Le Monde - 05.03.2020

(Tina Meador) #1
EN VUE
LE MONDE·ARGENT
JEUDI 5 MARS 2020 | 3

Des offres (enfin) plus lisibles?


F


ace à une offre abon­
dante – plus de 450 as­
sureurs, mutuelles et
institutions de pré­
voyance proposent chacun plu­
sieurs gammes de contrats –, choi­
sir une complémentaire santé
n’est pas une sinécure. Base de
remboursement, tarif conven­
tionné, ticket modérateur... les ter­
mes utilisés par les organismes
dans leurs tableaux de garanties
sont souvent abscons.
« Avec la mise en place du
“100 % santé”, certains assurés
ont compris que l’on pouvait dé­
sormais se passer de mutuelle
pour certains soins. Or, c’est tout
le contraire. Preuve que la ré­
forme ne déroge pas à la règle de
la complexité », souligne Stépha­
nie Dangre, présidente du groupe
ALL, une centrale d’achat en opti­
que et de services.
Longtemps, les professionnels
ont joué sur la confusion entre
les remboursements effectués
par l’Assurance­maladie et les
leurs, et ont utilisé des pourcen­
tages de remboursement peu
compréhensibles pour les Fran­
çais. « Si les contrats ne sont pas
simples, c’est aussi parce que
l’assurance­maladie est un sujet
complexe. En dentaire, on dé­
nombre, par exemple, pas moins
de deux cents remboursements
différents », se défend Christo­
phe Harrigan, directeur de la
Mutuelle générale.

Quoi qu’il en soit, réforme
après réforme, les tableaux de
garanties se sont enrichis
d’options de plus en plus nom­
breuses pour devenir... de moins
en moins lisibles. Afin d’y remé­
dier, les organismes, par la voix
de leurs fédérations, se sont
engagés à les modifier pour en
faciliter la lecture. « Cette volonté
s’inscrit dans le cadre de la mise
en place du 100 % santé, pour
permettre aux assurés d’identi­
fier les garanties concernées par
la réforme », explique Pierre
François, directeur général de
SwissLife Prévoyance et Santé. Si
les établissements sont forte­
ment incités à le faire, ils n’en
ont toutefois pas l’obligation.

« Simulateur »
Concrètement, les fédérations
ont décidé d’harmoniser les
libellés des principaux postes de
garanties (soins courants, hospi­
talisation, optique, dentaire...)
entre tous les organismes. Sur­
tout, une quinzaine d’exemples
de soins doivent détailler les
montants de remboursements
en euros et de reste à charge pour
un assuré. Les établissements
doivent aussi développer des
outils sur leur site pour faciliter
la compréhension. « Nous avons
mis en place un simulateur qui
permet à nos clients de calculer ce
qu’il leur reste à payer pour
chaque soin, en fonction des

garanties proposées dans leur
contrat », indique pour sa part
Pierre François.
Cet effort de lisibilité, qui tou­
che à la fois les contrats indivi­
duels et collectifs, pourrait néan­
moins prendre du temps. « Nous
devons modifier la présentation
de plus de 22 000 contrats, cela ne
peut pas se faire du jour au
lendemain », confirme Catherine
Touvrey, directrice générale du
groupe Harmonie Mutuelle. Les
contrats « non responsables »
souscrits par les patients souhai­
tant payer leur mutuelle plus
cher pour bénéficier d’une
meilleure couverture (moins de
5 % du marché), pourront, eux,
être clarifiés jusqu’en 2022.
Autre avancée : les assureurs
vont devoir indiquer, au moment
de la souscription du contrat, le
pourcentage moyen de « redistri­
bution » à leurs clients. « Ce taux
représente un bon indicateur des
frais de gestion prélevés par l’éta­
blissement, mais aussi des marges
qu’il peut réaliser. En pratique,
plus il est élevé, plus il est favora­
ble aux adhérents », détaille
Catherine Touvrey. Cette mesure,
qui devrait entrer en vigueur
dans quelques mois, est deman­
dée depuis plusieurs années par
l’association de consommateurs
UFC­Que choisir. Cette dernière
déplorait en 2018 que ce taux de
redistribution baisse.
P. JA.

