Les Echos - 06.03.2020

(sharon) #1
système universel de retraite. Tou-
tes... sauf les artistes-auteurs,
280.000 écrivains, dessinateurs,
photographes ou plasticiens. Nom-
bre d’entre eux souhaitent ardem-
ment la disparition de l’Ircec et de
ses trois régimes associés, dont ils
dénoncent les dysfonctionne-
ments, après avoir souffert de ceux
de l’Agessa pour leur retraite de
base, comme l’a de nouveau mis en
lumière le récent rapport de Bruno
Racine remis au ministre de la Cul-
ture, Franck Riester.
« S’il y avait un exemple à trouver
de caisse à supprimer, c’est celui-là »,
abonde Katerine Louineau, du
Comité pluridisciplinaire des artis-
tes-auteurs et artistes-autrices
(CAAP), tout comme dix autres
organisations qui réclament le rat-
tachement complet au régime
général « dans les meilleurs délais ».

La prise de position est d’autant
plus surprenante que l’Ircec était
assise sur près de 600 millions de
réserves fin 2018!
Il n’y a toutefois pas unanimité :
18 organisations d’auteurs et orga-
nismes de gestion collective du
monde de la musique, de l’audiovi-
suel, du cinéma, du théâtre et du
spectacle vivant demandent le
maintien de l’Ircec ou son rempla-
cement par un système équivalent.
Rémunérés en droits d’auteur,
des revenus par nature aléatoires et
souvent faibles, les artistes-auteurs
ne sont pas salariés. En l’absence
d’employeurs, ils ne sont donc rede-
vables que de la part salariale des
cotisations mais, au titre d’une loi
de soutien de 1964, ils bénéficient
des mêmes droits que tout salarié
pour la retraite de base, la part
patronale étant assurée pour

l’essentiel par la solidarité natio-
nale. Si l’on ajoute l’étage complé-
mentaire, les taux de cotisations
vont de 7,30 % à 19,30 %.

Revenus faibles
Le passage à un système universel
dans lequel chaque euro cotisé
donne les mêmes droits est donc
susceptible de minorer les points
acquis pour cette population. Pour
éviter cette situation, la réforme des
retraites prévoit de maintenir la
compensation par l’Etat jusqu’à un
plafond de la Sécurité sociale,
l’artiste-auteur ne cotisant qu’à h au-
teur de 11,25 %.
Pour Jean-Marc Bourgeois,
secrétaire général Solidarité Mai-
son des artistes (SMdA)-CFDT, c’est
la préoccupation numéro un : l’Etat
tiendra-t-il sa promesse? A quelle
hauteur et combien de temps? Le

ministre de la Culture aurait perdu
un arbitrage avec Bercy, l’obligeant
à puiser dans son budget, craint
Denis Gravouil pour la CGT.
Ce que dément le ministère.
L’enveloppe en question – estimée
entre 250 et 400 millions d’euros
par an (son montant dépend des
effectifs concernés et des droits
d’auteur perçus) – ne sera pas prise
sur les crédits d’intervention. Par
souci de « visibilité », elle sera
même l’objet d’un programme spé-
cifique. La très grande majorité des
artistes-auteurs ayant des revenus
faibles bénéficieront du minimum
de pension. Qui plus est, un amen-
dement a été intégré au projet de loi
pour prendre en compte les ren-
trées supplémentaires une fois les
droits à retraite l iquidés, dans le cas,
par exemple, du succès d’une chan-
son bien après sa composition.

Entre un et trois plafonds de la
Sécurité sociale, il n’y aura en revan-
che pas de prise en charge par l’Etat.
Le gouvernement met notamment
en avant le très faible nombre de per-
sonnes concernées. Reste le sort de
l’Ircec. Le texte initial prévoyait sa
disparition fin 2024. La vie de la
caisse complémentaire sera prolon-
gée jusqu’au 31 décembre 2040, mais
uniquement pour servir les affiliés,
assure le ministère. Toutes les coti-
sations passeront bien par l’Urssaf.n

Alain Ruello
@AlainRuello


Pilotes, médecins ou avocats : tou-
tes les professions veulent garder
leur caisse de retraite complémen-
taire, malgré la mise en place d’un


SOCIAL


La caisse complémen-
taire des 280.000 écri-
vains, peintres, plasti-
ciens ou photographes,
sera maintenue
jusqu’en 2040.


Mais ce sera seulement
pour distribuer
ses 600 millions
de réserves.


