Science Du Monde N°4 – Août-Octobre 2019

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StoppEr lE viEilliSSEmEnt : un paS vErS l'immortalité? StoppEr lE viEilliSSEmEnt : un paS vErS l'immortalité? DossIEr 47


les plantes issues de la médecine traditionnelle
chinoise. Ainsi, comme le note B.Sablonnière,
dans la racine de l'astragale membraneuse, une
molécule semble augmenter la longueur des
télomères et améliorer les conséquences du
vieillissement, aux niveaux cardio-vasculaire
et osseux notamment.

De même, on sait que les cellules ne se multi-
plient pas à l'infini : après un certain nombre de
divisions, elles s'arrêtent du fait d'une altération
de l'ADN. À chaque division, l'extrémité des
chromosomes, appelés « télomères », n'est pas
répliqué, et de ce fait ils raccourcissent, excepté
pour les cellules qui possèdent l'enzyme appe-
lée « télomérase » (chez l'homme : les cellules
germinales et les cellules souches).

La solution ne serait-elle donc pas de maintenir
l'expression de la télomèrase dans toutes nos
cellules? Malheureusement les recherches
ont montré que cette manipulation favori-
sait le développement de cancers. En effet ce
mécanisme, que l'on souhaiterait stopper pour
prévenir le vieillissement, prévient d'un autre
côté la prolifération cellulaire incontrôlée.

La greffe fécale (ou transplantation de micro-
biote fécal) représente également une piste
étudiée. Nous savons que notre microbiote
intestinal évolue avec l'âge, lequel entraîne
une diminution de la diversité de la flore.
Mais cet appauvrissement est-il la cause de

maladie liées à l'âge ou bien la conséquence?
Des études sont en cours sur le sujet.
Toujours est-il que les scientifiques com-
mencent à évoquer une pilule anti-vieillisse-
ment qui pourrait être commercialisée d'ici
une décennie.

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46 Dossier StoppEr lE viEilliSSEmEnt : un paS vErS l'immortalité? StoppEr lE viEilliSSEmEnt : un paS vErS l'immortalité?


des périodes de repos représentent déjà un pre-
mier pas favorable. N'oublions pas non plus
que chaque individu est différent, possède une
hérédité et un patrimoine génétique, et que les
conditions de notre environnement (pollution,
stress... ) influent également sur notre santé et
notre longévité.

Comme le souligne Florence Solari dans son
ouvrage « L'homme qui vivra 200 ans est-il déjà
né? » (cf encadré), une étude initiée en 2004
sur divers habitants de régions dans lesquelles
la proportion de centenaires est remarquable
a établi, dans leur mode de vie, cinq facteurs
qui seraient source de longévité : ne pas fumer,
adopter un régime alimentaire riche en fruits et
légumes, une activité physique modérée mais
quotidienne, l'entretien de relations familiales
et un engagement social important. Une preuve
que la longévité ne serait pas due uniquement
à la forme physique!

L'espoir d'une vie longue et bonne : les promesses de la science


Médecin biologiste, professeur de biologie moléculaire à l’université Lille-II, chercheur à l’Inserm,
spécialiste des maladies neurodégénératives, le Professeur Bernard Sablonnière développe dans
ce livre une véritable « science de la vieillesse » et s'appuie sur les toutes dernières recherches
en biologie, génétique et neurobiologie, pour proposer dans ce livre des réponses concrètes pour
vivre mieux plus longtemps.
Il souligne aussi que la longévité n’est pas qu’affaire de génétique ou de biologie, mais qu’un
bon environnement, une « vie saine » ont une influence sur la vitesse de vieillissement de notre
organisme. Cellules-souches, organes 3D, régime méditerranéen, resvératrol, metformine ou
restriction calorique : quelle voie suivre pour rester jeunes durablement?

Editions Odile Jacob – 2018 – 206 pages – 21,90

L'espoir d'une vie longue et bonne : les promesses de la science


Vers une pilule anti-vieillissement


Mais comme il n'est pas toujours facile, pour
nous autres Occidentaux, d'appliquer les prin-
cipes de la restriction calorique, les scienti-
fiques ont découvert des molécules mimant
les effets d'une restriction alimentaire. Parmi
ces substances de la médecine anti-âge, la
metformine serait la plus prometteuse. Déjà
administrée à des patients souffrant de diabète
de type 2, elle a montré sa capacité à prolonger
leur survie. Ce médicament réduit le risque
d'aggravation du diabète et des maladies
cardio-vasculaires, et améliore les fonctions

cognitives. Une étude est actuellement menée
au collège de médecine Albert Einstein à New
York sur un groupe de plus 3000 personnes qui
seront suivies pendant cinq ans. Si les résultats
confirment ceux observés sur les diabétiques,
les chercheurs espèrent faire gagner trois à cinq
ans de vie avec ce médicament.

On a beaucoup parlé également de la prise d'an-
tioxydants pour combattre les radicaux libres
qui agressent les cellules. Mais des recherches
restent à faire sur les risques potentiels d'un

excès dans ce domaine, le mieux étant de
consommer ceux apportés par une alimenta-
tion équilibrée.
Autre piste de recherche : l'hormone de crois-
sance, qui favoriserait le développement de
certaines pathologies liées à l'âge. Des travaux
plus poussés sont nécessaires pour savoir si le
blocage de cette hormone pourrait être réelle-
ment bénéfique.

Mais d'autres solutions se trouvent naturelle-
ment dans l'alimentation, comme par exemple

Les bienfaits du régime crétois sont aujourd'hui reconnus.

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