Faire baisser la note


de sa complémentaire


M


ême si, d’année en an­
née, le tarif des com­
plémentaires santé
grimpe, cette hausse
constante n’est pas une fatalité
pour votre budget. Car « il existe
des moyens de payer moins cher
ou de s’assurer une meilleure cou­
verture pour un prix identique »,
affirme Julien Fillaud, directeur
général du comparateur Hyper­
assur. Pour dépenser moins,
voilà quelques pistes à creuser
avec, à la clé, près de 20 % d’éco­
nomies sur vos primes.
Première bonne idée : soyez
infidèle! Inutile de regrouper tous
vos contrats d’assurances (mai­
son, automobile, santé...) chez le
même assureur, car il est peu pro­
bable qu’il soit expert partout
avec des tarifs intéressants. En­
suite, soyez opportuniste : faites
le tour du marché tous les deux
ans. « C’est le moyen de vérifier
que son contrat est toujours com­
pétitif et adapté à ses besoins, qui
peuvent avoir changé », selon
David Trohel, directeur des parte­
nariats et marketing produits
chez Santiane, courtier d’assuran­
ces en ligne. Une pratique encore
plus importante cette année, avec
l’entrée en vigueur des contrats
« 100 % santé ».

E-comparateurs et courtiers
En règle générale, le tarif de votre
couverture dépend de différents
paramètres – ainsi, plus vous êtes
âgé, plus vous paierez cher. A titre
d’exemple, chez Santiane, un
étudiant de 20 ans, trouvera un
contrat avec une couverture
santé moyenne à partir de
24,82 euros par mois, contre
107,66 euros par mois pour un
senior de 62 ans. Le prix du
contrat dépend aussi de la situa­
tion géographique. Logique, car
en région parisienne les dépasse­
ments d’honoraires sont nette­
ment plus fréquents que dans le
reste de la France. Pour reprendre

l’exemple précédent, si nos deux
profils habitaient Paris, ils de­
vraient respectivement débour­
ser 27,29 euros et 132,21 euros
chaque mois pour une couver­
ture identique.
Pour faire jouer la concurrence,
plutôt que de tenter de décrypter
les conditions générales indi­
gestes de différents contrats,
passez par un e­comparateur ou
un courtier. Souvent confondus,
ces deux types d’acteurs n’offrent
pourtant pas le même service.
Les premiers, comme Assurland,
Hyperassur, Le Lynx, les Furets ou
Meilleureassurances, ont signé
des partenariats avec une multi­
tude de mutuelles et assureurs.
Ils disposent des grilles tarifaires
de contrats de grands groupes
mais aussi de petits spécialistes
inconnus du grand public. « Ces
acteurs proposent souvent une
offre très compétitive pour certains
profils », constate Julien Fillaud.
Une fois votre profil renseigné, les
comparateurs sélectionnent les
contrats les plus adaptés et vous
donnent leurs principales caracté­
ristiques. Libre à vous de souscrire
votre préféré directement auprès
de la mutuelle ou de l’assureur par
le biais d’un lien.
Les courtiers en assurance,
comme 2A­Assurances de
l’Adour, A comme Assur et Santi­
ane, ne fonctionnent pas de la
même façon. Ils ont, en général,
moins de partenaires et, après
vous avoir présenté différents
contrats adaptés à votre profil,
enregistrent votre souscription si
vous décidez de souscrire par leur
intermédiaire. Bon à savoir : dans
les deux cas, votre démarche est
gratuite, car comparateurs et
courtiers sont rémunérés par
leurs partenaires.
Avant de débuter votre recher­
che, listez vos besoins pour trou­
ver une couverture santé efficace,
c’est­à­dire une dont la part de
remboursement comparée à vos

cotisations sera forte. Si vous ne
consultez qu’un seul spécialiste
par an, ne portez pas de lunettes
et ne prenez jamais de médica­
ments, un contrat de base vous
suffira largement.

Toujours les mêmes bases
Schématiquement, les différentes
formules des complémentaires
santé sont construites sur les mê­
mes bases. Le premier socle, qui
peut être souscrit seul, est consti­
tué de la garantie « hospitalisa­
tion », qui « prend en charge une
chambre individuelle, les dépasse­
ments d’honoraires et frais an­
nexes, comme l’accès à Internet, le
téléphone ou la télévision », souli­
gne Benjamin Maza, responsable
produits santé chez Hyperassur.
Deuxième brique de votre couver­
ture santé : la garantie « méde­
cine », qui prend en charge frais de
consultations et médicaments.
Puis ce sont les garanties « opti­
ques » et « dentaires », qui cou­
vrent plus ou moins bien le rem­
boursement de paires de lunettes,
prothèses ou consultations de
spécialistes. Un conseil si vous
cherchez à économiser : rognez
sur ces dernières en sélectionnant
un contrat « 100 % santé ».
Enfin, certaines complémentai­
res intègrent en plus la prise en
charge de la médecine douce,
« avec un forfait annuel de rem­
boursement pour, par exemple, la
consultation d’un ostéopathe ou
d’un acupuncteur », indique David
Trohel. Pour être bien couvert, au
tarif le plus raisonnable, à vous de
faire bouger tous les curseurs. Le
jeu en vaut la chandelle! A titre
d’exemple, un couple de 35 ans
avec deux enfants mineurs habi­
tant à Paris et cherchant une cou­
verture moyenne trouvera chez
Santiane des prix allant de
99,75 euros par mois, pour le con­
trat le moins cher, à 139,75 euros
par mois pour le plus coûteux.
MARIE PELLEFIGUE

