Les Echos - 09.03.2020

(Steven Felgate) #1

38 // Lundi 9 mars 2020 Les Echos


CGG n’échappe pas au bouillon pétrolier
malgré ses bons résultats.

Une « tasse de science, un baril de prudence et un océan de patience »,
la prescription spirituelle de saint François de Sales pourrait servir de fil
conducteur à la renaissance de CGG, l’ex-Compagnie Générale
de Géophysique, plus habituée à sonder les profondeurs des sous-sols
pétroliers que les tréfonds des âmes. Le redressement du spécialiste
de la sismique n’a certes rien de miraculeux. Son sauvetage d’une quasi-
faillite a dilué 95 % des actionnaires il y a deux ans. Mais la rapidité
avec laquelle la barre a été redressée par le duo des deux ex-Schlumberger,
Sophie Zurquiyah à la direction générale et Philippe Salle à la présidence
du conseil, signe l’ajout d’un gros jerrican d’expérience. Les bons résultats
de 2019 marquent l’atteinte, avec deux ans d’avance, de presque tous
les objectifs financiers visés en 2021 et permettent d’aborder sereinement
les refinancements de dette à venir. Mais le nouveau modèle d’affaires,
en théorie capable de naviguer par tout temps, se trouve justement mis
à l’épreuve. Le baril d’or noir est passé sous le seuil des 50 dollars qui permet
à ses clients, les grandes majors, de financer à la fois investissements et divi-
dendes. Cette tempête a déjà eu raison du courage boursier : pourtant
meilleure performance des parapétroliers européens depuis deux ans,
le titre boit un bouillon généralisé (–30 % depuis le 20 janvier, parallèle
à la chute du brent).

Contre vents et marées


« Quand le mal est certain,
la plainte ni la peur ne change
le destin. » La Fontaine se rappelle
durement aux compagnies
aériennes touchées en plein vol
par le coronavirus. Environ 35 %
des liaisons court-courriers
européennes étant déficitaires,
la pandémie s’annonce
comme un accélérateur
de la consolidation, soulignent
les analystes de Citi.
Avec une chute moyenne
de 34 % des titres en B ourse
depuis le 20 février,
les investisseurs ont anticipé
parfois bien plus que le pire.
Le cours de Ryanair implique
dix-huit mois de recettes perdues,
celui d’e asyJet dix mois, calcule
la banque américaine.
Air France-KLM et Lufthansa
peuvent perdre entre deux
et deux mois et demi de revenus
avant de briser le plafond
d’une dette nette à 5 fois l’Ebitda.
Le britannique Flybe
ne sera pas le seul à tomber.

La Bourse anticipe un horizon très bouché pour le secteur aérien.
Une question d’optique

EssilorLuxottica confirme ses synergies et
propose de payer son dividende en actions.

Et si les guerres intestines au sommet faisaient du bien en décuplant
les énergies? A regarder les chiffres 2019, meilleurs qu’attendu,
d’EssilorLuxottica, on pourrait presque y croire. Le champion franco-
italien des verres et montures confirme ses objectifs de synergies
de moyen terme et se dit confiant quant au rachat de GrandVision.
Et si la projection de croissance des ventes 2020 se retrouve élargie
(de +3 à +5 %) pour cause de coronavirus, le haut de la fourchette
correspond au « consensus » des oracles boursiers avant l’épidémie.
Pourtant, les arbitres de la gouvernance devront éviter d’adopter trop
vite l’optique rose de cette histoire mouvementée de croissance externe
et interne, dans l’attente du nouveau management. Le propriétaire
de Ray-Ban et de Varilux va en effet réinvestir tout de suite une partie
des synergies promises au nom de sa croissance de long terme.
La focale du bénéfice opérationnel courant reste donc large elle aussi
(entre +2 % et +6 % pour 2020). La hausse du dividende (+9,3 %)
et la promesse d’une progression du cash-flow libre – stable en 2019
pour cause de fraude en Thaïlande – compenseront ce flou sur le taux
de marge, si l’option du paiement en actions n’est pas jugée inutilement
dilutive. Ce gâteau de 50 % du bénéfice (soit 970 millions d’euros
à répartir) bénéficiera au premier chef au principal actionnaire,
Leonardo Del Vecchio, fort de près d’un tiers du capital,
même si ses droits de vote sont plafonnés à 31 %.

