terme. “L’actionnariat salarié consti-
tuera à court terme une rémunéra-
tion pour le salarié, et à long terme
une valorisation de son patrimoine,
et lui permettra de se constituer une
épargne salariale” , commente Loïc
Desmouceaux. “Les salariés d’Essilor
ont compris que l’actionnariat salarié
leur permettait de se constituer une
épargne salariale ainsi qu’un patri-
moine en vue de la retraite”, indique
Frédéric Mathieu, DRH du groupe
Essilor (EssilorLuxottica depuis
le 1ererer octobre 2018), dont 55 % des octobre 2018), dont 55 % des
salariés dans le monde sont action-
naires. En outre, la fi scalité est
incitative : non imposables sur le
revenu à l’achat, les employés, en
cas de cession de leurs actions, ne
seront soumis qu’aux prélèvements
sociaux sur les plus-values (17,2 %)
et non à la “fl at tax”. Détenir des
actions signifi e également pour les
salariés qu’ils sont impliqués dans
la vie économique de l’entreprise
et sa gouvernance. “L’actionnariat
salarié favorise un niveau d’engage-
ment élevé de la part de nos collabo-
rateurs et un alignement des intérêts
de l’entreprise, des actionnaires et
des salariés actionnaires” , précise
Frédéric Mathieu chez Essilor.
Outre le versement de dividendes,
les employés bénéfi cient des droits
à l’information et au vote en assem-
blée générale.
Motiver et associer
pour les entreprises
Pour les entreprises, les avantages
de l’actionnariat salarié ne sont pas
simplement fi nanciers, mais éga-
lement stratégiques et humains.
Certes, l’un des objectifs de l’ac-
tionnariat salarié est de trouver de
nouvelles ressources fi nancières.
Mais les salariés intéressés aux
bénéfi ces de la société se montre-
ront également plus motivés et
davantage fi dèles. “Le fait que les
salariés soient au cœur des décisions
de l’entreprise permet de développer
un esprit entrepreneurial, mais aussi
de coopération, d’innovation, de res-
pect et de confi ance mutuelle” , fait
remarquer Frédéric Mathieu, dont
le groupe met en place un plan
d’actionnariat salarié tous les ans,
y compris à l’international, depuis
- Et ce dernier de poursuivre :
“chaque personne bénéfi cie des avan-
tages de l’actionnariat salarié : la
valeur de l’entreprise est partagée
avec les collaborateurs et cela per-
met également de créer de la valeur
grâce à l’engagement de chacun. Nous
avons tous intérêt à travailler pour
le bien commun”. “L’actionnariat
salarié change le regard des salariés
sur leur entreprise” , confi rme Loïc
Desmouceaux.
Selon l’étude Eres/Opinionway,
l’actionnariat salarié a d’ailleurs un
impact positif sur la fi délisation des
salariés pour 73 % des entreprises.
“L’actionnariat salarié permet à
l’entreprise de trouver de nouvelles
ressources fi nancières, mais il porte
également des enjeux de pérennité,
de gouvernance et de stabilisation du
capital. Toutefois, le plus important
est le renforcement du lien entre les
salariés et l’entreprise” , résume Loïc
Desmouceaux. “L’actionnariat sala-
rié constitue un écosystème extrême-
ment vertueux : il renforce la gouver-
nance d’entreprise et permet de créer
une culture d’entreprise, y compris
chez les salariés des fi liales étran-
gères” , indique Xavier Collot.
Toutes ces vertus ne sont acces-
sibles qu’à la condition d’un très
fort engagement du management
à tous les niveaux. “C’est une condi-
tion de succès. Cet engagement doit
se retrouver dans la communication.
Il est essentiel que les collaborateurs
soient convaincus du bien-fondé de
l’actionnariat salarié” , souligne
Frédéric Mathieu.
Plus petites, plus frileuses
De plus en plus répandu dans les
structures importantes, l’action-
nariat salarié est plus diffi cile à
mettre en place dans les petites
entreprises, qui ne connaissent pas
forcément ce dispositif ou ne pen-
sent pas à le mettre en place. “Pour
celles qui le connaissent, les freins
à sa mise en place sont la commu-
nication de certaines informations
aux actionnaires, la gouvernance
- la peur d’une perte de pouvoir de
la part du management – ou encore
la transmission de l’entreprise. Or, il
est important de savoir qu’en cas de
transmission d’une société, les salariés
peuvent justement s’avérer être une
solution positive”, explique Olivier
de Fontenay. “Il existe de nombreux
mécanismes permettant d’associer les
petits budgets. L’actionnariat salarié
concerne toutes les catégories d’em-
ployés, ce qui explique sa popularité.
