Les Echos - 09.03.2020

(Steven Felgate) #1
18 ans pourrait représenter une fac-
ture annuelle de 21 à 26,7 millions
d’euros pour la ville, selon l’Institut
Montaigne. Soit moins que les
40 millions d’euros avancés par
l’actuel premier adjoint, Emmanuel
Grégoire.
Anne Hidalgo prévoit aussi de
consacrer 2,5 milliards d’euros à
l’espace public, avec un double-
ment de l’enveloppe annuelle con-
sacrée à la propreté, qui passerait à
1 milliard d’euros.
Très a ttaquée sur l’augmentation
de l’endettement (+2 milliards
d’euros entre fin 2014 et début
2020), elle affirme vouloir « stabili-
ser la dette sur la durée de la manda-
ture » en cas de réélection sans tou-
cher aux impôts locaux.


  • RACHIDA DATI^
    RÉDUIRE LA DETTE, COÛTE
    QUE COÛTE
    Passée en tête dans les sondages,
    Rachida Dati se fait fort de rame-
    ner « la dette à zéro sur la manda-
    ture », sans augmenter les impôts
    locaux. Mais pour l’Institut Mon-
    taigne, « à fiscalité constante », cette
    proposition « n’apparaît pas réaliste
    à l’horizon de la prochaine manda-
    ture ». « Dans le scénario le plus
    rigoureux », c’est « un peu moins de
    la moitié » de la dette qui pourrait
    être remboursée, estime le think


tank. « La dette zéro en un mandat
serait très compliquée, mais l’objectif
est atteignable en deux si la Ville se
sépare de certains actifs non stratégi-
ques », lui a répondu l’équipe de la
candidate LR.
Parmi les mesures phares de l’ex-
garde des Sceaux, la proposition
d’allouer une aide annuelle de
1.200 euros pendant trois ans pour
chaque nouvel enfant coûterait
entre 21,8 et 32,7 millions d’euros
par an, selon l’Institut Montaigne.
Sa promesse d’abaisser le montant
maximum du prix des repas scolai-
res de 7 à 3,50 e uros est, elle, chiffrée
à environ 23 millions d’euros par an
(17 millions selon l’équipe de
Rachida Dati).


  • AGNÈS BUZYN^
    300 MILLIONS DE DÉPENSES
    NOUVELLES, 300 MILLIONS
    D’ÉCONOMIES
    Alors que son projet a été expurgé du
    projet pharaonique porté par Benja-
    min Griveaux d’un « Central Park
    parisien » sur le site de la gare de
    l’Est, Agnès Buzyn annonce 7,2 mil-
    liards d’euros d’investissements sur
    la mandature.
    Comme ses rivales, l’ex-ministre
    de la Santé promet de ne pas aug-
    menter les impôts. Elle s’engage éga-
    lement à ne pas gonfler la dette. Les
    300 millions d’euros de dépenses


nouvelles prévues dans son pro-
gramme proviendront de 300 mil-
lions d’euros d’économies réalisées
sur les frais de personnel et les char-
ges générales.
Dans le détail, l’ancien ministre de
la Santé allouera 100 millions
d’euros supplémentaires à la solida-
rité et 40 millions à la propreté. Elle
mettra aussi 80 millions d’euros en
plus sur la table pour la sécurité. La
mise en place d’une force de police
municipale armée de 5.000 hom-
mes – via le recrutement de 1. 600
agents supplémentaires – est éva-
luée à 81,5 millions d’euros par l’Ins-
titut Montaigne et à 72 millions par
l’équipe d’A gnès Buzyn.
—L. T.

A Paris, le coût des projets des trois favorites


Après les promesses, le temps des
premiers chiffrages des program-
mes est (enfin) venu pour les candi-
dats à la mairie de Paris. Anne
Hidalgo, la maire socialiste sor-
tante, et Agnès Buzyn, la nouvelle
tête de liste de La République En
marche, ont toutes les deux dévoilé
la semaine passée leur cadrage
budgétaire. A moins d’une semaine
du premier tour, Rachida Dati, la
candidate Les Républicains n’a, elle,
toujours pas donné de détail sur le
financement de son projet.



