descendent en trombe de leur poste
d’observation. Jusqu’à maintenant, rien que
de fausses alertes.
En juillet et août 2018, les saisonniers enga-
gés par le Sdis des Alpes-de-Haute-Provence
ont effectué 29 sauvetages sur les cinq plages
dont ils ont la responsabilité. 20 ont nécessi-
té une évacuation vers un hôpital, mais au-
cun décès n’a étéàdéplorer.

Thibault BARLE

Johan et Paul, les veilleurs du lac de Sainte-Croix


Pour éviter les accidents, certains misent tout sur l’apprentis-
sage de la nage dès le plus jeune âge. Pourtant, malgré un litto-
ral fort de 21 plages, nombreux sont les enfants marseillaisàne
pas savoir nager. La faute, peut être,àune offre de piscines trop
restreinte. Dans un rapport publié en 2018, la Cour des comptes
pointait un ratio de piscine par habitant,"six fois inférieuràla
moyenne nationale"en 2016. Depuis, deux piscines ont été ou-
vertes mais cela ne suffit pasàenrayer le phénomène. Tout
l’été, au sein du collectif Marseille Nage,des maîtresnageurs en-
seignent la natation gratuitementàdes enfants de4à12 ans.
Ces cours s’inscrivent dans le cadre du programme national
"J’apprendsànager", financéàhauteur de3millions d’euros
par l’État."Pour cette saison estivale, qui s’étale sur six se-
maines,àpeu près 500 enfants vont apprendreànager",ex-
plique Claire, membre du collectif. Chaque groupe d’enfantsale
droitàdix séances,"pour devenir autonomes dans l’eau"."On
leur apprendàtoujours se mettre en sécurité dans l’eau",les
plus grands passent même le testsauv’nage.Les compétences de-
mandées?Savoir nager sur le dos pendant une quinzaine de
mètres, aller chercher un objet au fond du bassin ou être capable
de sauter du bord et de se laisser remonter passivement. K.Z.

Depuisledébutdel’été, les sauveteurs marseillais ont déjà dû s’employeràplusieurs reprises. / PHOTO F.S


AVIGNON


LESPETITS MARSEILLAIS APPRENNENTÀNAGER


Noyades, la Provence fait face

En France, les noyades ont progressé de 30%entre 2015 et 2018. Pour limiter les risques, les Provençaux s’organisent


Les noyades dans les
piscinesprivées,
l'un des dangers
de l'été. / PHOTO B.S.

LILOU, adepte de sauvetage sportif


Les deux sauveteurs tiendront le poste
de secours jusqu'à la fin août. / PHOTO T.B

Protéger sa piscine


pour éviter le drame


PLAGEDUPROPHÈTEÀMARSEILLE


Sur la plage ensoleillée, surveillance et crustacés


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