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Stopper le vieilliSSement : un paS verS l'immortalité? Stopper le vieilliSSement : un paS verS l'immortalité? dossier 51
organes bioniques sur imprimante 3d
Réparer les organes, tel est l'objectif plus réa-
liste de la médecine régénérative. Grâce au dé-
veloppement des biotechnologies, les organes
artificiels deviennent une réalité. Combinées
aux cellules souches reprogrammées, ces tech-
niques sont porteuses d'espoir. Cœur artificiel,
implants cérébraux, membres bioniques... on
parle d'homme réparé, voire augmenté.
Mi-homme, mi-machine, l'homme bionique
peut être équipé de prothèses pour retrouver ses
organes ou un membre amputé. Mains, bras,
jambes peuvent être contrôlés par la pensée, via
des électrodes implantées dans le cerveau. Cet
humain en kit, réparable à volonté, récupère
ses sens grâce à des dispositifs miniaturisés
implantables, comme l'œil bionique qui permet
à certains non-voyants de distinguer une forme,
ou encore les électrodes implantées dans la
cochlée qui restaurent l'audition.
Au sein de notre organisme, l'électronique em-
barquée accomplit des miracles, les prothèses
de nouvelle génération, truffées de capteurs,
permettent une motricité de plus en plus fine.
Même le cerveau est concerné! L’implanta-
tion de stimulateurs à haute fréquence soigne
en effet certaines formes de la maladie de
Parkinson.
Du côté des organes, les greffes présentant
des problèmes conséquents, outre le rejet et
le nombre insuffisant de donneurs, on s'oriente
vers les organes artificiels. En 2013, c'est en
France que fut réalisée avec succès la première
implantation du cœur artificiel Carmat, le pre-
mier conçu avec des matériaux biocompatibles.
On parle aujourd'hui de biomatériaux, syn-
thétiques, hybrides ou vivants, et ceux-ci
progressent à grands pas. Comme l'explique
l'Inserm, « un biomatériau sert de support
physique sur lequel des cellules peuvent ad-
hérer, migrer, proliférer et se différencier ».
En France, le projet Reborne, mené par une
équipe nantaise de l'Inserm, ambitionne ainsi
de créer des matériaux hybrides associés à des
cellules souches pour fabriquer de l'os. En effet,
la greffe osseuse présente des limites. Ici, des
biomatériaux, composés de biocéramiques
de phosphate de calcium ou d’hydrogels,
sont associés à des cellules souches et des
facteurs de croissance et de différenciation.
Injectables par voie cutanée, ils stimulent la
formation osseuse.
Intervenir sur
l'ADN et modifier le
génome?
En 2012, une chercheuse française
et une américaine concevaient l'ou-
til révolutionnaire CRISPR-Cas9,
un ciseau génétique rendant très
facile la manipulation du génome.
Injecté dans les cellules in vitro, il
se fixe sur l'ADN et en coupe un
brin défini pour insérer une autre
séquence à la place.
Cette découverte suscite de nom-
breux espoirs, notamment dans le
cas du vieillissement pour soigner
des maladies neurodégénératives
ou des cancers résistants. Mais les
applications sur l'homme seront
délicates : en effet, mal cibler un
gène pourrait déclencher une catas-
trophe!
Réparé, augmenté, l'être humain devient un cyborg.
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50 dossier Stopper le vieilliSSement : un paS verS l'immortalité? Stopper le vieilliSSement : un paS verS l'immortalité?
cerveau (artificiel) devrait pouvoir vivre sans
le reste du corps, lequel pourrait se limiter à
un hologramme.
En dépit de l'utopie de ces projets, des milliar-
daires de la Silicon Valley sont séduits par ces
perspectives. En 2013, Google a lancé un vaste
programme de recherche sur le vieillissement :
Calico (California Life Company). L'objectif
consiste à utiliser des nanotechnologies pour
éliminer les maladies liées au vieillissement.
Par exemple, des nanorobots injectés dans
notre corps enverraient des informations en
permanence sur notre état physique, délivre-
raient des médicaments au bon endroit, et
peut-être même pourraient réparer nos organes.
Même le biologiste Craig Venter, l'un des pre-
miers à avoir séquencé le génome humain, rêve
de l'immortalité cellulaire. « Je ne vois pas de
limite biologique absolue à l’âge humain »,
déclare-t-il. En 2014, il a co-fondé Human
Longevity Inc. dont l'ambition est de combi-
ner les avancées dans l'étude du génome et les
cellules souches pour allonger l'espérance de
vie de l'homme.
Parmi les avancées qui laissent quelque peu
perplexe, citons l'expérience menée en 2016
par un jeune diplômé du MIT, Robert MacIn-
tyre. Il a réussi à conserver intact, après cryogé-
nisation, un cerveau de lapin avec ses milliards
de connexions neuronales. Préserver ainsi la
structure du cerveau par cryoconservation per-
mettrait selon lui d'obtenir une « renaissance
synthétique » en la téléchargeant dans un ordi-
nateur ou un robot.
Les transhumanistes espèrent un jour télécharger un cerveau sur un ordinateur.
120 ans...
... semblent la limite de l'espérance
de vie humaine. En effet, en dépit
des progrès actuels et à l'allonge-
ment de notre espérance de vie, le
record de longévité humaine détenu
par la française Jeanne Calment,
qui a vécu jusqu'à 122 ans, n'a tou-
jours pas été dépassé.
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