Beaux Arts I 77
L’un est président du Comité
des galeries d’art ; l’autre, fondateur
du salon Galeristes et critique
d’art. Ils posent un regard lucide
sur un secteur en pleine mutation
et essentiel pour la place de l’art
français sur la scène internationale.
Propos recueillis par
Fabrice Bousteau
Photos Léa Crespi
pour Beaux Arts Magazine
Aujourd’hui, en France, à quoi ressemble
le paysage des galeries?
Georges-Philippe Vallois : Le paysage est encore très pari-
sien, mais il faut se méfier de certaines statistiques qui font
ressortir des milliers de galeries alors qu’elles recensent
aussi des vendeurs de cartes postales. Pour sa part, le
Comité professionnel des galeries d’art, que je préside,
s’intéresse aux galeries à vocation nationale ou internatio-
nale qui représentent des artistes. Notre chiffre tourne donc
plutôt autour de 300-350, dont moins de 10 % en régions.
Leur chiffre d’affaires varie entre 100 000 € et plusieurs
millions. Nous défendons tout autant celles de premier et
de second marché, c’est-à-dire les galeries qui vendent une
œuvre pour la toute première fois parce qu’elle vient d’être
produite, et celles qui la revendent par la suite.
Stéphane Corréard : D’après moi, cela fait encore trop de
lieux par rapport à la demande potentielle! Les galeries qui
mènent ce vrai travail et arrivent à en vivre, à payer leurs
artistes et leurs fournisseurs, sont très peu nombreuses.
Pourtant, Paris est sans doute la seule capitale au monde
où se côtoient autant d’artistes venus de tous les conti-
nents : nous ne mesurons pas assez la richesse incompa-
rable de cette offre artistique.
Quelle définition donneriez-vous, l’un et l’autre,
d’une galerie? Et quelle est la différence entre un
galeriste et un marchand?
S. C. : On m’a dit un jour : «Un galeriste a des artistes, un
marchand a des collectionneurs.» C’est assez sévère, mais
c’est une définition possible. Un galeriste est un passeur
entre des artistes et un public parmi lequel se trouvent QQQ