THOMAS CLAY
directeur de
campagne de la
liste Parisiennes,
Parisiens
Malgré cette «trahison», pour
reprendre les mots de Vuong,
la campagne continue : «On
s’en fiche de gagner! Ce qu’on
veut, c’est passer un message.
On n’est pas des politiques
mais des citoyens qui veulent
défendre les habitants !»
Le candidat parle sponta -
nément, rit beaucoup, et
s’énerve un peu parfois : «On
se bouge depuis deux ans, et
Gaspard s’en fiche !» Gantzer
peut se passer de son mouve-
ment, en revanche, les sonda-
ges, il ne «s’en fiche» pas : les
derniers ne lui accordaient
que 1 % à 1,5 % des intentions
de vote au premier tour avec
PP. Il a embarqué avec lui la
quasi-totalité de la direction
de campagne. Seul Thomas
Clay, directeur de campagne,
est resté : «Je ne pouvais pas
lâcher tous ces gens. On a créé
une solidarité formidable, et
Gaspard ne s’en est pas rendu
compte.» Au total, PP a dé-
posé 11 listes.
Du côté du VIe, c’est le grand
amour entre Gantzer et ses
nouveaux compagnons de
LREM. Face à lui, PP n’a mis
aucun candidat, afin d’ «éviter
la bagarre», clarifie Thomas
Clay. Les militants ont aussi
pour consigne de ne pas s’en
prendre à Gantzer sur les ré-
seaux sociaux. Un «pacte de
non-agression» négocié afin
de récupérer le site et les boî-
tes mail de PP, que le cofon-
dateur avait rendu inaccessi-
bles. Mais «si Gaspard fait
croire à une alliance de PP
avec LREM, on ne le tolérera
pas», disait Thomas Clay ven-
dredi dernier. Dans le mille :
l’équipe a découvert dans la
foulée un tract du LREM Pa-
côme Rupin portant leur logo.
Lundi, une lettre de mise en
demeure a été envoyée à
LREM pour réclamer le retrait
du logo et la destruction du
document dans les 24 heures,
sous peine d’une «action judi-
ciaire immédiate». Sans ré-
ponse pour l’instant.
CASSANDRE LERAY
AFP
Le vote approche, mais le
maire RN de Beaucaire
(Gard), Julien Sanchez, ne
se fait guère de cheveux
blancs. D’abord parce qu’il
n’a que 36 ans, ensuite parce
qu’il voit un tapis rouge se
dérouler à nouveau devant
ses pieds. «On mise sur une
victoire dès le premier tour,
dit-il. On a bossé comme des
dingues pendant six ans et
les autres listes ne tiennent
pas la route.» Dans cette
commune de 16 000 habi-
tants, l’enracinement de
l’extrême droite se confirme
à chaque élection. Lors des
précédentes municipales,
Sanchez était sorti vain-
queur d’une quadrangulaire
avec près de 40 % des voix.
Lors des régionales de 2015,
la liste FN avait frôlé
les 60 % dès le premier tour.
A la présidentielle, Marine
Le Pen avait recueilli plus
de 55 % des suffrages. Et lors
des législatives de 2017, le
candidat FN (Yoann Gillet,
directeur de cabinet de San-
chez, aujourd’hui candidat
RN à la mairie de Nîmes)
avait comptabilisé sur la
commune près de 62 % des
voix au second tour.
«Ces scores tentent à prouver
que l’enracinement de Julien
Sanchez à Beaucaire est as-
sez réussi, commente Em-
manuel Négrier, directeur
de recherche au CNRS en
science politique. Face à lui,
trois listes avan-
cent divisées. Ses
chances d’être ré-
élu semblent donc importan-
tes.» Pourtant, souligne le
politologue, «les problèmes
endémiques de Beaucaire ne
sont pas résolus». En effet :
seuls 34 % des ménages fis-
caux sont imposés, le taux
de pauvreté atteint 28 % et
celui du chômage a franchi
la barre des 24 %.
Certes, les chiffres sont
mauvais mais le maire sait y
faire. Fils de pieds-noirs cé-
gétistes, militant au FN
depuis ses 16 ans, au-
jourd’hui porte-parole du
RN, l’homme est avenant et
accessible. Deux fois par
mois, durant cinq heures, il
écoute ses administrés ve-
nus jusqu’à son cabinet lui
parler ordures et propreté. Il
dit contrôler chaque sou dé-
pensé par la ville mais sait se
montrer généreux quand il
s’agit de développer la vidéo -
Coup de théâtre le 20 février :
Gaspard Gantzer, qui défen-
dait bec et ongles depuis
deux ans son mouvement
Parisiennes, Parisiens (PP) lâ-
che militants et candidats
pour rejoindre Agnès Buzyn
(LREM). «On pourrait faire
une série télé», lance Valéry
Vuong, candidat PP à la mai-
rie du XXe arrondissement.
Valéry Vuong y croit de-
puis 2018. Tellement que
ce coordinateur à la SNCF
n’avait pas imaginé une se-
conde que Gantzer quitterait
le navire.
