Les Echos - 30.07.2019

(Sean Pound) #1
Mardi 30 juillet 2019
http://www.lesechos.fr

Amazon 13
Atos 24
Chorégies d’Orange 14
Cityscoot 12
CNP Assurances 19
Coup 12
Deliveroo 13
DoorDash 13
Engie 24
Four Twenty Seven 21

Free2Move 12
Glovo 13
Google 17
JCDecaux 12
Just Eat 13
La Banque Postale 19
Michelin 24
Mobike 12
Moody’s 21
Moov’in Paris 12

Mylan 11
Ofo 12
Peugeot 24
Pfizer 11
Radio France 14
Renault 24
Ryanair 15
Sanofi 14, 24
Sberbank 17
Share Now 12

Deux laboratoires américains, Pfizer et Mylan,


créent un géant des médicaments génériques


Vincent Collen
@VincentCollen

Pfizer et Mylan vont donner naissance à l’un
des leaders mondiaux des médicaments
génériques, ces produits qui ont perdu la
protection de leur brevet et qui sont vendus
moins cher que leur version d’origine. L’opé-
ration a été annoncée lundi par les deux
laboratoires américains. Elle donnera nais-
sance à un groupe au chiffre d’affaires de 19
à 20 milliards de dollars, qui pourra préten-
dre au premier rang mondial des fabricants
de génériques, estiment les analystes de Citi.
« Un champion de la santé », selon les termes
d’Albert Bourla, le patron de Pfizer.
Aux termes du rapprochement, réalisé
par échange d’actions, les actionnaires de
Mylan obtiendront 43 % du capital de la
nouvelle entité, le solde revenant aux
actionnaires de Pfizer. Le nouvel ensemble
sera dirigé par Michael Goettler, le patron
de la branche génériques de Pfizer.
Le mariage, l orsqu’il sera finalisé l’an pro-
chain, rapprochera des activités dont la
croissance ralentit depuis que d’anciens
médicaments blockbusters ne sont plus
protégés par leur brevet et subissent la con-
currence de génériques à bas prix. C’est le
cas en particulier du Lipitor, un anticholes-
térol de Pfizer vendu en France sous la mar-
que Tahor, ou encore du Viagra, le traite-
ment vedette du laboratoire new-yorkais
contre les dysfonctionnements érectiles.
Mylan commercialise de son côté, parmi
ses médicaments phares, l’EpiPen, un anti-
allergique. Très endetté, le laboratoire basé
à Pittsburgh traverse une passe difficile. Sa
capitalisation boursière est passée de
25 milliards à moins de 10 milliards en un a n
à peine. Le chiffre d’affaires de son produit
contre l a sclérose en plaques est mal orienté
et les autorités américaines ont refusé

d’approuver sa version générique de
l’Advair, l’antiasthmatique du britannique
GlaxoSmithKline.

Concurrence des labos indiens
Le secteur des génériques est secoué par la
concurrence des laboratoires indiens,
comme Aurobindo, et une pression de plus
en plus forte des distributeurs de médica-
ments aux Etats-Unis. Pfizer et Mylan
espèrent dégager 1 milliard de dollars de

synergies d’ici à 2023 pour le nouvel
ensemble. Pour Pfizer, cette opération est
une façon de se retirer d’un métier qui n’est
plus au centre de sa stratégie, focalisée
désormais sur l es médicaments brevetés e t
les vaccins. Le numéro un mondial entend
poursuivre des acquisitions ciblées
d’entreprises de biotechnologies, comme
Array BioPharma, u n spécialiste des t raite-
ments du cancer, dont il a annoncé le
rachat en juin.

Pfizer est déjà en train de se désengager
des produits sans ordonnance en les
mariant à ceux de GlaxoSmithKline. En
2013, il était sorti de la santé animale. En
mariant ses médicaments soumis à la con-
currence des génériques, Pfizer se recentre
sur des produits dont la croissance est plus
forte et il réduira sa dette, analysent les
experts de Citi.
Ce rapprochement pourrait en appe-
ler d’autres dans le secteur des généri-

ques, poursuivent-ils, une taille accrue
permettant de mieux faire face à un
marché en stagnation. Mais Citi voit
aussi d es freins potentiels aux fusions :
plusieurs fabricants de génériques
sont mis en cause devant les tribunaux
dans le scandale des opioïdes e t les plus
gros d’entre eux, dont Mylan, font
l’objet d’une enquête de la justice amé-
ricaine, qui les soupçonne d’entente
sur les prix.n

A la suite du rapprochement réalisé par échange d’actions, les actionnaires de Mylan obtiendront 43 % du capital de la nouvelle entité,
le solde revenant aux actionnaires de Pfizer. Photo Travis Dove/« NYT »-Redux-RÉA

que Francis Morel, président du directoire
de Privinvest Médias (le groupe d’Iskan-
dar Safa) et ancien PDG des « Echos ».
Récemment, nous sommes entrés dans la
chaîne Azur TV [une chaîne locale privée
dans le sud de la France, NDLR] dans
laquelle nous allons investir. Et nous avons
d’autres projets dans la presse écrite. Nous
préférons nous concentrer sur d’autres pro-
jets plutôt que de nous battre. »

