1982.COLLECTION CHRISTOPHEL
THE KOBAL COLLECTION. AURIMAGES
Spielberg, 2002.COLLECTION CHRISTOPHEL
O
n l’a dit et répété :
Batman ne sait pas
voler! Le tailleur
pour dames Franz Reichelt
aurait dû être prévenu, lui
qui, en 1912, a tenté de
prendre son envol du pre-
mier étage de la tour Eiffel
dans un costume de chauve-
souris-parachute cousu par
ses soins. Un film Pathé do-
cumente ce saut de l’ange qui
finit mal,57 mètres plus bas,
avec un impact physique du
corps démantibulé de 20cm
de profondeur. Le burlesque
équilibriste du cinéma, pion-
nier, traduit l’étroite relation
de ce nouveau médium avec
la sensation d’apesanteur car,
pour la première fois, loin
du théâtre et du cirque, les
spectateurs sont confrontés
à l’antimatière de la pro-
jection et au trompe-l’œil de
l’écran qui leur permet de vo-
ler au-dessus des mondes et
de tomber de haut quand les
lumières se rallument. La rê-
verie du corps sans gravité
inonde l’imaginaire enfantin
depuis le tapis volant des
Mille et Une Nuits usqu’auj
gamin décollant à vélo dans
la scène de fuite d’E.T., ne
passant par les loopings de
Peter Pan t le parapluie aé-e
roplane deMary Poppins.
La série d’animation améri-
caineles Jetsons,diffusée au
début des années 60, décrit la
vie futuriste d’une famille de
la classe moyenne qui se dé-
place à bord d’une mini-sou-
coupe volante domestique.
L’anticipation de la moder-
nité heureuse suppose que
l’on se libère du sol commun
et des routes banales afin de
tendre vers un nouvel état
gazeux ugé alors désirablej
avant que l’on ne découvre
que même là-haut, l’air est ir-
respirable et le trafic encom-
bré comme dans un ciel aux
heures de pointe.
Celui qui fixe durablement
l’imagerie ténébreuse du
vieux désir aérien devenu
cauchemar dystopique, c’est
évidemment Ridley Scott
dans son chef-d’œuvreBlade
Runneren 1982. Le génial de-
signer industriel Syd Mead
- qui travaillera surTron,
Alien, Mission to Mars...–
élabore le style de la voiture
de patrouille dit «Spinner» du
héros Rick Deckard (Harrison
Ford), à la fois véhicule ter-
rien et volant conçu d’après
le profil d’une Volkswagen.
Mead,interrogé parLibé
en 2011, affirmait:«Le mode
de transport est toujours la
clé culturelle et technologi-
que d’une époque.»L’image
d’ouverture du film avec son
ciel nocturne illuminé par
des écrans vidéo de la taille
de gratte-ciel et le ballet hyp-
notique des véhicules de
surveillance au-dessus d’une
mégapole perpétuellement
embrumée et rincée de pluies
suffocantes reste l’insurpas-
sable icône matricielle d’un
avenir promis au crépuscule
humain et écologique.
Luc Besson, quinze ans plus
tard, reprend l’idée pour son
Cinquième Element ui fi-q
gure la généralisation d’un
transport citadin en auto-
plane dans un espace urbain
socialement stratifié et sa-
turé comme au bon vieux
temps des embouteillages
new-yorkais des films noirs
des années 70. En 2002, nou-
velle adaptation d’un roman
de Philip K. Dick, comme
l’étaitBlade Runner, tevenS
Spielberg signeMinority Re-
port ù l’on découvre des pa-o
trouilles de police se dépla-
çant grâce à des moteurs à
propulsions portés sur le dos.
La vision sidérante de Franky
Zapata sur sonflyboard filant
à vive allure au-dessus du
défilé militaire du 14 Juillet
semblait une citation d’une
séquence Marvel entre Iron
Man et le Surfer d’argent. La
bagnole ailée est remisée à la
casse ou du moins ne se re-
nouvelle plus vraiment alors
même que pointent, aussi
bien du côté du clergyman
supersonique Thomas A. An-
derson (Keanu Reeves) dans
la sagaMatrix es sœurs Wa-d
chowski que des ados ica-
riens duChronicle deJosh
Trank, l’espoir d’une autono-
mie antigravitationnelle fai-
sant la jonction entre bottes
de sept lieues du conte et
prototypes du transhuma-
nisme tels que dessinés par
l’agité du bocal Elon Musk
(SpaceX, Tesla) qui, par
ailleurs, s’identifie à Tony
Stark, alias Iron Man.
DIDIER PÉRON
Au cinéma,
un fantasme
déjà réalisé
De «Mary Poppins»
à «Iron Man»,
le septième art n’a
pas attendu Franky
Zapata pour
inventer des
machines à faire
voler l’homme.
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DÉCÈS
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Madame Adelheid BOREL,
son épouse,
Nathalie et Michaël,
ses enfants,
ses sept petits-enfants,
son arrière-petit-fils,
ont la tristesse de vous faire
part du décès de
Monsieur
Raymond, Camille
BOREL
Scénariste,
écrivain, artiste
peintre
Ancien Président
du journal médical
TONUS
Co-fondateur de
Médecins sans
Frontière
Survenu le 30 juillet 2019.
La cérémonie religieuse sera
célébrée le mardi 6 août 2019
à 14h30 en l’église
de BOSROBERT (27800).
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