L’ Eta t promet de maintenir les pensions des artistes-auteurs


les employeurs », se félicite le minis-
tère du Travail.
On commence à être en mesure
d’évaluer le nombre d’entreprises
de plus de 50 salariés dont l’index
serait inférieur à 75, et donc hors
des clous. « Si on fait des projections
à partir des derniers résultats, on
arrive au chiffre de 2.000 à 3.000, soit
5 à 10 % des entreprises et entre
200 .000 et 400.000 femmes », esti-
me-t-on dans l’entourage de Muriel
Pénicaud. Et de prévenir : « Il faut
qu’elles agissent vite, sinon dans d eux
ans pour les plus de 1.000 salariés et
trois ans pour les autres, elles encou-
rent une amende pouvant aller jus-
qu’à 1 % du chiffre d’affaires. »
Pour renforcer la pression,
l’heure est venue du « name and
shame », tout du moins pour les plus

gros employeurs. Muriel Pénicaud
s’y était engagée l’an dernier, le
ministère du Travail va publier ce
vendredi matin sur son site la liste
des entreprises de plus de 1.000 sala-
riés avec leur score. Le César des iné-
galités revient cette année à Alsace
croisières-CroisiEurope – avec un
score de 51 – tandis que 10 entrepri-
ses se disputent la première place,
atteignant le score maximum de 1 00.
Les premiers résultats présentés
jeudi ne montrent pas de grandes
différences de performance globale
selon la taille des entreprises. Le
score moyen varie entre 83,4 points
entre 50 et 250 salariés et 87,4 points
pour les plus de 1.000 salariés
(+ 4,5 points par rapport à 2019). La
hausse moyenne observée pour les
grandes entreprises depuis un an
semble montrer que le dispositif a
un impact sur les employeurs,
même si, comme le souligne Muriel
Pénicaud, 19 entreprises étaient au-
dessous du seuil de 75 points en
2019 et le sont toujours aujourd’hui.

Le plafond de verre résiste
« La problématique des inégalités,
cependant, n’est pas la même selon
la taille des entreprises » , note le
ministère du Travail. Le plafond de
verre, mesuré par le nombre de
femmes parmi les 10 plus hauts
salaires, est moins présent dans les
PME, avec un score moyen de

4,5/10 contre 3,7/10 chez les plus
grandes entreprises. Comme l’an
dernier, une grande entreprise sur
dix a au plus une femme dans ses
10 plus hauts salaires.
Les inégalités salariales sont en
revanche plus marquées dans les
PME que dans les grandes entrepri-
ses, avec un score sur cet indicateur
de 34/40 contre 37,3/40. Ces don-
nées doivent cependant être

maniées avec précaution pour deux
raisons. D’abord, dans b eaucoup de
PME, en particulier de moins de
150 salariés, l’indicateur serait
« incalculable ». En outre, le mode
même de calcul de cet indicateur
rend son résultat discutable.
Il est en tout cas un point sur
lequel l’entrée en vigueur de l’index
est en train de changer la donne : le
respect de l’obligation d’augmen-

ter les femmes à leur retour de
congé maternité, inscrit dans la loi
depuis longtemps mais souvent
négligée par les employeurs. L’an
dernier, une entreprise de plus de
1.000 salariés sur trois était hors
des clous. Cette fois-ci, elles ne sont
plus qu’une sur dix. « Cela concerne
plusieurs centaines de milliers de
femmes chaque année », se félicite-
t-on au ministère du Travail.n

lUne PME sur deux a publié son index de l’égalité


femmes-hommes. Au total, 5 % à 10 % des entreprises


seraient hors des clous.


lParmi les plus grandes entreprises, Alsace croisières-


CroisiEurope affiche le plus mauvais score.


Egalité femmes-


hommes : les mauvais


élèves montrés du doigt


Leïla de Comarmond
@leiladeco


Une première photo pour les PME,
un début de film pour les plus gran-
des entreprises. Jeudi, le ministère
du Travail a rendu publique la pre-
mière édition complète de son
index de l’égalité femmes-hommes



  • qui mesure la réalité des inégalités
    salariales, des promotions e t du pla-
    fond de verre dans les entreprises.
    L’obligation de calculer et de
    publier cet indicateur chaque
    année, inscrite dans la loi Avenir
    professionnel, est entrée en vigueur
    en trois étapes. Il y a un an, elle s’est
    imposée aux employeurs d’au
    moins 1.000 personnes, avant d’être
    étendue l e 1er s epte mbre 2 019 à ceux
    de 250 à 999 salariés, puis, diman-
    che dernier, aux employeurs de
    50 à 299 salariés.
    Environ 32.000 PME, s oit une sur
    deux, avaient publié leur index
    quelques jours après la date butoir,
    selon les chiffres rendus publics ce
    jeudi. C’est certes moins bien q ue les
    plus grandes, qui sont 83 % dans ce
    cas. Mais outre le fait que c’était une
    première pour les PME, elles sont
    moins équipées en gestion des res-
    sources humaines. « Cela montre
    un bon niveau d’appropriation par


EMPLOI


« L’augmentation
obligatoire au
retour de congé
maternité concerne
plusieurs centaines
de milliers de
femmes chaque
année. »
MINISTÈRE DU TRAVAIL

400

MILLIONS D’EUROS
L’enveloppe annuelle maximale
prévue par l’Etat pour compenser
les pertes des artistes.

Le Grand rendez-vous

MarcFesneau

©W

itt/SIPA
Ministre chargédesrelationsavecle Parlement

Dimanchede10h à11h

AurélieHerbemont,NicolasBarré et DamienFleurotreçoivent

FRANCE


Les Echos Vendredi 6 et samedi 7 mars 2020

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