Le Monde - 07.03.2020

(Grace) #1

Theaster Gates pour héberger un musée pro-
téiforme, la Stony Island Arts Bank. Des nombreux
entrepreneurs qui revitalisent South Side, cet
enfant du quartier devenu plasticien est sans doute
le plus célèbre. Il y a une quinzaine d’années, il a
lancé Rebuild (« reconstruire »), une fondation qui
rachète et réhabilite des maisons abandonnées
pour loger les habitants les plus défavorisés. Dans
son musée, on retrouve aussi bien une série de
5 000 vinyles légués par Frankie Knuckles, le par-
rain de la house music, qu’une collection de
15 000  livres dédiés à la culture afro-américaine.
Lors de l’inauguration de la dernière exposition, en
septembre 2019, le public était nombreux à se
presser dans ce lieu à la fois artistique et politique
– Theaster Gates a réaménagé le jardin voisin en
un mémorial à Tamir Rice, un enfant de 12 ans tué
en 2014 par un policier de Cleveland alors qu’il
jouait avec un pistolet à billes. Au nord du parc, le
Musée des sciences et de l’industrie constitue un


point de départ idéal pour musarder dans Hyde
Park et Bronzeville, les coins les plus végétalisés et
bourgeois de South Side : ici, les avenues pro-
prettes respirent la prospérité, avec leurs berlines
électriques garées devant de vastes demeures en
brique avec porche, dont celle du couple Obama.
Hyde Park est aussi le siège du campus de l’univer-
sité, un ensemble de bâtiments néogothiques
accueillant de discrets musées privés qui tranchent
avec les imposantes institutions du centre-ville.
D’ici à quelques années, l’université devrait
construire un hôtel de luxe dans le campus...
De là, on peut facilement marcher jusqu’à la Robie
House, inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco
et signée par Frank Lloyd Wright, le père de l’ar-
chitecture américaine moderne. Longtemps fermé
pour rénovation, l’édifice est désormais ouvert aux
visiteurs. De style prairie, c’est une maison assez
basse, avec des toitures à larges pans inclinés et, à
l’intérieur, des espaces ouverts. À l’époque de sa
construction, en 1908, le client de Lloyd Wright,
Frederick C. Robie, travaillait pour la compagnie
de son père, implantée dans South Side. Plutôt
que de faire construire dans les quartiers chics du
nord, comme la plupart des Chicagoans aisés, il a
préféré rester ici, où il se plaisait tant, pour pro-
fiter de la vie sociale du campus. Un précurseur
à bien des égards.

Ci-dessous, la bibliothèque du Stony Island Arts
Bank et le Southside Community Art Center,
le plus ancien centre d’art afro-américain, sis
dans un bâtiment géorgien de la fin du xixe siècle.
En bas, la patinoire de Midway Plaisance,
devant l’université de Chicago, à Hyde Park.


CARNET PRATIQUE

À VOIR
DuSable Museum of African
American History
À l’écart des grandes artères,
cette institution un peu surannée
est un témoin indispensable
de l’histoire afro-américaine.
740 E 56th Pl. DUSABLEMUSEUM.ORG
The Renaissance Society
Cette galerie se mérite. Pour la trouver,
il faut pousser la porte en verre d’un
immeuble administratif et grimper au
4 e étage. La vaste salle d’exposition est
au fond du couloir. Fondée en 1915 par
un groupe d’universitaires, elle défend
les avant-gardes artistiques depuis ses
débuts – Matisse, Calder, Louise
Bourgeois, Anselm Kiefer, Georg
Baselitz y ont été exposés.
5811 S ELLIS AVE., COBB HALL, 4e ÉTAGE.
RENAISSANCESOCIETY.ORG
Smart Museum of Art
Située au cœur du campus de
l’université, cette institution propose
des expositions temporaires d’art
contemporain et une collection perma-
nente de 10 0 00 pièces, avec
des œuvres de Goya, Degas, Rodin,
Rothko ou Lloyd Wright.
5550 S GREENWOOD AVE.
SMARTMUSEUM.UCHICAGO.EDU
Southside Community Art Center
Expositions, concerts, conférences...
Le plus vieux centre d’art afro-
américain est installé dans un bâtiment
en brique rouge géorgien de la fin
du xixe siècle. Un témoin engagé
du quartier de Bronzeville.
3831 S MICHIGAN AVE. SSCARTCENTER.ORG

SE LOGER
Sophy Hyde Park
Dans le quartier de l’université et de la
maison des Obama (reconnaissable à
son grand sapin et à sa grille noire), cet
établissement est ancré dans la culture
de la ville. Chaque chambre est équi-
pée d’une platine vinyle, de disques de
jazz et de livres sur Chicago.
À PARTIR DE 155 € LA NUIT. 1411 E 53rd ST.
SOPHYHOTEL.COM

DÎNER
The Promontory
L’intelligentsia du quartier se presse
dans ce restaurant décontracté qui
propose des soirées jazz, house ou rap.
5311 S LAKE PARK AVE. W.
PROMONTORYCHICAGO.COM

Y ALLER
United Airlines propose des vols quoti-
diens à partir de 413 € l’A/R entre
Paris-CDG et Chicago-O’Hare. Pour
arriver en ville, le plus simple et écono-
mique est de prendre la ligne bleue du
train Chicago Transit Authority (CTA).

SE RENSEIGNER
L’Office de tourisme de Chicago.
CHOOSECHICAGO.COM

À LIRE
The South Side: A portrait
of Chicago and American
Segregation, de Natalie Y. Moore
(St. Martin’s Press). Cet ouvrage
essentiel paru il y a quatre ans retrace
la façon dont la ségrégation continue
de façonner Chicago. Paul d’Amato pour M Le magazine du Monde
Free download pdf