Investir, le Journal des Finances / N° 2377 / 27 juillet
ÉCONOMIE / 11
Tauxd’intérêtà 10 ans
FRANCE – 0 ,12 %
ALLEMAGNE – 0 ,38 %
ROYAUME-UNI 0 ,69 %
ÉTATS-UNIS 2 ,07 %
JAPON – 0 ,15 %
Matièrespremières
PÉTROLE(BRENT)
62 , 98 $1,1%
ONCED’OR
- 422 , 63 $ – 0 ,2 %
Devises
€/$ 1 , 1133 – 0 ,8 %
€/CH 1 , 1051 0 ,3 %
€/£0, 8963 – 0 ,1 %
$/¥ 108 , 64 0 ,9 %
$/YUAN 6 , 8781 – 0 ,1 %
€ / $
1 , 0
1 , 1
1 , 2
1 , 3
2014 15 16 17 2019
1,
Le chiffre de la semaine
2,1 %
Exports Le PIB des EtatsUnis au deuxième trimestre a gagné 2,1 %, contre
1,8 % attendu, grâce à la consommation, tandis que l’investissement et les
exportations ont reculé.
La BCE prépare des mesures de soutien
pour le mois de septembre
Efficience Mario Draghi se tient prêt à agir, au vu de la faiblesse de l’inflation et de l’industrie. Mais
les investisseurs s’interrogent sur la profondeur et l’efficacité des mesures qui seront mises en œuvre.
L
es économistes ont
de la chance : ils vont
pouvoir occuper leur
été à s’interroger sur le
contenu et la portée de la pro-
chaine réunion de politique
monétaire de la Banque centrale
européenne (BCE). De celle qui
vient de se dérouler le 25 juillet,
il n’est rien ressorti de très con-
cret. Le communiqué publié
avant la conférence de presse du
président avait pourtant nourri
quelques espoirs. Le change-
ment de rhétorique sur l’infla-
tion montre aussi une forte
détermination à agir.
ADHÉSION DES MEMBRES
DU CONSEIL
Mais sur les détails et les modali-
tés, rien. Aucune piste solide n’a
été donnée sur ce qui pourrait
être décidé lors de la prochaine
réunion du Conseil des gouver-
neurs. Surtout, lors de la tradi-
tionnelle séance de questions-
réponses avec la presse, le
président de la BCE, Mario Dra-
ghi, a paru hésitant sur l’adhé-
sion unanime des membres du
Conseil sur des mesures de
soutien vigoureuses. La décep-
tion s’est lue sur un certain nom-
bre de classes d’actifs, de l’euro
aux indices d’actions en passant
par les rendements obligataires.
La BCE a laissé, sans grande sur-
prise, ses taux directeurs inchan-
gés, avec le principal taux de
refinancement à zéro et le taux
de dépôt à – 0,4 %, mais a changé
sa forward guidance (indications
prospectives), indiquant désor-
mais que les taux devraient res-
ter « égaux ou inférieurs à leur
niveau actuel », au moins jusqu’au
premier semestre 2020.
Les raisons de ce ton plus
accommodant sont nombreuses.
L’activité manufacturière ne
cesse de se détériorer, touchant
en priorité certains pays, comme
l’Allemagne et l’Italie. Les antici-
pations d’inflation sont irrémé-
diablement faibles et les risques
exogènes toujours prégnants, de
la guerre commerciale à la tran-
sition économique chinoise en
passant par le risque d’une sortie
sans accord du Royaume-Uni de
l’Union européenne (lire encadré
ci-contre). Enfin, autre sujet
d’inquiétude, les conditions
d’octroi de crédits se sont dété-
riorées, comme le montre la der-
nière enquête de la BCE.
RÉSILIENCE DES SERVICES
Mario Draghi a tout de même
tenu à nuancer le tableau,
évoquant l’amélioration
continue du marché du tra-
vail et la progression des
salaires, gage d’une demande
domestique soutenue, et la
résilience des secteurs des
services et de la construc-
tion. Par ailleurs, il ne voit
pas de risque de récession,
même en Allemagne.
Donc, rendez-vous le 12 sep-
tembre. A cette occasion,
la BCE publiera ses nouvelles
prévisions de croissance et
d’inflation pour la zone euro. « La
BCE procédera certainement à une
baisse du taux de dépôt de 10 points
de base en septembre, à – 0,5 %,
assorti d’un système permettant de
ne pas trop pénaliser les banques.
Un n o uvea u p ro g ra m m e d e
rachats d’actions, ou QE, est aussi
très probable et Mario Draghi sem-
ble indiquer une annonce entre
septembre et décembre », devine
Marco Valli, chef économiste
chez UniCredit.
POLITIQUES BUDGÉTAIRES
Reste à savoir, enfin, si ces mesu-
res auront un impact sur l’infla-
tion et sur l’activité économique.
Depuis le discours très accom-
modant de Mario Draghi pro-
noncé à Sintra, au Portugal, mi-
j u i n , l ’ E u r o S t o x x 5 0 n’a
progressé que de 2 %. Signe que
les investisseurs ne croient pas
non plus à des miracles. A trois
mois de son départ, le président
de la BCE a d’ailleurs largement
insisté sur la nécessité de
déployer également des politi-
ques budgétaires expansionnis-
tes pour soutenir la croissance.
Une orientation que ne peut clai-
rement pas prendre l’Italie, au vu
de ses finances publiques, et qui
ne semble guère séduire l’Alle-
magne, malgré ses difficultés.