Nos axes de croissance concernent
les petites entreprises qui cherchent
à grandir, mais aussi à attirer et
retenir des talents grâce à une poli-
tique d’avantages sociaux revisitée”,
indique Xavier Collot. Trois mil-
lions et demi de salariés détien-
nent des actions de leur entreprise,
essentiellement de grands groupes
cotés ou non cotés. “Cependant, il
existe encore des progrès majeurs à
faire dans les PME et les ETI. C’est
l’ambition de la loi Pacte”, admet
Xavier Collot.
L’impact de Pacte
La future loi Pacte a effectivement
pour ambition de favoriser encore
davantage l’actionnariat salarié. Le
forfait social auquel étaient assu-
jetties les entreprises va baisser
pour passer de 20 % à 10 %. En
outre, la décote offerte aux salariés
sur les actions détenues au moins
5 ans sera désormais de 30 % au
lieu de 20 %, et de 40 % au lieu de
30 % pour celles bloquées pendant
au moins 10 ans. Last but not leastLast but not leastLast but not least , ,
l’employeur pourra effectuer un
abondement unilatéral, même si
le salarié n’a pas souscrit d’ac-
tions dans son dispositif d’épargne
salariale.
Des mesures saluées par l’ensemble
de la profession. “L’abaissement du
forfait social aura un impact posi-
tif pour les entreprises ayant déjà
un abondement et qui envisageront
peut-être d’augmenter son plafond” ,
commente Olivier de Fontenay.
“Nous nous réjouissons des avancées
de la loi Pacte car il n’y avait pas eu
de progrès en la matière depuis 12
ans. L’aspect le plus révolutionnaire
est la mise en place d’un abondement
unilatéral, qui va fortement favori-
ser l’actionnariat salarié”, note Loïc
Desmouceaux, qui poursuit : “la loi
Pacte va permettre d’élargir le champ
de l’épargne salariale et de l’actionna-
riat salarié”.
L’œil de l’AMF
Attention cependant à ne pas
mettre tous ses œufs dans le même
panier! En cas de retournement
de l’activité de l’entreprise ou de
la conjoncture économique, les
actions risqueraient de chuter et
des salariés de perdre une part
plus ou moins importante de leur
épargne. “En cas de turbulences
dans l’entreprise, le risque de perte
de capital pour les salariés est amorti
d’une part en raison de la décote de
départ sur l’action, d’autre part grâce
à l’abondement de l’employeur et aux
versements de dividendes. Il existe par
ailleurs des opérations d’actionnariat
salarié à effet de levier garantissant le
capital. En outre, l’AMF est extrême-
ment vigilante sur la manière dont
communique l’entreprise qui met en
place un plan d’actionnariat salarié” ,
tempère Xavier Collot.
“L’année 2018 s’annonce comme un
grand cru pour l’actionnariat salarié.”
Olivier de Fontenay, Eres Groupe.
“L’actionnariat salarié concerne toutes
les catégories d’employés, ce qui
explique sa popularité.”
Xavier Collot, Amundi.
Finance
Les salariés
intéressés aux
bénéfi ces de la
société se montreront
également plus
motivés et davantage
fi dèles
Les fonds communs de placement
d’entreprise (FCPE) sont des fonds de
placement dédiés aux salariés d’une
entreprise. Ils sont gérés par un
organisme de placement collectif en
valeurs mobilières de l’épargne sala-
riale. Le FCPE est généralement mis
en place dans le cadre d’un accord de
participation ou d’un plan d’épargne
salariale (PEE, PEI, PERCO). Il peut
s’agir soit de FCPE “diversifi és”, com-
posés d’un panier de valeurs, sans
qu’aucune valeur ne soit surrepré-
sentée, soit de FCPE “d’actionnariat
salarié”, composés pour plus d’un
tiers de titres de l’entreprise.
