28 –LES ECHOS WEEK-END
BUSINESS STORY
Avant-bal
La soirée commence
bienavant le bal, dans
un bar,unrestaurant,
où même chez
un particulier qui
«fait chapelle ». Rien
n’empêche decourir
les avant-bals, même
quand onn’apas
de bal:rendez-vous
tous lessamedis,
sur la digue de Malo
en février-mars!
Bande
Il s’agit du défilé
de carnavallui-même.
On«fait la bande»de
Dunkerque,Rosendaël,
ou Malo!Lorsdes
bandes, desmilliersde
personnesdéguisées
envahissent lesrues
et «chahutent »,
le «chahut»étant
le moment oùtout
le monde se serre
en sautant.
Berguenaere
Grand«pépin »
(parapluie)de3mètres
MOTS DE«MASQUELOURS »
d’entreelles fontchapelle le jour de la bande
de la Citadelle. C’est l’esprit du carnaval:plein
d’initiatives individuelles en plus desévénements
officiels »,explique-t-onàla mairie. Les
chapelles les plus importantes sont celles de la
chambre de commerce, duPort de Dunkerque,
de laLyonnaise des Eaux ou encore des clubs
services comme le Kiwanis ou le Lion’s.
Vers 17 heures, un des moments les plus
attendus:le«lancer ». Le plus connu est celui
des«kippers»(harengs saurs)delabande
de Dunkerque:une foule compacte se masse
au pied de l’Hôtel de ville, d’où une partie
de l’équipemunicipale et quelques chanceux
tirés au sort lancent 500 kilos de harengs saurs
(sous vide). Le maire actuel,PatriceVergriete
(prononcer«Vergrite »), lance également
une vingtaine de frites (pour la rime)géantes
en élastomère.L’une d’elles, bleue,permet de
gagner une place au balcon l’année suivante.
Vers 19 heures, la journée atteint son paroxysme
avecle«rigodon»: les plus acharnés reprennent
la chorégraphie de la journée, durant
une heure, en tournant autour d’un kiosque
àmusique. Ils’achèveparLa CantateàJean
Bart,moment d’émotion où l’on se doit
de mettre genouàterre en hommage au plus
célèbre des Dunkerquois.
Mais la journée est loin d’être finie:après
la bande, les carnavaleux continuent de faire
bamboche en intérieur.Près de 80 bals
carnavalesques sont ainsi recensés sur le
territoire. Les dix plus importants se tiennent
au Kursaal, le palais des Congrès.«Ils
accueillent entre8000 et 10 000 personnes,
les plus fréquentés étant le bal du ChatNoir,
qui ouvrelasaison, et le bal des Corsaires,
probablement le plus spectaculaire... »,détaille
Yann-Gaël Menais, directeur de la salle.
Les entrées sontvendues entre 20 et 35 euros.
Chaque bal dépend d’une association caritative
(les Kakernesches, les Corsaires, etc.)qui signe
un chèqueàdiverses causesàlafindelasaison,
vestiaires et bars étant tenus par desbénévoles.
«Entrelalocation duKursaal, qui peut atteindre
près de 30 000 euros, les 24 000 euros de
la Sacem, et plus de 40 000 euros de sécurité,
le gain des entrées s’évaporevite »,déclare
le président des Quat’Z’Arts et organisateur
du bal du ChatNoir,WillyMoreews, également
président cette année de l’ABCD(Association
des bals du carnavaldunkerquois).C’estdonc
essentiellement sur les consommations–bière,
champagne, croque-monsieur,etc. –que se font
lesbénéfices.«Nousespérons pouvoirverser
plus de 80 000 euros de dons, suite au bal du Chat
Noir,comme l’année dernière,estimeWilly
Moreews.Mais certaines associations ont du mal
às’en sortir.»
RÉSERVATIONS D’UNE ANNÉE SURL’AUTRE
Pour les hôteliers, lapériode janvier-mars est
une haute saison. LesTroisJoyeuses et la bande
de Malo sont la garantie d’un taux d’occupation
à100%pour eux–ils peuvent sepermettre
d’augmenter le prix des chambres de 25%.
Les formules d’hébergement«alternatives »
comme Airbnb en profitent aussi.«C’est devenu
la période la pluschargéedel’année pour
les hôteliersdel’hyper-centre, avec un effet
également, depuis trois ou quatreans, sur
la périphérie »,énoncePaul-ÉdouardWaquet,
président du Club des hôteliers de la ville
et directeur de l’Ibisde Dunkerque.«Les
habituésréservent d’un an sur l’autre»,confirme
Stéphanie Binaux, responsable duWelcome,
un hôtel familial du centre-ville, qui transforme
pour l’occasion son hall de réception en bar
et lieu de danse. Côté restauration, toutes
les soirées sont prétexteàdes sorties
carnavalesques, que l’on projette ou non
de danser toute la nuit.«Tousles restaurants
de la diguerefont leur décor pour se mettre
aux couleursducarnaval. Ils sont pleins tous les
week-ends:onpeutyboireetydanser.Beaucoup
se donnentrendez-vous pour un“avant-bal” :
un dîner ou unverreavant d’aller auKursaal,
vers23 h00ou23h30»,témoigne une habitante
de Malo.«Chaque journée de carnaval permet
aux établissements d’augmenter leurchiffre
d’affaires mensuel de 30%. C’est encoredavantage
pour les établissements situés aux emplacements
stratégiques »,pointe le distributeurFrance
Préféré aux
perruques par
nombre de
carnavaleux,
le chapeau
se personnalise
au fil du temps.
de haut,qui sert
de signe de
reconnaissanceaux
amis etpermet devoir
arriver la bande de loin,
dans lafoule déjà
agglutinée.
Chapelle
«Font chapelle »
lesparticuliers,
institutions ou
entreprisesqui
ouvrent leur maison
(ouune salle)
pendant la bande.
Historiquement,
tout le monde était
le bienvenu, ilfaut
désormaispour entrer
êtreinvitéou...
connaîtrequelqu’un
quiestinvité.
Clet’che
Déguisement du
carnaval, en général
amélioréd’annéeen
année.Le manteau
de fourrure, vraie ou
fausse, seporte
volontiers, quel que
soit le sexe,demême
que leboa, laperruque
et lescollantsrayés
ou résille. Un chapeau
s’impose:décoré,
coloréetfleuri.
Le clet’che optimal
estorné d’une large
collection de badges.
Masquelour
Un carnavaleux
quifait la bande.
Rigodon
Le grand final de la
bande.Les«chahuts»
s’enchaînent une heure
durant,sur une place
où lescarnavaleux
tournent enrond,
autour d’un kiosque
àmusique où se tient
la «clique»(les
musiciens).
MARI
EG
ENEL
/PINK
/SAIF IMA
GES