«On a créé
une solidarité
formidable, et
Gantzer ne s’en est
pas rendu compte.»
surveillance. La police mu-
nicipale, largement étoffée,
est joignable 24 heures
sur 24, 7 jours sur 7. Mais
Sanchez s’est surtout distin-
gué par des décisions plus
politiques : du porc imposé
chaque lundi au
menu des canti-
nes scolaires, la
signature d’une charte «ma
commune sans migrants»,
ou deux arrêtés municipaux
pris pendant le ramadan vi-
sant à fermer à 23 heures des
commerces jugés trop
bruyants. Ses bras de fer
avec Carole Delga, prési-
dente PS de la région Occita-
nie, ont aussi rythmé son
mandat. Et pourtant, cer-
tains espèrent encore le dé-
boulonner. «Les Beaucairois
en ont assez du maire et di-
sent qu’ils ont envie de chan-
gement, affirme Pascale No-
ailles-Duplissy, tête de la
liste sans étiquette Unis pour
Beaucaire. On se sent soute-
nus, on sent la ferveur. Les
choses se présentent bien.»
Une ferveur à confirmer.
SARAH FINGER
Demain : Le Pontet
dans le Vaucluse
SÉRIE 5/
Une semaine dans les villes RN
A Beaucaire, l’extrême
droite bien en cour
cision de la cour d’appel de
Bordeaux qui doit statuer
sur l’instauration de ces bu-
reaux de vote.
Y a-t-il d’autres moyens de
voter aux municipales?
Depuis la loi de 2009, les dé-
tenus peuvent s’inscrire dans
la commune de leur lieu de
détention. Ils peuvent sollici-
ter une autorisation de sortie,
mais elles sont très rarement
accordées. L’autre possibilité,
c’est le vote par procuration.
Si vous êtes originaires de
Brest et détenu à Rennes,
comment vous faites pour
trouver quelqu’un pour voter
pour vous?
Recueilli par
ROMANE PELLEN
INTERVIEW
nous savions que l’amende-
ment à la loi justice était pro-
visoire. Pendant
longtemps, on a
dit que le vote
n’intéressait pas
les détenus. Or
l’année dernière
il y a eu un vrai
élan de vote
dans les pri-
sons. C’est une
honte que Bel-
loubet et Casta-
ner n’aient pas eu la volonté
politique de poursuivre.
Les autorités ont évoqué
des «difficultés organisa-
tionnelles»...
Je dois reconnaître que le
vote par correspondance,
mis en place pour les euro -
péennes, n’était pas facile-
ment reconduc-
tible pour les
m u n i c i p a l e s
parce qu’il y a
d e u x to u r s.
C’est pourquoi
nous défendons
l’instauration
de bureaux de
vote dans les
prisons. Il suffit
d’appliquer l’ar-
ticle R40 du code électoral
qui donne le pouvoir au pré-
fet de les créer. On l’a vu l’an
dernier, les bureaux de vote
sont parfaitement transposa-
bles dans une prison. Nous
attendons beaucoup de la dé-
AFP
Une semaine aux Herbiers
Fait-il bon vivre aux Herbiers,
commune vendéenne connue
pour son bassin de plein-emploi? Libération est allé
visiter les habitants de ce territoire qui n’affiche que 5 %
de chômage. S’il est assez facile de se faire embaucher,
trouver un médecin référent est bien plus compliqué :
les onze praticiens de la commune sont débordés.
PHOTO THÉOPHILE TROSSAT
LIBÉ.FR
Ils avaient pu voter aux élec-
tions européennes, mais pour
les municipales des 15 et
22 mars, les détenus ne pour-
ront pas glisser leur bulletin
dans l’urne. Explications de
François Korber, directeur
général de l’association Robin
des lois et fervent militant du
vote en prison.
Comment les détenus ont-
ils vécu cette annonce?
La déception a été à la me-
sure du succès des européen-
nes de l’année dernière. Hor-
mis les spécialistes, tout le
monde, et en particulier les
détenus, a cru qu’ils avaient
obtenu le droit d’exercer leur
droit de vote en prison de
manière définitive. Nous,
«Les bureaux de vote sont tout à fait
transposables dans une prison»
LA LISTE
DÉVELOPPER LES ALTERNATIVES POUR DIMI-
NUER LES TRAJETS EN VOITURE INDIVIDUELLE
C’est une proposition en résonance avec le mou -
vement des gilets jaunes qui avait fait du prix des
carburants et des enjeux climatiques des sujets
centraux. Les cosignataires invitent donc, modes-
tement, les maires à développer des «plans vélo», le
covoiturage ou les transports à la demande...
RÉDUIRE L’UTILISATION DES PESTICIDES
Pour cela, il est conseillé de mettre en place un
«plan agricole communal ou territorial» fixant un
objectif de «diviser par deux l’usage des pesticides
en 2025». Un cadre qui permet, certes, de mobili-
ser des fonds publics et privés pour divers projets,
mais sans véritable caractère contraignant.
ZÉRO SANS-ABRI DANS LES COMMUNES
Sur ce point, le «Pacte» reprend une promesse for-
mulée par le candidat à l’élection présidentielle
Emmanuel Macron. Loin d’être tenue.
3 propositions sur les 66 du «Pacte»
de Nicolas Hulot et de la CFDT
Libération Vendredi 6 Mars 2020 http://www.liberation.fr f facebook.com/liberation t @libe u 15