  • ANNE HIDALGO
    UNE MESURE À 22 9 MILLIONS
    D’EUROS POUR LE VÉLO
    « Nous avons refusé de faire de
    l’investissement une variable d’ajus-
    tement », a affirmé Anne Hidalgo. Si
    elle est réélue fin mars, elle promet
    8,5 milliards d’euros d’investisse-
    ments sur la prochaine mandature.
    Sur c ette somme, 3 milliards
    d’euros iront au logement et à la
    rénovation thermique du parc
    social et des copropriétés privées.
    Partie en campagne avec un pro-
    gramme très vert, la maire consa-
    crera 1 milliard d’euros aux mobili-
    tés. Selon l’Institut Montaigne, ses
    mesures en faveur du vélo (pistes
    cyclables, places de stationnement,
    subvention à l’achat d’un vélo
    neuf) coûteraient 229 millions
    d’euros. Un chiffre « plus élevé que
    les 150 millions d’euros du plan de la
    mandature précédente, mais loin du
    montant de 350 millions d’euros
    avancé par l’équipe de la candidate »,
    souligne le think tank.
    Autre promesse très tôt mise en
    avant dans la campagne, l’exten-
    sion de la gratuité des transports en
    commun à tous les Parisiens de 12 à


En cas de réélection, Anne
Hidalgo, la maire socialiste
sortante, prévoit
8,5 milliards d’euros
d’investissements. Agnès
Buzyn, la candidate d’En
marche, porte un projet
à 7,2 milliards d’euros
d’investissements sur la
mandature. Rachida Dati
(LR) reste discrète sur le
coût de son programme.


question de la qualité de vie ne
peut pas être occultée, même si le
vrai débat sur l’environnement et
la mobilité est déplacé à l’échelle
de la métropole. Là, le bouclage de
l’Anneau des sciences – le périphé-
rique lyonnais – vampirise la cam-
pagne et divise fortement les can-
didats métropolitains. La création
de nouvelles lignes de métro et de
tramway est en revanche très con-
sensuelle.
Dans la ville centre, pour limiter
l’usage de la voiture, Etienne Blanc
propose de baisser de 30 % le coût
des abonnements au réseau de
transports en commun. Ce qui
entraînerait un manque à gagner
d’au moins 25 millions pour le
Sytral. Nathalie Perrin- Gilbert, q ui
présente une liste « citoyenne » de
gauche, prône, elle, la gratuité, soit
un coût évalué à 320 millions
d’euros.

Piscines et gymnases
Chez EELV, ce sont les modes
doux, notamment le vélo, qui ont
les faveurs du candidat. S’il est
élu, Grégory Doucet veut sourcer
plus de 50 % des matières pre-
mières des cantines au plus près
de la ville – une autre manière de
combattre le trafic routier. Il veut
aussi 100 % de bio à l’horizon


  1. Il en coûterait 8,2 mil-
    lions d’euros.
    Toujours en lien avec l’explo-
    sion démographique, les candi-
    dats mettent l’accent sur les
    futurs équipements collectifs.
    Pour Nathalie Perrin-Gilbert, il
    est nécessaire de créer 400 places
    de crèches sur le prochain man-
    dat. Un budget estimé à 8,4 mil-
    lions d’euros par an.
    Georges Képénékian en pro-
    met, lui, 500. Il annonce aussi
    2 piscines et 11 gymnases, ce qui
    mobiliserait plus de 100 millions
    d’euros d’investissement.n


Françoise Sigot
—Correspondante à Lyon

Rodéos nocturnes en centre-ville,
sentiment de peur, petite délin-
quance : à entendre les complain-
tes des Lyonnais lors des réunions
politiques qui jalonnent la campa-
gne des municipales, la sécurité
serait un point de préoccupation
majeur dans la troisième ville
française. Le message n’échappe
pas aux candidats qui versent
dans l a surenchère. Etienne Blanc,
le candidat Les Républicains, pro-
met de porter les effectifs de la
police municipale à 600 agents,
contre 355 actuellement. Le coût
du recrutement de 245 policiers
supplémentaires serait
de 14,4 million d’euros.
Yann Cucherat (La République
En marche) fait une promesse de
45 policiers supplémentaires
affectés à une brigade de nuit qu’il
s’engage à créer. Le candidat dissi-
dent LREM Georges Képénékian
se place dans son sillage avec une
progression des effectifs de 10 %,
soit un budget de 1,8 million
d’euros, selon l’Institut Montai-
gne. Seul Grégory Doucet, le can-
didat d’Europe Ecologie Les Verts
et favori des sondages, reste un
peu en retrait du débat en prônant
plutôt « un redéploiement » des
effectifs de policiers municipaux
vers des brigades équestres et à
vélo. Dans une ville qui a gagné
20.000 habitants en cinq ans, la

Police municipale XXL,
patrouilles de nuit,
brigades équestres
et à vélo : les propositions
sécuritaires font florès
entre Saône et Rhône.
En marge de ce débat
majeur viennent
la mobilité et les équipe-
ments collectifs.

