Les Echos - 21.02.2020

(vip2019) #1

Les Echos Vendredi 21 et samedi 22 février 2020 FINANCE & MARCHES// 33


Nicolas Rauline
@nrauline
— Bureau de New York


C’est le plus gros rachat par une
banque américaine depuis la crise
de 2008. Et il est révélateur de la
stratégie actuelle du secteur. Mor-
gan Stanley a offert 13 milliards de
dollars, en titres, pour mettre la
main sur le courtier en ligne
E-Trade. E-Trade apportera à la
banque d’affaires ses 5 millions de
clients, ses 360 milliards de dollars
d’actifs et son expertise dans la ges-
tion de fortune.
L’avenir d’E-Trade était incertain
après l’annonce de la fusion de deux
de s es plus g ros c oncurrents, Charles
Schwab et Ameritrade. Le premier
avait déboursé 26 milliards de dol-
lars pour acquérir le second. Une
concentration dictée par la guerre
des prix qui agite le secteur, Schwab
ayant s upprimé l es commissions s ur
les passages d’ordre sur les actions,
options et contrats à terme, pour
mieux rivaliser avec les start-up de la
fintech comme le pionnier Robin-
hood Markets. Les autres, dont
E-Trade, lui avaient alors emboîté le
pas, d ans un c ontexte de taux b as q ui
ont aussi rongé les marges des
courtiers. Le courtage est devenu un
produit d’appel vers d’autres
services plus rémunérateurs.


Des revenus record
E-Trade devrait conserver sa mar-
que et une certaine autonomie, tout
en étant intégré dans les activités de
gestion de fortune de Morgan
Stanley, qui comptent déjà
15.000 conseillers. L’an dernier, la
banque d’affaires avait aussi lancé
un outil de g estion en ligne qui visait
une clientèle moins fortunée. Avec


BANQUE


La banque américaine
a déboursé 13 mil-
liards de dollars
en actions pour mettre
la main sur le courtier
en ligne E-Trade.


Morgan Stanley
renforce ainsi
sa stratégie dans
la gestion de fortune.


PLUS QU’UNE GARANTIE, UN ENGAGEMENT
En 10 ans d’existence, nous n’avonscesséd’approfondir notreconnaissancedes besoins de nos utilisateursetdeperfectionner notresavoir-faireetnotreexpertise de latéléphonie outdoor.
Aujourd’hui,cescompétenceset l’engagement quotidien de nos ingénieursnous permettentdeconcevoiret de produiredes smartphoneset tablettesdequalité, conçus pour durer.
C’estpourquoi, nous sommes désormais en mesuredevous proposer3ans de garantie sur l’ensemble de notrenouvelle gammeCORE.Àdécouvrir surCROSSCALL.COM
CROSSCALLSAS. RCS Aix en Provence518 706890.Modèleprésenté :CORE-X4:DASTête :1,37W/Kg.Le DAS(débit absorption spécifique) destéléphones mobiles quantifie le niveau d’exposition maximal de l’utilisateur aux ondes électromagnétiques, pour une utilisationàl’oreille.Laréglementation française impose que leDASnedépasse pas 2W/kg.

GARANTIS 3ANS,


ENFIN DES MOBILES


QUI SE MOUILLENT.


Raphaël Bloch
@Bloch_R

Les coups de théâtre s’enchaî-
nent à la tête des banques suis-
ses. U ne semaine après le départ
forcé du patron de Credit Suisse,
Tidjane Thiam, c’est au tour
d’UBS de provoquer la surprise
en allant chercher son patron
à... l’extérieur! Et plus précisé-
ment à la banque néerlandaise
ING. Ralph Hamers, actuelle-
ment patron d’ING, remplacera
Sergio Ermotti à la tête d’UBS en
novembre. Le Néerlandais de
53 ans arrivera deux mois plus
tôt, en septembre, « pour assu-
rer une transition en douceur », a
précisé UBS dans un communi-
qué jeudi. Sergio Ermotti était
en poste depuis 2011.
Avec Ralph Hamers, arrivé
chez ING en 1991, la plus grosse
banque suisse par les actifs sous
gestion tente un gros pari. Car si
l’établissement néerlandais dis-
pose d’activités de banque pri-
vée, elles sont sans commune
mesure avec celles du géant
suisse, leader mondial en la
matière. Le banquier néerlan-
dais, qui a participé au redresse-
ment d’ING après la crise finan-
cière, a surtout vu son image
ternie par un vaste scandale de
blanchiment d’argent. L’affaire,
qui couvre la période 2010-2016


  • Hamers a pris la tête de la ban-
    que en 2013 – s’est soldée en 2018
    par une amende de 775 millions
    d’euros. Mais UBS compte sur le
    Néerlandais et sa botte secrète :
    la digitalisation. « Ralph est le
    directeur général qu’il nous faut
    pour amener notre entreprise à
    ouvrir un nouveau chapitre », a


BANQUE


La banque suisse,
qui veut davantage
miser sur le numé-
rique, a annoncé
jeudi avoir choisi
comme futur patron
Ralph Hamers.

