22 // ENTREPRISES Vendredi 21 et samedi 22 février 2020 Les Echos
mécénat
Martine Robert
@martiRD
Le cancer chez l’enfant, dont il
existe 60 types, est la deuxième
cause de mortalité dans les pays
développés, comme cela a été
rappelé lors de la journée inter-
nationale d’action du 15 février.
En France, 2.500 nouveaux cas
sont dénombrés chaque année.
Ces maladies sont souvent syno-
nymes d’isolement et de rupture
du lien social et scolaire, obsta-
cles à la guérison. D’où la néces-
sité d’apporter des solutions
concrètes, avant, pendant et
après le traitement.
C’est l’un des objectifs de la
Fondation La Roche-Posay.
Créée en 1995 sous l’égide de la
Fondation de France afin
d’encourager la dermatologie à
visée scientifique et humani-
taire en finançant de jeunes
chercheurs sur les quatre conti-
nents (plus de 130 projets soute-
nus), cette structure a lancé, en
2019, un programme dédié au
cancer pédiatrique.
« Nous nous impliquons aux
côtés des familles et des soignants,
pour améliorer la vie des petits
malades et optimiser leur accep-
tation des traitements », explique
Laetitia Toupet, présidente de la
Fondation La Roche-Posay et
directrice générale de la marque
de dermo-cosmétique d u
groupe L’Oréal.
Gestuelles douces
C’est avec Childhood Cancer
International, qui réunit plus de
170 organisations parentales,
associations d’enfants en rémis-
sion ou groupes d’entraide, que
la fondation a posé les bases de
ce programme. « Cela était cohé-
rent avec nos actions historiques
de sensibilisation au dépistage du
cancer de la peau, ou encore à cel-
les menées pour aider les patients
à corriger les effets cutanés des
traitements, à reprendre con-
fiance », poursuit la dirigeante.
Le programme de la Fonda-
tion La Roche-Posay comporte
trois volets. Le plus emblémati-
La Roche-Posay
au chevet
des enfants cancéreux
que, ce sont les « Massages
magiques ». Conçus comme des
gestuelles douces, imaginées
sur le principe des comptines
enfantines, des massages
enfants-parents permettent de
resserrer les liens fragilisés par
la maladie et de retrouver un
espace plus intime au sein d’un
quotidien très médicalisé. « Il
s’agit de recréer une connexion
émotionnelle tout en redonnant à
l’enfant le sentiment que son
corps est bien toujours vivant. Les
massages peuvent aussi être effec-
tués par le frère ou la sœur »,
explique Laetitia Toupet.
Visées internationales
Les formations des personnels
soignants à ce dispositif ont
débuté en septembre 2019 ou
sont en cours, dans plus de
20 établissements en France ;
90 % des centres dédiés à l’onco-
logie pédiatrique auront été for-
més cette année, et le déploie-
ment s’étendra aux services
spécialisés, comme les hôpitaux
de jour. A l’international, le pro-
gramme est décliné au Brésil.
Des avancées se concrétisent
aux Etats-Unis, en Russie, en
Allemagne, au Chili.
Le site Soutienenfantsetcan-
cer.fr est le second volet du pro-
gramme. Elaboré avec les asso-
ciations de parents, il tente de
répondre aux questionnements
multiples des familles d ès
l’annonce du diagnostic. Le troi-
sième volet, « Echelle des émo-
tions », se veut un outil simple
défini avec des spécialistes, pour
aider les enfants à exprimer leur
ressenti pendant les traite-
ments. « C’est particulièrement
compliqué pour les moins de cinq
ans, plongés dans un univers
médical inconnu et potentielle-
ment effrayant. Une communica-
tion enfant-parent-soignant plus
efficace favorise une meilleure
prise en charge globale », relève
encore Laetitia Toupet.
Présente dans 90 pays et
recommandée par 90.000 der-
matologues, La Roche-Posay est
la seule marque du groupe
L’Oréal à avoir sa fondation, ce
qui fait la fierté de ses salariés.
Cette structure de mécénat
entend toucher à terme 100 %
des enfants cancéreux.
4
À NOTER
L’association Imagine
For Margo se bat, elle,
pour accélérer la recherche
contre le cancer
des enfants. Plus d’infos
sur Lesechos.fr
« Massages magiques » est le volet le plus emblématique du
programme mis en place par la Fondation La Roche-Posay.
