Les Echos - 30.07.2019

(Sean Pound) #1

24 // Mardi 30 juillet 2019 Les Echos


// Budget de l’Etat 2019 : 39 0,8 milliards d’euros // PIB 2018 : 2 .350 milliards d’euros courants
// Plafond Sécurité sociale : 3 .377 euros/mois à partir du 01-01-2019 // SMIC horaire : 10 ,03 euros à partir du 01-01-2019
// Capitalisation boursière de Paris : 1.653,35 milliards d’euros (au 16-05-2019)
// Indice des prix (base 100 en 2015) : 104 ,22 en avril 2019 // Taux de chômage (BIT) : 8,5 % au 4e trimestre 2018
// Dette publique : 2 .322,3 milliards d’euros au 3e trimestre 2018

=
Les chiffres de l'économie

crible


Livraison de repas : Just been Eaten


Objet d’une offre, Just Eat se retrouve au
cœur de l’appétit pour la livraison de repas.

Les éperviers des fusions-acquisitions le savent mieux que tout autre :
le triangle culinaire lévi-straussien du cru, du cuit et du pourri n’a pas
son utilité qu’en anthropologie de l’alimentation. C’e st bien tout cru
que Takeway.com, le numéro un de la livraison de repas en Europe
continentale, a pensé pouvoir avaler le leader britannique, Just Eat.
Le néerlandais s’est bien gardé de mettre les petits plats dans les
grands en limitant à 15 % la prime offerte à sa cible, alors que celle-ci
avait perdu 26 % en Bourse en un an. Mais Takeaway.com a présumé
de son tour de main en pensant que l’opérateur européen de livrai-
sons de repas le plus rentable, en perte de vitesse, sans directeur géné-
ral depuis sept mois et sous pression du fonds activiste Cat Rock
Capital, lui tomberait tout cuit dans le bec. Le groupe amstellodamois,
qui a repris l’an dernier au numéro un mondial, Delivery Hero,
sa branche germanique, se voit en consolidateur européen d’un
métier où les experts n’e nvisagent à terme qu’un acteur profitable par
pays. Avec Just Eat, sa nouvelle assiette dépasserait en capitalisation
boursière Delivery Hero, aujourd’hui son deuxième actionnaire
et demain peut-être sa prochaine proie. Ce menu sent toutefois
désormais le pourri : la Bourse de Londres a fixé à au moins 7 %
de plus la facture de ce dîner en portant le titre au-dessus de l’offre
d’échange d’actions. Uber Eats, Amazon et Deliveroo sont cordiale-
ment invités à entrer dans cette chaîne alimentaire.

Achetare, postea saignare, ensuita purgare


« Le médecin ordonne bain quand il est au bout de son latin. » Si l’on
en croit le dicton, Olivier Brandicourt aurait pu s’en remettre à une
dernière prescription d’immersion de Sanofi dans le Jacuzzi bouillon-
nant des fusions-acquisitions s’il n’avait décidé de prendre de façon
anticipée sa retraite de directeur général. S on successeur, le Britanni-
que Paul Hudson (ex-Novartis), devra manipuler ce cataplasme avec
précaution, et pas seulement parce qu’il serait susceptible de faire
perdre à l’apothicaire une notation encore écrite en lettres dorées
du « double A » (chez S&P) sur laquelle pèsent 18,7 milliards d’euros
de dette nette. La mésaventure qui a obligé au premier semestre
le champion tricolore à effacer d’un trait de ses comptes 1,8 milliard
d’euros, soit un cinquième de la valeur d’acquisition de l’une de ses
emplettes (Bioverativ), moins d’un an et demi après son intégration,
est une douloureuse piqûre de rappel des risques de la croissance
externe. Sur une décennie, les laboratoires qui ont procédé plus
souvent à ce type d’injections que ceux ayant misé sur la R&D
affichent des retours sur investissement plus faibles selon Evaluate
Pharma. Bien qu’il soit le troisième en un an, le relèvement d’un objectif
annuel par Sanofi repose sur un rétablissement encore fragile, devant
beaucoup à une gestion des coûts de plus en plus au cordeau et à une
dépendance accrue aux vaccins et à Dupixent. Un couteau suisse
de l’immunologie qui vient d’une collaboration commencée par...
Jean-François Dehecq et Gérard Le Fur au milieu des années 2000.

