Les Echos - 21.02.2020

(vip2019) #1

Les Echos Vendredi 21 et samedi 22 février 2020 MONDE// 07


ques traditionnelles – cohésion et
PAC – tandis que les autres appellent
à plus d’ambition en musclant les
contributions des Etats membres.
Les premiers (Pays-Bas, Suède, Dane-
mark, Autriche, voire Allemagne),
dits « frugaux », voudraient que le
budget repose, au maximum, sur 1 %
de leur revenu national brut – contre
une proposition actuelle à 1,074 %.
Emmanuel Macron a fustigé l’atti-
tude de ce groupe très minoritaire :
« On ne peut pas avoir le lundi des
ambitions, et le jeudi, quand on arrive
et qu’il faut payer, dire qu’on n’a pas les
moyens en face. »
Au final, la possibilité d’un com-
promis dépendra en partie de la
capacité, pour chacun, de brandir
une victoire devant sa population.
Sebastian Kurz, le Premier ministre
autrichien, a été l’un des rares à offrir
une lueur d’espoir, parlant d’un « sen-
timent très positif » du fait que la pres-
sion exercée pour diminuer le budget
européen par rapport aux ambitions
de la Commission a « eu des effets ».n

Gabriel Grésillon
@GGresillon
—Bureau de Bruxelles


Il y a celui qui a amené une pomme et
une biographie de Chopin pour sup-
porter les moments de désœuvre-
ment (Mark Rutte, Premier ministre
néerlandais). Celui qui s’attend à tra-
vailler jusqu’à dimanche (Antonio
Costa, son homologue portugais).
Celui qui anticipe des négociations
complexes « au cours des prochaines
semaines » (Pedro Sanchez, chef du
gouvernement espagnol). Celle qui
avoue que « c’est compliqué » (Angela
Merkel). Et celui qui se dit prêt à
négocier « quelques heures, quelques
nuits, quelques jours » (Emmanuel
Macron). A leur arrivée à Bruxelles,
les dirigeants européens n’o nt pas
fait semblant de croire à l’immi-
nence d’un accord au sujet du pro-
chain budget européen 2021-2027.


La France défend la PAC
Pour la plupart des protagonistes,
l’enjeu était de montrer un fort
mécontentement devant la proposi-
tion d e compromis d e Charles
Michel, qui préside la réunion du
Conseil. Mark Rutte, chef de file infor-


EUROPE


Réunis à Bruxelles
pour un sommet
extraordinaire,
les dirigeants doivent
s’entendre sur les
financements euro-
péens entre 2021-2027.


Budget : les Européens plantent


le décor de la confrontation


surtout les moindres recettes du tou-
risme chinois qui inquiètent. A
Bercy, vendredi, le ministère de l ’Eco-
nomie et des Finances réunira les
représentants des entreprises et des
différents secteurs économiques afin
de faire le point sur l’impact de l’épi-
démie de coronavirus. Les difficultés
éventuelles liées aux ruptures des
chaînes d’approvisionnement s eront
notamment abordées alors que la
Chine tourne plus qu’au ralenti.
Pour le ministre des Finances
français, Bruno Le Maire, l’épidémie
pourrait, à ce stade, amputer la
croissance française de 0,1 point en


  1. « Si jamais ça persiste et que
    l’épidémie prend de l’ampleur, bien
    entendu que l’impact sera plus impor-
    tant », avait-il prévenu mi-février.


Risque de récession
Rien que pour la Chine, au premier
trimestre, « la croissance du PIB plon-
gera à seulement 3,8 % en glissement
annuel », prédit Ben May, directeur
de la recherche macroéconomique
d’Oxford Economics. Pour l’année
entière, la croissance s’é lèverait à seu-
lement 5,4 %. Au regard de ce creux
conjoncturel chinois, la croissance
mondiale fléchirait à 1,9 % au pre-
mier trimestre et 2,3 %, en moyenne,
sur l’ensemble de l’année, ajoute-t-il.
Mais si le monde venait à subir une
pandémie, la croissance mondiale
pourrait tomber à zéro au premier
semestre. Les Etats-Unis et la zone
euro entreraient en récession sur la
période, craint Oxford Economics.
Dans une note parue jeudi, le chef
économiste de IHS Markit, Nariman
Behravesh et Sara Johnson estiment
que « si les mesures de confinement
sans précédent en Chine restent en
place jusqu’à fin février, l’impact éco-
nomique qui en résultera sera concen-
tré au premier semestre 2 02 0, avec
une réduction du PIB réel mondial de
0,8 % au premier trimestre et de 0,5 %
au deuxième trimestre ».n

