Dossier Apoptose

(Vadim Doro1J7ucA) #1

1 2 3 4 5 6 7 8 9


10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
33


1 2 3 4 5 6 7 8 9

10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
33

Bien que trouvant ces précautions puériles et dégradantes, il s’était
résolu, du fait de la tournure des événements et sur l’insistance de
ses amis, à avoir recours à quelques procédés de « transformation
physique ». C’était devenu impératif pour pouvoir se déplacer.

Il mit des lentilles à faux iris bleus que lui avait fournies Barcelier
(pour éviter la reconnaissance irienne), des lunettes traitées antireflet
pour que les caméras ne détectent pas le bord des lentilles. Il changea
de vêtements et de chaussures après avoir vérifié qu’il n’y avait pas de
« puces ». Il mit un chapeau, (il se refusait à utiliser une perruque ou
des postiches), posa son téléphone portable sur le guéridon de l’entrée
et sortit en passant dans une arrière-cour en rez-de-chaussée qui lui
permettait de passer, vers la gauche, par le patio d’un grand immeuble
dont le hall donnait sur la rue Bergère. Cette fois-ci, pas de drone en vue!

Le printemps semblait enfin vouloir s’imposer. Il faisait doux
malgré le jour déclinant et les arbres en fleurs égayaient un Paris
encore engourdi par cet hiver interminable. La marche le
long du canal Saint-Denis était agréable. Alain arriva au lieu de
rendez-vous.

Une concession automobile occupait tout le vaste hall d’un
immeuble moderne quai de la Gironde. Le groupe était déjà dans la
salle en mezzanine qui surplombait le niveau rue. On y accédait par
un long escalier en fer. Depuis cet étage on avait une large vue sur le
canal et en bas sur les véhicules exposés.

Le thème prévu ce soir concernait les problèmes d’alimentation
dans le monde, le surpoids dans les pays occidentaux, les famines
en Afrique et la mainmise des grandes sociétés sur les semences et
l’agriculture. Vaste sujet qui aurait mérité plus qu’une seule réunion,
mais, bien entendu, tous parlaient de l’affaire Joubert. À son entrée,
ils se précipitèrent vers lui. Quelques-uns restèrent à l’écart.

***


En sortant du métro, Alain perçu le bourdonnement aigu
caractéristique des drones. Il y en avait un, minuscule, en vol
stationnaire à dix mètres au-dessus de l’escalier. Depuis quelques
années la police les utilisait beaucoup. Cela permettait de prendre le
relais des caméras lorsque leur champ de vision se trouvait limité par
la morphologie des lieux.

Il se demanda si c’était pour lui. La réponse fut vite claire : Au
fur et à mesure qu’il progressait sur le trottoir, l’engin le suivait à
distance. À chaque changement de rue le « bzzzz » si reconnaissable
était toujours là. Il décida de revenir chez lui. La réunion de leur
groupe « Notre France » avait lieu assez loin porte de la Villette mais
il avait le temps.

Il était donc sous « filature »! Ce n’était pas une surprise. Sa vie
était en train de changer exactement comme il le redoutait.
Depuis son passage à TV News, les gens l’abordaient dans la rue,
soit pour l’encourager, soit au contraire pour l’insulter. Son téléphone
n’arrêtait pas de sonner.
C’était ingérable! Il ne savait jamais si, en décrochant, il allait
tomber sur un déséquilibré, un collègue, un journaliste ou quelqu’un
de sa famille! Des reporters se relayaient sans discontinuer devant
son domicile.

Il envisageait sérieusement de déménager. Suzy lui avait proposé
de venir chez elle mais il avait refusé et cherchait un T2 en location.
Il préférait la laisser le plus à l’écart possible de cette tempête.

En rentrant, il prit son courrier. Il y reconnut une enveloppe sans
signes particuliers. Sans doute un message du monastère. Il posa le
tout sur son bureau et entrepris de se préparer pour ressortir.
Free download pdf