SANTÉ
Chaque année,
2.500 nouveaux cas
de cancers sont détectés
chez les enfants. La marque
de dermo-cosmétique
cherche à rompre l’isolement
dans lequel le traitement
plonge ces jeunes
et à recréer du lien
avec leurs proches.
du manganèse, un métal qui repré-
sente près de la moitié de l’activité
du groupe français. Cette chute n’a
pas été compensée par la hausse
plus modérée des prix du nickel de
l’ordre de 6 % en moyenne.
Le groupe en a d’autant moins
profité que les sites miniers en Nou-
velle-Calédonie ont été pertur-
bés au premier semestre par des
grèves dans le cadre du plan de sau-
vetage de sa filiale, la SLN. « Les fon-
damentaux ont été posés en 2019,
maintenant il faut que la SLN donne
des résultats. Elle a montré que c’est
possible : quand tout fonctionne, le
résultat est positif », détaille la PDG.
Les comptes d’Eramet ont égale-
ment pâti des déboires logistiques
liés à la mise en conformité de sa
filiale Aubert & Duval. La situation
devrait revenir à la normale cou-
rant 2020, promet Christel Bories.
Le groupe a aussi dû verser un
acompte d’impôts au Gabon, repré-
sentant une charge de 114 millions
d’euros.
Pour l’année qui vient, Eramet se
montre prudent. Le démarrage de
la mine de nickel à Weda Bay en
Indonésie s’annonce prometteur,
Etienne Goetz
@etiennegoetz
L’accueil à la Bourse de Paris a été
glacial. Jeudi, le titre d’Eramet est
tombé comme une pierre à l’ouver-
ture des marchés, cédant près de
14 % dès les premiers échanges.
Depuis le début de l’année, le
groupe minier recule de 27 %, la
pire performance du SBF120. En
cause? Le retour des comptes dans
le rouge.
Le spécialiste des métaux et de la
métallurgie a enregistré en 2019
une perte de 184 millions d’euros
contre un résultat net part du
MATIÈRES
PREMIÈRES
Le groupe minier
français a enregistré
une perte de 184 mil-
lions d’euros en 2019.
Eramet a subi de plein
fouet la chute des prix
du manganèse.
avec le portefeuille actuel de médi-
caments de Servier, très largement
constitué de produits matures for-
tement impactés par les baisses de
prix ou de génériques. Ces derniers
pèsent 30 % du chiffre d’affaires
(Biogaran en France). Et le groupe
réalise la moitié de son chiffre
d’affaires dans les pays émergents,
moins exigeants en termes d’inno-
vation.
Nouvelle acquisition
Mais l’objectif d’Olivier Laureau
depuis son arrivée en 2015 à la tête
du groupe est de changer ce posi-
tionnement pour en faire un labo-
ratoire de médecine de spécialités.
Or, il faut plus de dix ans pour déve-
lopper un médicament. Une telle
reconversion prend donc du temps.
Pour en gagner, Servier a racheté,
en avril 2018, l’activité oncologie du
britannique Shire, qui lui a apporté
à la fois des molécules e t un accès a u
marché américain, premier du
monde avec des prix élevés.
Mais cela ne suffira pas. Le diri-
geant a indiqué qu’il voulait réaliser
au cours de cet exercice une autre
acquisition. « Elle devra nous appor-
ter des produits déjà s ur l e marché ou
Catherine Ducruet
@CDucruet
Si l’attention du grand public pour
Servier est focalisée sur le procès
Mediator, l’entreprise continue en
parallèle son évolution. En dépit
d’une croissance de 10,5 % du chif-
fre d’affaires, à 4,6 milliards d’euros
pour un exercice clos au 30 sep-
tembre dernier, en phase avec les
5 milliards visés pour l’exercice
2019-2020, l’Ebitda n’est que de
518 millions.
Soit une marge de 11,5 %, qui est
plutôt celle d’un producteur de
génériques (10 à 25 %) que d’un
laboratoire pharmaceutique avec
des produits innovants (45 % en
moyenne). C’est assez cohérent
PHARMACIE
Les résultats
de l’exercice 2018-2019
traduisent l’écart entre
sa situation actuelle
et sa volonté de deve-
nir un laboratoire
innovant.
groupe de 53 millions un an aupa-
ravant. Le chiffre d’affaires a baissé
de 4 % à 3,67 milliards d’euros et le
résultat opérationnel courant s’est
effrité de 41 % à 341 millions d’euros.