Richard Hiault
@RHIAULT


Ni le ministre des Finances chinois,
ni le gouverneur de la Banque popu-
laire de Chine ne devraient être pré-
sents à la réunion du G20 Finance,
ce week-end à Riyad. C’est l’ambas-
sadeur chinois en Arabie saoudite,
accompagné de ressortissants chi-
nois du Fonds monétaire i nternatio-
nal (FMI) et de la Banque mondiale,
en provenance de Washington, qui
assistera aux débats.
Le coronavirus est passé par l à. La
crise sanitaire liée à ce virus sera
d’ailleurs l’un des thèmes abordés
samedi e t dimanche dans l a capitale
saoudienne. Quel sera l’impact éco-
nomique au niveau mondial de cet
épisode? Personne ne le sait encore
précisément. « Mais nous devons
être prêts à réagir, sur les plans moné-
taire et budgétaire si la situation vient
à se dégrader », indique-t-on à Bercy,
qui souligne que la Chine a déjà pris
des mesures de soutien monétaire.
Pour l’heure, l’épidémie de coro-
navirus pourrait compromettre la
reprise « très fragile » de l’économie
mondiale, a averti le FMI. Se mon-
trant rassurante, l’institution multi-
latérale maintient encore à 3,3 % sa
prévision de croissance mondiale
2020 après 2,9 % l’an dernier.
A ce stade, si la situation ne
s’aggrave pas, seule la croissance du
PIB chinois devrait être amputée de
plusieurs points. A l’étranger, ce sont


INTERNATIONAL


Les grands argentiers
du G20, réunis à Riyad
samedi et dimanche,
évoqueront l’impact
du coronavirus sur
la croissance mondiale
déjà fragile.


Le coronavirus, invité


surprise de la réunion


du G20 Finance


La chancelière allemande, Angela Merkel, et Mark Rutte,
le Premier ministre néerlandais, font partie des dirigeants
qui refusent de payer plus. Photo Geert Vanden Wijngaert/Bloomberg

http://www.creditmutuel-im.eu


ASSEMBLEURS D’EXPERTISES


EN GESTION D’ACTIFS


Crédit Mutuel Investment Managers est le nouveau centre de métier dédié
àlagestion d’actifs de Crédit Mutuel AllianceFédérale. Nous assemblons les
expertises et les convictionsdes entités de gestion du Groupeafin de vous
proposer uneoffre complète de solutionsd’investissement.

Crédit Mutuel Investment Managers,4rue Gaillon 75002Paris. SA au capital de5000 000 euros, 852014 810 RCSParis. Ce document est exclusivement conçu
àdes fins d’informationàcaractère général. Il ne constitue ni un engagement de prestation, ni un conseil en investissement. Du faitdeleur simplification, les
informations contenues dans ce document sont partielles. La responsabilité de Crédit Mutuel Investment Managers ne saurait être engagée par une prise de décision
sur la base de ces informations.

La France
a bénéficié
du plan Juncker

La France a été le premier
bénéficiaire du plan
Juncker. D’après le rap-
port publié jeudi par la
Cour des comptes, 15,
milliards d’euros ont été
investis via ce dispositif.
Avec la mobilisation
du secteur privé, ce sont
77,7 milliards d’investisse-
ments qui ont été assurés.
Si ce mécanisme a eu de
nombreux points positifs,
en particulier pour les
PME et les ETI, certains
projets financés étaient
trop peu innovants,
souligne le rapport,
ou ne présentaient pas
de difficulté particulière
de financement privé.

mel du camp de ceux qui refusent de
payer plus, a joué la fermeté. Angela
Merkel a été claire : « Nous ne sommes
pas satisfaits de la situation actuelle.
Parce que l’équilibre entre les contribu-
teurs nets n’a pas encore été correcte-
ment négocié. » Une façon de sous-en-
tendre que la France, contrairement
à l’A llemagne et quelques autres pays
qui donnent plus à l’UE qu’ils n’en
reçoivent, est assez épargnée par les
projets en cours.

Faux, rétorque en substance
Emmanuel Macron, les yeux rivés
sur l’avenir du Fonds européen de
défense et, plus encore, sur la politi-
que agricole commune (PAC). La
France, a-t-il promis, va « se battre
pour avoir une politique agricole
commune au rendez-vous de nos
ambitions ». Dans la proposition
actuelle, celle-ci pourrait fondre de
plus de 50 milliards d’euros sur
7 ans (en euros constants).
Si ces postures de négociation ont
en partie vocation à envoyer des
signaux politiques intérieurs, elles
plantent le décor d’une confrontation
tendue. A cause du départ du Royau-
me-Uni, l’UE voit une soixantaine de
milliards d’euros se volatiliser sur
7 ans. Si presque tout le monde
s’accorde sur l’objectif de doter l’UE
de nouvelles ambitions politiques,
deux camps s’opposent : les uns veu-
lent couper fortement dans les politi-

Les postures ont
en partie vocation à
envoyer des signaux
politiques intérieurs.
Free download pdf