Le relèvement de son objectif annuel par Sanofi masque un rétablissement encore fragile.


CHAQUE MOIS,


CONNAISSANCE


DESARTS


FAIT DE VOUS


UN EXPERT


EN KIOSQUE DÈSAUJOURD’HUI

Léger recul de la Bourse de Paris



  • La Bourse de Paris s’est montrée
    peu animée l undi, c lôturant
    en légère baisse de 0,16 %, à
    5.601,10 p oints. L’indice CAC 40 s’est
    néanmoins maintenu au-dessus du
    seuil symbolique des 5.600 points,
    dans un volume d’échanges res-
    treint de 2,9 milliards d’euros.
    Le marché limite les prises de ris-
    ques avant la décision de la Réserve
    fédérale américaine prévue mer-
    credi. Son patron, Jerome Powell,
    devrait amorcer une baisse des taux
    de l’ordre de 25 à 50 points de base.
    Il a déjà signalé à plusieurs reprises
    que les incertitudes commerciales,
    la morosité économique mondiale
    et surtout la faiblesse de l’inflation
    (1,5 % en mai) étaient « une combi-


naison de facteurs renforçant les
arguments en faveur d’une politique
monétaire plus accommodante ».
Les investisseurs attendent égale-
ment la reprise des négociations
sino-américaines prévue cette
semaine.
Du côté des valeurs, Sanofi a
bénéficié de résultats meilleurs
qu’attendu et du relèvement de ses
objectifs annuels : le titre s’est
apprécié de 1,51 %. Engie a quant à
lui gagné 1,89 % et Atos 1 ,63 %. C’est
à Vivendi que revient la plus forte
baisse du CAC 40, avec une chute
de 2,48 %. Le secteur automobile
a aussi terminé dans le rouge,
Peugeot et Michelin perdant
1,82 % et Renault 1 ,01 %.

A


lexeï Navalny est décidément allergique à l’Etat
policier de Vladimir Poutine. Au propre comme
au figuré, puisque l’opposant russe le plus
emblématique a été hospitalisé, dimanche, suite à une
réaction à un agent toxique, selon son avocat. De quoi
soupçonner le Kremlin, qui est réputé, on ne prête qu’aux
riches, r ecourir souvent aux poisons pour intimider, voire
éliminer les gêneurs, comme l’affaire Skripall a pu le lais-
ser supposer l’an dernier. Arrêté mercredi alors qu’il par-
tait faire son jogging, Alexeï Navalny ne croyait pas si bien
dire en tweetant « comme quoi le sport est mauvais pour la
santé ». Inventeur de la fameuse formule « parti des
escrocs et des voleurs » pour désigner la formation prési-
dentielle, Russie unie, cet avocat-blogueur anti-corrup-
tion de 43 ans ne compte plus ses séjours en prison, depuis
2011, pour appel à des manifestations non autorisées.
Après avoir mis en difficulté le maire de Moscou lors de
l’élection de 2013, il n’a pu se présenter à la présidentielle
de mars 2018 en raison d’une condamnation à cinq ans de
prison avec sursis après un procès pour un invraisembla-
ble détournement de fonds que Bruxelles et Washington
jugeaient politique. Un acharnement judiciaire et peut-
être chimique désormais révélateur de la panique du
régime russe devant la moindre opposition : malgré son
charisme, Alexeï Navalny est en fait peu pris au sérieux
par les Russes, voire inconnu. Il est vrai que prononcer
son nom est tabou à la télévision, sauf pour le désigner
comme agent américain (il est passé par l’université de
Yale). L’Ouest, lui, aime la figure de l’opposant libéral cou-
rageux face au Kremlin. En passant sous silence son
nationalisme résolu et ses accents anti-immigration...

Alexeï Navalny


EN VUE

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