Lyon, théâtre


d’une surenchère


sécuritaire


Laurent Thévenin
@laurentthevenin


Ce n’est pas le sujet sur lequel les
candidats aux municipales se sont
le plus attardés pendant la campa-
gne. A moins d’une semaine du
premier tour, beaucoup d’entre
eux restent discrets sur le coût de
leurs promesses électorales.
Comme en 2014, l’Institut Montai-
gne a ausculté les programmes des
principaux candidats dans les plus
grandes villes (Bordeaux, Lille,
Lyon, Marseille, Montpellier, Nan-
tes, Nice, P aris, Rennes, Strasbourg
et Toulouse) et chiffré certaines
mesures.
Verdict du think tank : « Nous
n’avons pas relevé de projets déli-
rants qui iraient à l’encontre de la
santé financière des villes, même si
quelques projets très coûteux en
matière de verdissement ou encore
de transport sont à signaler », note
Victor Poirier, directeur des publi-


cations. Les postulants au poste
de maire se montrent donc rai-
sonnables, alors que les finances
des onze communes de plus de
200.000 habitants se sont dans
l’ensemble a ssainies au cours d e la
mandature qui s’achève, selon
l’Institut Montaigne. Entre 2014
et 2018, les dépenses ont aussi
baissé partout – sauf à Nice –, sous
le double effet des moindres dota-
tions de l’Etat et du transfert à
l’échelon métropolitain de nom-
breuses compétences.

Une campagne « sur
les priorités du quotidien »
« Nous nous attendions à voir, dans
les programmes, plus de grands pro-
jets. Mais cette campagne est plus
orientée sur les priorités du quoti-
dien comme la sécurité, la mobilité
et les enjeux environnementaux.
Elle est aussi beaucoup plus tournée
vers les plus jeunes que vers les
seniors », résume Victor Poirier.
Certaines promesses de nouveaux
parcs ou de « forêts urbaines »,
comme à Strasbourg ou à Lille, se
chiffrent à plus de 100 millions
d’euros. Outre de nombreuses pro-
positions sur la gratuité des trans-
ports en commun, il est fréquent

le projet de la troisième ligne de
métro. Des dossiers colossaux sur
le plan financier que les préten-
dants au poste de maire font figu-
rer en bonne place dans leurs pro-
grammes mais qui sont en fait du
ressort des métropoles.
Autre tendance signalée par
l’Institut Montaigne : la thémati-
que budgétaire n’est pas un sujet
central en 2020. « Il n’y a que très
peu de propositions financières,
comme des mesures d’exonérations
fiscales ou d e non-augmentation des
impôts locaux », remarque Victor
Poirier. Exception marquante, la
promesse choc de Rachida Dati, la
tête de liste Les Républicains à
Paris, de « ramener à zéro » la dette
de la capitale.
Les candidats mettent peu en
avant leurs éventuels projets d’éco-
nomies, des mesures moins par-
lantes électoralement. Les futurs
maires ont cependant en tête qu’ils
devront gérer sous forte con-
trainte. Avec la contractualisation
passée avec l’Etat ces dernières
années, les grandes collectivités
locales ne doivent plus voir leurs
dépenses de fonctionnement aug-
menter de plus de 1,2 % p ar an, sous
peine de sanction financière.n

ÉLECTIONS


2020


MUNICIPALES


La dette de la Ville de Paris s’élèvait à 5,9 milliards d’euros à la fin 2019. Photo Lionel Bonaventure/AFP

lL’ Institut Montaigne a examiné les programmes des principaux candidats


dans les onze plus grandes villes françaises.


lL’ heure n’est pas aux dépenses insensées. Mais certains projets


de verdissement ou de transport sont très coûteux, prévient le think tank.


Les promesses des candidats des plus


de retrouver des plans vélo appe-
lant plusieurs dizaines, voire plu-
sieurs centaines de millions
d’euros d’investissements, comme
à Paris, B ordeaux ou Toulouse. Pas
une ville non plus où la question
d’un renforcement des effectifs de
la police municipale ne soit sur la
table. Grand classique des munici-
pales, les créations de places en
crèche figurent toujours au menu.

C’est le cas aussi des infrastruc-
tures de transport, avec, par exem-
ple, une surenchère de proposi-
tions à Rennes (lignes de tramway
sur roues, « RER métropolitain »,
bus autour de la rocade) ou la
volonté affichée par plusieurs can-
didats à Toulouse de faire aboutir

Les candidats
mettent peu en avant
leurs éventuels
projets d’économies.

Les futurs maires ont
cependant en tête
qu’ils devront gérer
sous forte contrainte.

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PODCAST LA STORY
« Municipales à Paris :
un fauteuil pour trois » dans le
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d’actualité des « Echos ».

FRANCE


Lundi 9 mars 2020Les Echos

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