Dans ces conditions, aucun divi-
dende ne sera proposé au titre de
l’année 2019.
Le manganèse
en chute libre
Le tableau financier est noir. La
PDG Christel Bories rappelle toute-
fois que le groupe a « réalisé des pro-
grès significatifs sur sa feuille de
route stratégique et opérationnelle,
mais tout s’est fait dans une conjonc-
ture qui s’est dégradée ». Malgré des
records de production battus dans
toutes les mines, Eramet a subi de
plein fouet le recul de 21 % des prix
mais dans l’immédiat, le groupe,
qui réalise 35 % de son chiffre
d’affaires en Chine, suit de près
l’évolution du coronavirus. « La
conjoncture est toujours très chahu-
tée. Nous ne savons pas ce qu’il va se
passer avec l’épidémie de coronavi-
rus. Pour le moment, aucune com-
mande n’a été annulée, a ucun b ateau
n’a pas pu charger ou décharger,
mais nous restons vigilants », relève
Christel Bories.
Le projet lithium
en Argentine suspendu
A plus long terme, Eramet enten-
dait se positionner sur l’ensemble
des métaux de la transition énergé-
tiques. A ce titre il avait lancé
en Argentine un projet de lithium,
l’un des ingrédients essentiels pour
la fabrication de batteries électri-
ques. « Notre projet lithium a passé
tous les jalons techniques, économi-
ques et réglementaires, l’usine pilote
a confirmé les rendements en condi-
tions réelles. Mais compte tenu du
contexte, notamment le contrôle des
changes, il nous est impossible de le
lancer aujourd’hui », prévient
Christel Bories.n
En perte, Eramet plonge en Bourse
Servier multiplie les projets de recherche
plus de 20 % de son chiffre d’affai-
res (hors génériques) en R&D
(743 millions en 208-2019, soit 23 %
du chiffre d ’affaires). « Nous
menons 32 projets de recherche avec
17 nouvelles molécules ayant des
mécanismes d’action originaux »,
explique Claude Bertrand, direc-
teur R&D du groupe.
Collaborations extérieures
Les deux molécules les plus avan-
cées sont en phase III des essais cli-
niques, avec un objectif de com-
mercialisation en 2022 pour
l’omecamtiv contre l’insuffisance
cardiaque, et en 2023 pour le
bumetanide contre l’autisme. Là
encore, rompant avec sa tradition,
Servier s’e st très largement ouvert
aux collaborations extérieures (il
en recense 47) aussi bien avec les
laboratoires académiques qu’avec
les biotechs, voire avec les grands
de la pharmacie, comme Amgen
ou Novartis. Mais il ne néglige pas
pour autant sa propre recherche
avec la construction, pour 350 mil-
lions d’euros, d’un nouveau centre
R&D à Saclay où il mise notam-
ment sur l’effet « cluster » pour sti-
muler son inventivité.n
La mine de nickel à ciel ouvert de Tiébaghi - SLN, en Nouvelle-Calédonie. Photo Eramet/SLN
3,67
MILLIARDS D’EUROS
Le chiffre d’affaires d’Eramet
en 2019, en baisse de 4 %
par rapport à 2018.
Fondation
La Roche-Posay
très proches de lui et renforcer à nou-
veau notre position outre-Atlanti-
que », a indiqué Olivier Laureau, en
affirmant avoir déjà des cibles, sans
pour autant donner d’ordre de
grandeur.
C’est pour avoir davantage
d’aisance financière que la société a
réalisé, dernièrement, un emprunt
de 400 millions de dollars aux
Etats-Unis. Propriété d’une fonda-
tion, le groupe ne peut en effet faire
appel à la Bourse, u ne limitation q ui
est le revers de sa capacité à mener
une stratégie de long terme.
De f ait, l’entreprise t ravaille aussi
à se constituer un pipeline. Depuis
2015, elle investit chaque année
L’objectif d’Olivier
Laureau, depuis
son arrivée en 2015
à la tête du groupe,
est de faire de Servier
un laboratoire
de médecine
de spécialités.