Pacte d’actionnaires
Pour qu’Iskandar Safa mette la main sur
« Nice-Matin », il aurait, en effet, fallu
« casser » le pacte d’actionnaires, pré-
voyant un droit de priorité au minoritaire,
en l’occurrence Xavier Niel. Et, le patron de
« Valeurs actuelles », qui avait déjà tenté
de racheter le titre régional en 2014, aurait
également dû convaincre tous les salariés,
en particulier les journalistes...
Lors d’une assemblée générale mi-juillet,
les salariés actionnaires du quotidien
avaient voté à plus de 60 % en faveur du pro-
jet d’Iskandar Safa. Plus précisément, ce
dernier a été soutenu par le personnel
administratif et technique, notamment,
alors que les journalistes ont, eux, large-
ment plébiscité Xavier Niel. « Je ne voulais
pas être un facteur de clivage dans l’entre-
prise, alors que les conditions ont changé »,

explique Iskandar Safa, par le biais d’un
porte-parole, qui souligne avoir été appro-
ché par la direction de « Nice-Matin » au
départ. « La décision d’Iskandar Safa de se
retirer est cohérente dans sa prudence finan-
cière », observe Jean-Clément Texier, ban-
quier d’affaires spécialiste de la presse.
De fait, cette annonce laisse le champ
libre à Xavier Niel, le fondateur de Free,
déjà implanté dans la presse (« Le
Monde », « L’Obs », « Télérama ») pour
racheter le solde des 66 % détenus par les
salariés actionnaires du journal. Celui-ci
pourra donc acquérir « Nice-Matin » en
totalité au plus tard au début 2020.
Derrière cette bataille d’actionnaires,
c’est un duel politique qui se p rofile. Même
s’il s’en défend, Xavier Niel, réputé proche
d’Emmanuel Macron, est soupçonné de
faire le jeu de Christian Estrosi, le maire de
Nice, à un peu moins d’un an des munici-
pales. Celui-ci, LR mais ouvert à La Répu-
blique En marche, voudrait éviter que
« Nice-Matin » passe dans l’escarcelle du
propriétaire de « Valeurs actuelles » plus
compatible avec son opposant, Eric Ciotti,
représentant de l’aile droite de LR.
NJJ, holding personnel de Xavier Niel,
s’est engagé à conserver le contrôle du
groupe pendant cinq ans et a promis
d’investir au total plus de 50 millions.n

n


CAC 40
5.601,1 points

-0,16 % J


DOW JONES
27.259,32 points

0,25 % n


EURO/DOLLAR
1,1141 $

-1,3009 % n


ONCE D’OR
1.419,05 €

-0,095 % J


PÉTROLE (BRENT)
63 ,54 $
0,2366 %

DEVISESEUR/GBP0,9106EUR/JPY1,2127 EUR/CHF1,105GBP/USD1,22 31 USD/J PY1,08 85 USD/CHF0,9918TAUXEONIA-0,366 LIFFE EURIBOR 3 MOIS-0,368 OAT 10 ANS-0,1805 T- BONDS 10 ANS2,


PHARMACIE


Smovengo 12
Takeaway.com 13
Uber 12
Vivendi 24
Vkontakte 17
Yandex 17

AVIS FINANCIERS
Crédit Agricole 15
Lectra 19

=


LES ENTREPRISES
CITÉES

l’essentiel


CNP Assurances s’impose
en future locomotive
de La Banque Postale
L’assureur a fait progresser son résultat
net de 2,3 % , à 687 millions d’euros a u
premier semestre. Dans le même
temps, selon nos informations,
La Banque Postale voit ses
revenus se dégrader. // P. 19

Les nouvelles mobilités
cherchent leurs voies
à Paris
Un an après la fin d’Autolib’, la
capitale n’a pas retrouvé une offre
d’auto-partage aussi importante. Q uant à
la flotte des nouveaux Vélib', elle est loin
d’atteindre celle de JCDecaux.
// P. 12

L’éventualité d’un Brexit
sans accord fait dévisser la livre
Avec la chute de la livre qui s’est accélérée,
les investisseurs sont obligés de regarder
en face un scénario qu’ils s’étaient
toujours refusés à envisager
sérieusement. // P. 21 ET
L’ ÉDITORIAL D’ÉTIENNE
LEFEBVRE P. 10

Ryanair, moins low cost
et moins rentable
Malgré la progression de 11 %
de son trafic passagers, le groupe
irlandais a vu son bénéfice net
décrocher de 21 %. Ryanair n’en reste pas
moins la plus low cost et la plus rentable
des grandes compagnies européennes.

Shutterstock // P. 15


Marina Alcaraz
@marina_alcaraz
avec Christiane Navas
— Correspondante à Nice

Coup d e tonnerre d ans le feuilleton pour la
reprise de « Nice-Matin ». Le milliardaire
franco-libanais derrière « Valeurs actuel-
les », Iskandar Safa, jette l’éponge. Il
renonce au rachat du quotidien régional, a
annoncé le PDG de « Nice-Matin » en
comité d’entreprise, c onfirmant une infor-
mation du « Figaro ». Celui-ci ne pouvait
maintenir son offre « dans une entreprise
divisée », a précisé à l’AFP le SNJ.
Depuis quelques semaines, le titre du
sud de la France fait l’objet d’une bataille
acharnée entre Xavier Niel, qui a déjà
acheté les 34 % que possédait le belge
Nethys dans le titre, et le propriétaire de
« Valeurs actuelles », sur fond de divisions
entre salariés.
« Nous risquions de devoir subir une
bataille juridique pour l’actionnariat qui
aurait pu d urer des années. Ensuite, les rela-
tions sociales au sein de l’entreprise sont t rès
difficiles, ce qui rend le redressement très
compliqué. Et cela ne date pas d’hier, expli-

« Nice-Matin » : Iskandar Safa laisse


la voie libre à Xavier Niel


PRESSE QUOTIDIENNE

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