Quelques pistes d’économies pour les particuliers, souvent
impuissants face à la hausse des tarifs de leur assureur ou mutuelle
Résilier plus facilement

son contrat


R


ester fidèle à son assu­
reur est rarement
payant. Changer de
contrat après plusieurs
années permet de réduire le
montant de ses cotisations,
assureurs et mutuelles se livrant
concurrence pour capter de nou­
veaux clients. Sauf que, pour
l’heure, résilier son contrat
s’apparente à un parcours du
combattant. La complémentaire
santé est reconduite chaque
année tacitement. Pour en chan­
ger, sauf à de rares exceptions, il
faut envoyer à son assureur une
lettre en recommandé au moins
deux mois avant l’échéance du
contrat (le 1er janvier ou à la date
de souscription, selon les cas).

A tout moment
Mais bientôt une nouvelle me­
sure permettra de résilier sa
mutuelle à tout moment dès la
première date d’anniversaire,
comme c’est déjà le cas depuis
2015 pour l’assurance automo­
bile, moto ou habitation, grâce à
la loi Hamon, et, depuis 2018,

pour l’assurance emprunteur.
« Cette réforme devrait favoriser
la concurrence et mettre en
lumière les tarifs pratiqués par
les établissements », estime
Emmanuel Sève, directeur d’étu­
des chez Precepta. Elle doit être
appliquée au plus tard le 1er dé­
cembre 2020, mais l’association
de consommateurs UFC­Que
choisir demande d’accélérer sa
mise en œuvre face aux hausses
élevées de cotisations consta­
tées cette année.
Cette mesure concernera à la
fois les contrats individuels et
collectifs souscrits dans tous les
établissements (mutuelles, as­
sureurs, institutions de pré­
voyance). En pratique, la résilia­
tion pourra être réalisée par
courrier ou par courriel. Elle
prendra effet un mois après que
l’assureur en aura reçu la notifi­
cation de la part de l’adhérent.
L’établissement devra alors
rembourser les cotisations ver­
sées en trop sous trente jours.
« De plus, le nouvel organisme
choisi pourra effectuer toutes les

formalités pour le compte du
client, en s’assurant de l’absence
d’interruption de sa couverture
santé », précise Yves Poquet, di­
recteur technique et produits
santé prévoyance à la Macif.

« Faire bouger les lignes »
Les établissements, mutuelles
en tête, se sont longtemps
opposés à cette mesure, en ce
qu’elle favorise la mobilité des
assurés et engendre des coûts
supplémentaires à assumer. « La
possibilité de résilier à tout mo­
ment ne devrait pas révolution­
ner le marché, mais elle pourrait
faire bouger les lignes et favoriser
les acteurs les plus compétitifs »,
juge ainsi Yves Poquet.
Reste à savoir si les consom­
mateurs vont parvenir à com­
parer les contrats santé entre
eux, les niveaux de garanties et
de remboursements restant
souvent opaques. Les organis­
mes se sont néanmoins enga­
gés à les rendre plus lisibles
depuis cette année.
P. JA.

Le 1er décembre 2020, au plus tard, les assurés pourront changer


de couverture, sans motif et sans frais, après un an d’engagement


30 ans d’investissement


dans les sociétés


à tr avers le monde


Comgest S.A est une société de gestion de portefeuilles réglementée par l’Autorité des Marchés Financiers et
dont le siège social est au 17, square Édouard VII, 75009 Paris. Comgest Asset Management International Lim-
ited est une société d’investissement (investment firm) réglementée par la Central Bank of Ireland et enregistrée
en qualité de Investment Adviser auprès de la Securities Exchange Commission aux États-Unis. Son siège social
est situé au 46 St. Stephen’s Green, Dublin 2, Irlande.

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