Après avoir déployé un vaste
arsenal d’outils et baissé les taux
à un niveau plancher depuis le
début de son mandat, « Super
Mario » est désormais à court de
munitions. A l’inverse, la Réserve
fédérale a eu le temps de relever
ses taux et s’apprête à les abais-
ser la semaine prochaine pour la
première fois depuis 2015. Un
geste propice à une appréciation
de l’euro face au billet vert, qui
ne va pas arranger la situation
pour les industriels européens,
dont les exportations seront
pénalisées. - CAROLINE MIGNON
Pour les marchés, il est temps d’agir!
Indice du climat des affaires allemand
au plus bas depuis avril 2013
Taux du Bund allemandà10ans
Indice PMI manufacturier de la zone euro au plus
bas depuis7ans, en %
95
96
97
98
99
100
101
102
103
104
105
2014Mars
2013
Juil.
2019
2015 2016 2017 2018 2019
95,
46,
2017 2018 2019 2000
2019
Juil. 03 05 07 09 11 13 15^2019
–0,
Les marchés anticipent une baisse de taux
et des rachats d’actifs
L’euro pourrait s’apprécier
avec la Fed
40
42
44
46
48
50
52
54
56
58
60
1 $=1, 11 €
Au 25 - 07
4,
4,
2,
1,
1,
0,
—0,
0
3,
3
100 %
de probabilité
de baisse de taux
de la Fed le 31 juillet
selon les marchés
àterme
Nous n’aimons
pas ce que
nous voyons...
Expansion
de l’activité
Contraction
de l’activité
Mari oDraghi, président de la BCE,
lors d’une réunion de politique
monétaire le 25 juillet
Crédit photo :BCE 2019.
Des indicateurs inquiétants
« La BCE procédera
certainement à
une baisse du taux
de dépôt de
10 points de base,
et probablement
à un nouveau QE »
Marco Valli, chef économiste
chez UniCredit
ZOOM SUR...
Le comeback du hard Brexit
Le Parlement britannique a beau s’être organisé pour être
consulté sur les modalités du Brexit, la nomination de Boris
Johnson au poste de Premier ministre annoncée mardi 23 juillet
donne des sueurs froides à plus d’un. A commencer par Mario
Draghi, qui range désormais la possibilité d’un hard Brexit dans
la catégorie des risques patents, entre la guerre commerciale et
la transition économique chinoise. Il faut dire que l’ancien maire
de Londres s’est empressé de former un gouvernement d’euros
ceptiques et souhaite sortir de l’Union européenne avant la date
butoir du 31 octobre « coûte que coûte », avec ou sans accord.
Si, toutefois, le Parlement s’opposait à ses propositions, des
élections anticipées ou un nouveau référendum pourraient être
envisagés. Ou alors, le RoyaumeUni se risquerait à demander
un délai supplémentaire à Bruxelles.
CONJONCTURE
Le FMI juge la croissance mondiale « précaire »
G
uerre commerciale,
menace sur les chaînes
d’approvisionnement
en technologies, incer-
titudes liées au Brexit et hausse
des prix de l’énergie en raison des
risques géopolitiques : pas éton-
nant, dans ces conditions, que le
Fonds monétaire international
(FMI) ait revu à la baisse ses esti-
mations de croissance mondiale,
que l’institution juge « languis-
sante et précaire ». La hausse du
PIB sera donc limitée à 3,2 %
cette année et à 3,5 % l’an pro-
chain.
Les indices PMI publiés dans la
foulée des perspectives de juillet
du FMI n’ont été d’aucun secours
pour ce diagnostic pour le moins
inquiétant. L’indice calculé à par-
tir d’enquêtes auprès des direc-
teurs d’achat a notamment reculé
dans la zone euro à 51,5 en juin,
contre 52,2 le mois précédent. Le
secteur manufacturier a atteint,
en sept ans, un plus-bas à 46,4, en
raison des exportations. Un
indice inférieur à 50 est un signe
de contraction de l’activité.
« L’investissement et la demande de
biens de consommation durables
sont modérés dans l’ensemble des
pays avancés et des pays émergents,
les entreprises et les ménages conti-
nuant de freiner leurs dépenses à
long terme », explique le FMI.
POLITIQUES DE SOUTIEN
Les pays émergents paient le
plus lourd tribut à ces révisions,
soit en raison de la guerre com-
merciale, comme pour la Chine,
soit pour enregistrer des deman-
des intérieures plus faibles,
comme au Brésil ou en Inde.
Mais cette dégradation ne doit
pas être une fatalité, prévient le
FMI. Il exhorte, en plus des poli-
tiques monétaires accommodan-
tes, à des politiques budgétaires
de soutien, notamment en faveur
des populations vulnérables, et
des réformes structurelles visant
à rehausser le potentiel de crois-
sance. Enfin, il est urgent d’agir
au niveau multilatéral, pour
réduire l’incertitude entourant
les accords commerciaux. Voilà
un chantier que le tout nouveau
Premier ministre britannique,
Boris Johnson, compte mener
tambour battant (lire article ci-
dessus). - C. M.
Les pays en développement inquiètent
Prévision de croissance du FMI, en %
3,2 3,5 2,6 1,9 0,7 1,7 6,2 6 77 ,2 0,8 2,4 2,5 3,7 1,3 1,
+ 0,
0
−0,
0
+ 0,3 + 0,
−0,1−0,
−0,3−0,
−0,
−0,
−1,
−0,
−0,
Projections 2019 Projections 2020 Révisions par rapport à avril
−0,
Croissance
mondiale
Volume
des échanges
commerciaux
Zone
euro
Etats-Unis Allemagne Chine Inde Brésil
Variations sur la semaine