Ses contenus varient selon l’orienta-
tion de gestion du fonds. Ce peut être
des titres du marché monétaire, des
actions de la zone euro ou des actions
internationales, des obligations, ou
bien un panachage de ces différentes
valeurs. L’épargnant, selon ses choix
et le niveau de son investissement,
détient un certain nombre de parts
d’un ou plusieurs FCPE. Chaque
fonds a reçu l’agrément de l’Autorité
des marchés fi nanciers (AMF).
Chaque FCPE est doté d’un conseil de
surveillance qui se réunit au moins
une fois par an. Le conseil de sur-
veillance est chargé notamment de
l’examen de la gestion fi nancière,
administrative et comptable du
fonds. “Le FCPE va accueillir toutes
les souscriptions des actionnaires :
cela permet de simplifi er les rela-
tions avec eux, notamment dans les
grands groupes où il serait diffi cile
de gérer la relation directe avec des
milliers d’actionnaires individuels” ,
précise Olivier de Fontenay, associé
fondateur d’Eres Groupe. “Le FCPE
va représenter tous les salariés dans
un organe de gouvernance unique :
le conseil de surveillance” , ajoute
ce dernier. Les salariés seront égale-
ment représentés dans les conseils
d’administration ou de surveillance
des entreprises.
“Le FCPE permet de
simplifi er les relations
avec les actionnaires,
notamment dans les
grands groupes”
DOSSIERS
La loi Pacte va
permettre d’élargir le
champ de l’épargne
salariale et de
l’actionnariat salarié
Le Plan d’épargne entreprise (PEE) est
un système d’épargne collectif qui per-
met aux salariés de se constituer un
portefeuille de valeurs mobilières avec
l’aide de leur entreprise. Les versements
de l’employé peuvent être complétés
par des contributions de l’entreprise,
appelées “abondements”. Les sommes
versées sur un PEE sont bloquées pen-
dant au moins 5 ans, sauf cas de déblo-
cage anticipés prévus par la loi. Le PEE
peut être mis en place au niveau de
plusieurs entreprises n’appartenant
pas au même groupe, il devient alors
un PEI (plan d’épargne interentreprise).
Il concerne tous les salariés d’une entre-
prise. Cette dernière peut exiger une
condition d’ancienneté de trois mois
maximum. Il est possible de conserver le
PEE sous certaines conditions en cas de
rupture du contrat de travail (démission,
licenciement, retraite, pré-retraite).
Les salariés reçoivent un livret d’épargne
salariale présentant les différents dispo-
sitifs mis en place au sein de l’entreprise.
Ils peuvent alimenter leur PEE avec des
sommes issues de l’intéressement, de la
participation, du compte épargne temps
(CET), de versements volontaires ou de
sommes issues du transfert d’autres
plans d’épargne salariale (sauf Perco).
Les versements volontaires sont pla-
fonnés à 25 % de la rémunération
annuelle brute. Le règlement du PEE
peut prévoir un versement minimum
annuel de 160 euros. Le PEE peut être
alimenté par des abondements de
l’entreprise. Toutefois, l’abondement
ne peut dépasser trois fois le montant
versé par le salarié, ni être supérieur à
3 178,56 euros. L’abondement peut aller
jusqu’à 5 721,41 euros si vous investis-
sez dans des actions ou des certifi cats
d’investissement émis par l’entreprise.
Les sommes versées sur le PEE peuvent
être investies dans les actions de l’entre-
prise, dans des parts de SICAV ou dans
des FCPE (voir encadré). Les plus-values
de cession ou de rachat de titres dans le
cadre du PEE sont exonérées d’impôts
sur le revenu, mais sont soumises aux
prélèvements sociaux.
Le PEE permet
aux salariés de
se constituer un
portefeuille de valeurs
mobilières
Les fonds d’actionnariat salarié
ont atteint 51 Mds fi n juin 2018
(+ 4% sur un an). Les fonds d’ac-
tionnariat salarié ont collecté près
de 2 Mds au 1er semestre 2018,
contre 1,3 Mds pour la même
période 2017. Source : AFG.
Le montant souscrit par salarié
a atteint 6 097 en 2017 dans le
SBF120.
Source : Eres
Chiffres Chiffres clés
Qu’est-ce que le PEE ?Qu’est-ce que le PEE? FCPE, des fonds de placement dédiés aux salariésFCPE, des fonds de placement dédiés aux salariés