// Budget de l’Etat 2020 : 39 9,2 milliards d’euros // PIB 2019 :2. 47 9,4 milliards d’euros courants
// Plafond Sécurité sociale :3.428 euros/mois à partir du 01-01-2020 // SMIC horaire : 10,15 euros à partir du 01-01-202 0
// Capitalisation boursière de Paris : 1.827,78 milliards d’euros (au 06-01-2020)
// Indice des prix (base 100 en 2015) : 10 3,55 en décembre 2020 // Taux de chômage (BIT) :8,6 % au 3e trimestre 2019
// Dette publique :2.415,1 milliards d’euros au 3e trimestre 2019

=
Les chiffres de l’économie

Folle descente


crible


EN VUE


Martine Vassal


S


i, en politique, certains doivent se
faire un prénom, Martine Vassal
a dû faire oublier ce que son nom
peut évoquer de « vassalité » à l’égard du
potentat vieillissant, qui, enfin, lâche un
pouvoir si longtemps gaspillé. L’écroule-
ment et les huit morts des immeubles de
la rue d’Aubagne furent l’illustration d ra-
matique d’une incurie coupable. Des
impôts locaux ahurissants ne réussis-
sent décidément pas à dompter les vrais
problèmes. En s’attaquant à la mairie du
Vieux-Port, espérons que la diplômée de
Sup de co Marseille ne cherche pas, à
57 ans seulement, le pouvoir, mais aussi
l’efficacité. A elle de laver Marseille de sa
réputation, de donner à la plus b elle ville
du monde la place qu’elle mérite. Dans
cette cité maritime où un enfant sur
deux ne sait pas nager en sixième, faute
de piscines municipales, Vassal doit
remonter le courant.

Venue à la politique par « Jean-
Claude », ami de son père, maire adjointe
de 2001 à 2015, chargée des emplace-
ments publics, elle pourra difficilement
refuser sa part d’héritage. Elle le tente
pourtant à partir du bastion qu’elle s’est
constitué au conseil départemental. La
chute du « sulfureux » Jean-Noël Gué-
rini lui permit de sortir de l’ombre gaudi-
nesque en 2015. Faire basculer ce bastion
de la gauche f ut pour cette fille d ’un fabri-
cant de vêtements militaires son premier
fait d’armes. Elle aimerait qu’on le mette
davantage en avant. Avec « Challenges »,
elle s’agace : « On ne cesse de m’interroger
sur le bilan Gaudin. Qu’on m’interroge sur
le bilan Vassal, 98 % des promesses ont été
tenues. » Evidemment, c’est toujours
mieux quand on fait les questions...

(


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Forte chute à la Bourse de Paris



  • A la Bourse de Paris vendredi, le
    CAC 40 a dévissé de 4,14 %, à
    5.139,11 points, dans un volume
    d’échange très élevé de 7,6 milliards
    d’euros. Il s’agit de la plus forte
    baisse depuis le Brexit en 2016. Sur
    cinq jours, l’indice a reculé de
    3,22 %, profitant d’un début de
    semaine orienté à la hausse.
    Aux craintes de ralentissement
    mondial lié au coronavirus est venu
    s’ajouter le plongeon des prix du
    pétrole après l’échec des discus-
    sions à Vienne entre l’Opep et ses
    partenaires, dont la Russie. L’or
    noir a perdu 10 %.
    Les valeurs pétrolières ont de fait
    payé u n lourd tribut. TechnipFMC
    signe la pire performance avec un


plongeon de 8,07 %. Total, poids
lourd de la cote, a mieux résisté
avec un recul de 4,87 %. Airbus a
flanché de 7,63 %, deuxième plus
forte baisse de l’indice CAC 40.
Les valeurs bancaires ont elles
aussi été secouées. Elles pâtissent
des craintes de hausse du coût du
risque et de la baisse des taux. Le
rendement américain à 10 ans est
passé sous le 0,7 %, un plus bas his-
torique. Société Générale a
plongé de 6,08 %, BNP Paribas
a perdu 4,94 % et Crédit Agri-
cole 3,75 %.
Sur le SBF 120, Vallourec s’est
enfoncé de 14,06 %. Air France a
profité de la chute des cours du brut
en gagnant 3,33 %.
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