Le Monde De La Photo N°116 – Juin 2019

(Chris Devlin) #1

(^28) I LE MONDE DE LA PHOTO
Photographier l’intérieur des boutiques vénitiennes depuis la rue est
une piste riche en surprises, on imagine aisément la pensée du chaland :
« Quel masque choisir ? » 
EOS R avec 24-105 mm f/4L IS USM à 24 mm, f/4, 1/125s, 100 Iso
Belle diagonale de personnages : le tableau, le
client qui s’en va, une fille qui embrasse sa mère,
et un client attablé flou qui donne la profondeur.
EOS RP avec 50 mm f/1,2L, f/1,2, 1/200s, 1 000 Iso
Que pensez-vous de utilisation de l’ EOS RP,
de nuit dans le cadre de cette masterclass?
La configuration est assez similaire à l’EOS  R
que j’ai aussi pu utiliser en journée donc,
je n’ai pas trop été perturbée. Je pensais
que le manque d’écran sur le dessus
me gênerait pour voir d’un coup d’œil
mes réglages, mais au final ça ne m’a
pas perturbée plus que ça puisqu’ils
sont visibles dans le viseur. J’ai tout de
même une préférence pour l’EOS R qui se
rapproche plus de ma façon d’utiliser un
boîtier. L’écran, les molettes, l’accès aux
différents boutons sont similaires à ce que
je retrouve sur mon reflex. Sur l’EOS RP, de
nombreux boutons ont disparu. En vision
nocturne, le délai d’affichage m’a moins
gênée parce que j’ai pris plus mon temps
pour chercher des lumières intéressantes
et pour composer. Sur les deux boîtiers,
j’ai aussi trouvé agréable le fait de pouvoir
visualiser ses photos dans l’intimité du
viseur. Concernant les Iso, la montée est
assez impressionnante en termes de rendu
et de qualité, je n’ai pas hésité à monter
jusqu’à 10 000  Iso. Avec l’EOS 6D, j’ai
tendance à me freiner un peu, là je n’ai pas
eu l’impression qu’il y avait beaucoup de
bruit sur les photos, ce qui est un bon point.
De nuit, j’ai trouvé que l’autofocus était un
peu lent et pas toujours très réactif. J’ai
parfois du mal à faire la mise au point sur
des sujets, notamment sur des silhouettes
se détachant des enseignes lumineuses
des boutiques. L’autre souci rencontré
dans ces conditions est une nouvelle fois
la longévité de la batterie. Elle n’a duré
que deux heures, ce qui est très court.
Heureusement, j’en avais une deuxième.
J’ai testé le boîtier avec le 50 mm f/1,2 que
j’ai trouvé exceptionnel de nuit, un piqué
incroyable et une prise en main vraiment
agréable. Les EOS R et RP sont des boîtiers
très efficaces en condition de faible lumière.
Quels seraient les points positifs de
l’EOS R en utilisation de jour?
C’est la première fois que j’utilise un
hybride, j’appréhendais un peu le viseur
électronique, car ça change la manière de
percevoir la scène avant de la capturer.
Je suis agréablement surprise, voir
directement le résultat final de ce que
j’ai photographié, quelles que soient les
conditions de luminosité, est très utile.
L’écran tactile est aussi bien pratique
pour la mise au point de même que j’ai
trouvé l’autofocus extrêmement réactif.
Concernant la prise en main, je le trouve
suffisamment imposant. Étant habituée au
reflex, je n’ai pas été déroutée.
Qu’avez-vous moins apprécié?
Le délai d’affichage, lorsque je l’éteins et
que je le rallume pour conserver la batterie.
J’ai perdu quelques scènes à cause de
ça. Il m’aurait aussi fallu un peu plus de
temps pour le paramétrer selon mon usage
et mes habitudes, pour pouvoir modifier
ouverture, Iso et vitesse d’un coup de
molette sans avoir à passer par l’écran.
Enfin, dans des moments de grande
luminosité je trouvais que le rendu dans le
viseur n’était pas toujours exactement fidèle.
Bien paramétré, c’est un boîtier que je
pourrais tout à fait utiliser au quotidien.
Que retenez-vous de la masterclass?
La phrase qui m’a marquée est : « Il n’y a
pas de petites histoires. La dimension »
storytelling est quelque chose que je tente
de construire dans mon travail en faisant
des séries. Pas nécessairement sur
une courte durée, mais parfois sur des
années pour créer une histoire. Quand
je pars quelque part je pense souvent
à ce que je pourrais inclure dans une
série déjà commencée.
La dimension documentaire qu’a traitée
Pascal Maître ne m’est pas familière. Ce
n’est pas quelque chose que je pratique,
mais avec le recul, je pense que je pourrai
l’incorporer dans mon travail. Durant la
masterclass, je me suis aussi rendue
compte qu’on n’est pas obligé de partir
au bout du monde ou dans des pays en
guerre pour avoir quelque chose à raconter
et que l’on peut parler d’un sujet qui se
déroule auprès de chez soi.
INTERVIEW RAPHAËLLE MONVOISIN
En 2012, Raphaëlle Monvoisin débute la photographie avec un Nikon D90
et une optique 18-105 mm. Son but? Documenter ses voyages puis
participer à un « projet 52 » consistant à prendre une photo par semaine
pendant un an en suivant des thèmes proposés par un blog. Depuis,
la photographe, désormais basée en Islande, s’adonne à la photo en
extérieur afin d’explorer « s contrastes que forment l’humain et la le
nature ». Habituée à des Canon 6D et 6D Mark II montés de focales fixes
dont un 35 mm f/1,4, elle a pour la première fois pu utiliser le RP de nuit.
Photos : Raphaëlle Monvoisin
ÉVÉNEMENT

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