60 I Beaux Arts
ÉVÉNEMENT l TOUTANKHAMON
Dominée par l’art amarnien, révolution artistique
égyptienne qui stylise certains traits physiques, laissant
voir des crânes allongés, des hanches larges et des
membres graciles, l’iconographie de l’époque de Toutan-
khamon est trompeuse... Car lorsqu’elle a été scannée en
2010, sa momie a révélé un tout autre visage! À commen-
cer par des problèmes buccodentaires : le pharaon souf-
frait d’une surocclusion et d’un mauvais alignement...
Bref, il avait des dents de lapin! On a aussi observé un
palais fendu et un bec-de-lièvre, mais ces données ont
pu être mal interprétées car Toutankhamon n’a pas été
momifié correctement. Derrière le masque et les bande-
lettes de lin, la chair de son visage a été carbonisée, à cause
du mélange de bitume, d’asphalte, de sel et de plantes aro-
matiques ayant servi à l’embaumer. Les 130 cannes décou-
vertes dans son tombeau ont longtemps laissé penser que
le pharaon était handicapé! Hypothèse corroborée par les
analyses de ses os : un pied bot côté gauche, avec des
orteils très espacés, l’empêchait probablement de mar-
cher correctement. Mais, là encore, méfiance... une mau-
vaise position du pied momifié dans les bandelettes a pu
provoquer une déformation post-mortem.
1 / À quoi ressemblait-il?
Oubliez le lustre de son éblouissant
masque d’or. Toutankhamon
n’avait pas un physique très
avantageux...
Relief représentant la famille royale : Akhenaton,
Néfertiti et trois de leurs filles
Le règne d’Akhenaton, père de Toutankhamon, a vu éclore
un nouveau canon artistique, aux corps féminins
et aux visages allongés. C’est là l’expression de la nouvelle
religion, dédiée au dieu Aton, que le roi avait imposée.
1 350 avant J.-C., calcaire, 32,5 x 39 cm.
Le fabuleux masque d’or
est composé de deux épaisses
couches d’or. De récents
examens aux rayons X ont
révélé que les artisans avaient
ajouté par endroits un alliage
d’or, d’argent et de cuivre
pour le faire briller davantage.Reconstitution du visage
de Toutankhamon
par la plasticienne
Élisabeth Daynès d’après
des analyses scientifiques
menées en 2006.