Il succédera
en novembre
à Sergio Ermotti.

Le patron d’ING


appelé à la tête


d’UBS


Morgan Stanley pousse les feux


dans la gestion de fortune


E-Trade, elle complète ainsi son
arsenal et se positionne sur un
éventail beaucoup plus large.
Le nouvel ensemble comptera
8 millions de clients et gérera
3.100 milliards de dollars. « Nous
allons affronter Schwab, Fidelity »,
avait récemment annoncé l e patron
de Morgan Stanley, James Gorman,
qui voit une opportunité à l’interna-
tional pour E-Trade. L’acquisition
devrait aussi lui permettre de
réduire ses coûts d’environ
500 millions de dollars.
Il y a tout juste un an, Morgan
Stanley avait déjà renforcé sa pré-
sence dans la gestion de fortune en
déboursant 900 millions de dollars
pour le rachat de Solium Capital,

spécialisé dans la clientèle des star-
tuppeurs. C’était, à l’époque, sa plus
grosse acquisition de la décennie.
La stratégie de Morgan Stanley
commence à porter ses fruits : la
banque a atteint un chiffre d’affai-
res record de 41 milliards de dollars
l’an dernier. Une performance
saluée par les marchés : le titre s’est
envolé de 40 % depuis septembre.

Des discussions
déjà anciennes
Le développement d’E-Trade
remonte à la fin des années 1990. La
société a réussi à survivre à la bulle
Internet et s’est fait une place sur le
marché, notamment en se position-
nant sur une activité délaissée par

certains concurrents : la gestion des
actions reçues par les employés en
guise de rémunération. Elle comp-
tait 4.000 clients entreprises, pour
un total de 580 milliards de dollars
d’actions gérées pour ses clients.
Une partie du modèle d’E-Trade
repose sur sa capacité à transformer
ces actions en comptes de courtage.
James Gorman a admis qu’il sur-
veillait E-Trade depuis 2002, quand
il était chez Merrill Lynch. En arri-
vant chez Morgan Stanley, il avait
déjà tenté de se rapprocher du cour-
tier, mais les négociations avaient
échoué. Les discussions ont donc
repris e n fin d ’année dernière, profi-
tant du chaos provoqué par la
guerre des prix.n

Avec cette acquisition, James Gorman, le PDG de Morgan Stanley, considère que son groupe
devrait pouvoir réduire ses coûts d’environ 500 millions de dollars. Photo Sarah Silbigert/RÉA

expliqué le président du conseil
d’administration d’UBS, Axel
Weber. Il est « un banquier che-
vronné et respecté, avec une
expertise éprouvée dans la trans-
formation numérique », a-t-il
également souligné. En quel-
ques années, Ralph Hamers a,
de fait, fait d’ING l’une des réfé-
rences en la matière. Dans
une note, S & P indique ainsi
qu’il a réussi « la transformation
digitale d’ING qui est aussi un des
éléments importants de la straté-
gie d’UBS ». L’expérience digitale
client « est en effet le gros point
fort d’ING », souligne de son côté
Annabelle Rocat associée chez
Alpha FMC, un cabinet spécia-
lisé dans le conseil aux banques
privées. « Ils sont une référence
en la matière. »

Signe que les marchés ont
accueilli favorablement
l’annonce, l’action UBS a clôturé
la séance en hausse de près de
1 %. Et le groupe risque d’en
avoir besoin. Car UBS est engagé
dans une profonde refonte de
son activité phare de gestion du
patrimoine, avec une stagnation
de la collecte dans un contexte
de taux bas. « Leur enjeu princi-
pal est de continuer à cibler une
clientèle fortunée, active et jeune,
et leur force dans le digital est un
atout », souligne Annabelle
Rocat. En attendant, la banque
de Zurich, qui veut réaliser des
économies et éliminer les dou-
blons au sein de ses activités, a
annoncé en janvier après des
résultats e n dessous des attentes
qu’elle allait supprimer près
de 500 emplois dans sa bran-
che de « gestion de fortune » en
Europe, soit 2 % des effectifs de
son activité qui compte
25.000 personnes.

(


Lire « Crible »
Page 44

UBS est engagé
dans une profonde
refonte de
son activité phare
de gestion
du patrimoine.
Free download pdf