Les Echos - 09.03.2020

(Steven Felgate) #1

Les Echos Lundi 9 mars 2020 ENTREPRISES// 19


Philippe Bertrand
@Bertra1Philippe


Auchan paie encore le coût de sa
retraite d’Italie. Le distributeur a
annoncé vendredi 1 milliard
d’euros de pertes nettes, après
946 millions en 2018. Le groupe
nordiste a comptabilisé sept mois
de pertes pour sa filiale transal-
pine, une moins-value de cession
et l’augmentation de capital équi-
valente à deux années et demie de
pertes que le repreneur Conad a
exigée.
Le groupe a compensé par des
économies de coûts, la suppres-
sion des dividendes versés aux
actionnaires de l’Association fami-
liale Mulliez et le fruit de la cession
de 51 % de sa banque Oney à BPCE
pour une valeur estimée à 250 mil-
lions d’euros. Il bénéficie aussi de
l’apport d’environ 300 millions
d’euros de résultat opérationnel de
Sun Art, sa filiale chinoise cogérée
avec Alibaba. La foncière Ceetrus
apporte, elle, 404 millions d’excé-
dent brut d’exploitation (Ebitda),
en hausse de 7 %.


Le président du directoire, Egard
Bonte, a estimé pour autant devant
la presse que l’entreprise était « au
rendez-vous de ses objectifs ». De fait,
Auchan Holding, la structure de
tête qui regroupe Auchan Retail et
Ceetrus, a dégagé un résultat
d’exploitation de 838 millions
d’euros, contre un déficit de
183 millions l’an passé. La branche
distribution – Auchan Retail,
l’essentiel de l’activité – a augmenté
son excédent brut d’exploitation de
227 millions, à 1,8 milliard d’euros.
Le taux de marge remonte à 4 %
après un creux à 3 % en 2018.
L’objectif est de 6 % en 2022.
Le nouveau dirigeant a optimisé
le coût des opérations et baissé les
charges. Quelque 21 magasins ont
été cédés ou fermés en France. Le
taux de marge commerciale a
gagné 1,1 point, à 23,6 %.

Partenariats
Auchan n’est cependant pas porté
par une dynamique commerciale.
Le chiffre d’affaires s’est érodé de
1,4 % au global, à 45,8 milliards
d’euros, et a reculé de 2 % dans
l’Hexagone. « Certains de n os hypers
affichent des progressions de 8 %, a
relativisé Edgard Bonte. Mais nous
nous préparons à travailler avec
moins de volumétries et plus de qua-
litatif. » L’enseigne suit les tendan-
ces de consommation en faveur de
produits meilleurs et plus sains. A
terme, les hypermarchés se prépa-
rent à l’accueil de producteurs
locaux à hauteur de 20 % de leur
assortiment.
Auchan Russie, affecté par des
malversations et où le modèle de
grandes surfaces discount attire
moins la clientèle, a perdu 5 % de
chiffre d’affaires.

Le président d’Auchan main-
tient son cap sur une offre p lus res-
treinte et mieux sélectionnée. Les
tests de partenariat avec des ensei-
gnes de la galaxie Mulliez (Boulan-
ger, Cultura, Electro Dépôt en
France, Decathlon en Ukraine) se
poursuivent. « Les résultats
varient, reconnaît le président.
Quand on apporte un Boulanger à
Beauvais dans une zone où il n’y a
pas de spécialiste de ce type, cela
fonctionne très bien. En revanche,
Cultura n’a pas trouvé sa clientèle à
Bagnolet [à l’est de Paris, NDLR]. »
Edgard Bonte poursuit donc sa
réforme d’A uchan sans virage stra-
tégique majeur en dehors de l’offre.
Il n’a pas l’intention de céder la Rus-
sie. « Nous n’entendons pas nous
développer dans l’hyperproximité en
dehors de l’e-commerce, a-t-il ajouté.
Sur ce marché [où règnent Carre-
four et le groupe Casino, avec
Monoprix et Franprix, NDLR], il
existe déjà des surcapacités. »n

DISTRIBUTION


Le distributeur paie
encore le prix
de la cession
de sa filiale italienne.


Mais son résultat
d’exploitation
remonte, y compris
en France,
où les ventes ont
pourtant reculé de 2 %.


Auchan vend moins


mais gagne davantage


Dernier remous avant le bouclage
de la vente ou réelle redistribution
des cartes? L’information a percé
qu’A ldi n’était plus en négociations
exclusives avec Casino pour la
reprise de Leader Price. L’expert
Olivier Dauvers l’a écrit sur Twitter.
Un porte-parole du groupe Casino
confirme aux Echos que « le groupe
Casino poursuit son projet de ces-
sion de Leader Price et étudie
actuellement l’offre d’Aldi ainsi que
celles d’autres acteurs ». La période
des négociations exclusives se
serait achevée à la mi-décembre.


Rachat des franchisés
« Les Echos » avait révélé à la mi-
septembre 2019 que dans le cadre
de son plan de cession d u 20 juin, le
groupe de Jean-Charles Naouri
avait engagé la vente de Leader
Price et que le discounter alle-
mand était sur les rangs. Les deux
parties étaient entrées en négocia-
tions exclusives. Le mandat avait
été donné à BNP Paribas. Le distri-
buteur espère plus de 600 millions
d’euros de la transaction, mais le
gain serait inférieur en net. La
chaîne qui a réalisé un chiffre
d’affaires de 2,5 milliards d’euros
en 2018 e xploite environ
700 magasins, dont une bonne


DISTRIBUTION


Le discounter
allemand
ne souhaiterait pas
reprendre
tous les magasins.


Casino n’est plus en


négociations exclusives


avec Aldi pour la vente


de Leader Price


part de franchisés. Or Aldi
n’exploite pas son enseigne en
franchise. Casino a donc procédé à
des rachats. Le groupe a repris en
décembre 198 points de vente à la
famille Zouari, son plus gros fran-
chisé, pour l’essentiel des Leader
Price. Une opération qui, selon nos
informations, aurait coûté e nviron
50 millions d’euros. Il faudra donc
déduire le prix d’achat des franchi-
sés du montant de la vente de la
chaîne.

Pour l’heure rien n’est vendu.
L’affaire devait pourtant se boucler
en cinq ou six semaines. Les analys-
tes ont souligné lors de la sortie de
Rallye, le holding de Casino, de la
procédure de sauvegarde, lundi, le
retard des cessions effectives.
La rumeur de marché dit
qu’Intermarché et Lidl, le concur-
rent allemand d’Aldi, pourraient de
nouveau convoiter Leader Price.
L’enseigne des Mousquetaires
dément. Selon nos informations,
Aldi tient toujours la corde, même
s’il ne veut pas reprendre tous les
points de vente. L’opération pour-
rait se finir par une vente à la
découpe.
—P. B.

La rumeur de marché
dit qu’Intermarché
et Lidl, le concurrent
allemand d’Aldi,
pourraient
de nouveau convoiter
Leader Price.

L’enseigne suit
les tendances
de consommation
en faveur de produits
meilleurs
et plus sains.

A terme,
les hypermarchés
se préparent
à l’accueil de
producteurs locaux
à hauteur de 20 %
de leur assortiment.
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