Les Echos - 24.02.2020

(lily) #1

38 // Lundi 24 février 2020 Les Echos


La résistance des équipementiers automobiles
ne rassure pas les investisseurs.

Le conduc teur n’est pas toujours, selon le mot d’un humoriste, la partie
la plus dangereuse de l’automobile : la route l’est parfois bien plus. Quelle
meilleure preuve de leur habileté les chauffeurs des trois principaux
équipementiers tricolores pouvaient-ils apporter dans une année 2019
en pente sinueuse et descendante (–6 % pour le marché mondial) que
la préservation de la jauge du cash-flow disponible? Celui-ci a été
en hausse l’an dernier et au-dessus des anticipations chez Faurecia,
Plastic Omnium et Valeo, malgré le niveau, en baisse mais sans surprises,
de leurs rentabilités d’exploitation. Sauront-ils faire preuve d’autant
de maestria sur le chemin de 2020? Les investisseurs en doutent, quand
on ne connaît ni son revêtement, électrique ou non en Europe, ni
sa destination, dans l’impasse de la paralysie sanitaire sur le premier
marché planétaire, la Chine, ou bien vers la bretelle d’un rebond stimulé
par Pékin. Hormis Faurecia qui a un peu réduit sa décote boursière
par rapport à ses pairs depuis sa publication, les titres de Plastic Omnium
et Valeo n’ont fait que marquer un peu plus le scepticisme. Le rabais avec
lequel se paie le trio, de 5 % à 30 % sur la moyenne à cinq ans des ratios
de valorisation montre quelle distance de sécurité prennent les gérants.
Quitte à ignorer les signaux passant au vert, comme l’amélioration
de la marge (hors joint-venture) au second semestre chez Valeo.

Et pourtant, ils roulent


Quelle est la profondeur
du tonneau des Danaïdes?
Les actionnaires de Vallourec
ne se réjouissent pas du privilège
qu’ils ont sur ceux de Bourbon
de pouvoir encore s’interroger.
La question vaut au moins
800 millions d’euros, soit le mon-
tant du deuxième renflouement
prévu en quatre ans du fabricant
de tubes d’acier sans soudure.
Représentant presque les trois
quarts de sa capitalisation bour-
sière, il constitue un pari sur la
reprise des forages par le pétrolier
brésilien Petrobras. Le « léger »
cash-flow libre attendu cette an-
née par Vallourec, le premier en
cinq ans, ne justifie pas aux yeux
des investisseurs son empres-
sement à goudronner le bilan
(–8,9 % pour le titre en deux
séances). Les plumes, elles, sont
parties depuis longtemps. En on-
ze ans, l’italo-argentin Tenaris
a doublé l’écart de valeur en Bour-
se avec le français (de 5 à 10 mil-
liards d’euros).

L’empre ssement de Vallourec à se recapitaliser n’offre qu’une dilution massive.
Oui mais, Boomer

Morgan Stanley uni à E-Trade n’emballe
pas Wall Street, faute de gains rapides.

On ne les présente plus, ils s’appellent « HENRY » (High Earners,
Not Rich Yet) depuis le début du millénaire. Ces jeunes actifs bien payés
mais sans fortune sont amateurs de technologies et allergiques aux
services financiers à la papa. Morgan Stanley n’a donc pas laissé passer
l’occasion de séduire E-Trade Financial, le courtier en ligne bousculé
par le mariage de Charles S chwab et TD Ameritrade. Son patron
James Gorman, bientôt 62 ans, poursuit son tournant stratégique vers
la gestion de fortune des masses aisées, à l’heure où toutes les grandes
banques sont bien conscientes de la grosse transmission de richesse
des « baby-boomers » vers leurs héritiers. Sans dire « OK Boomer »


  • « cause toujours » – Wall Street dit « oui, mais », au vu du recul
    de l’action (–7 % depuis la veille de l’annonce du rachat contre –1,4 % pour
    l’indice). La prime pour les actionnaires de la cible est devenue inférieure
    d’un tiers à celle calculée juste avant les bans (19 % contre 30 %).
    Les synergies de coûts, les économies de financement et les ventes
    croisées mettront plusieurs années à venir, un temps long quand les
    multiples de marché sont hauts et le cycle économique vieux. Le « deal »
    améliore en revanche immédiatement le ratio de solvabilité et le profil
    offert aux régulateurs, pour les tests de résistance et la revue de l’alloca-
    tion du capital (CCAR). Payer tout en actions est dilutif dans l’immédiat,
    mais donnera du temps pour éviter un choc des cultures, la hantise
    maison depuis Dean Witter Discover, à la fin du siècle dernier.


// Budget de l’Etat 2020 : 39 9,2 milliards d’euros // PIB 2019 : 2. 47 9,4 milliards d’euros courants
// Plafond Sécurité sociale : 3.428 euros/mois à partir du 01-01-2020 // SMIC horaire : 10 ,15 euros à partir du 01-01-202 0
// Capitalisation boursière de Paris : 1.827,78 milliards d’euros (au 06-01-2020)
// Indice des prix (base 100 en 2015) : 103,55 en décembre 2020 // Taux de chômage (BIT) : 8,6 % au 3etrimestre 2019
// Dette publique : 2.415,1 milliards d’euros au 3etrimestre 2019

=
Les chiffres de l’économie

Le goudron et les déplumés


crible


EN VUE


Narendra Modi


L


es Indi ens ont à la fois le sens de
l’accueil et de l’humour. Le Pre-
mier ministre Indien Naren-
dra Modi compte bien le démontrer au
chef de l’Etat américain qu’il accueille
les 24 et 25 février pour sa première
visite officielle sur le sous-continent. Le
clou de la visite sera l’inauguration du
plus grand stade de cricket du monde.
En Inde, on ne plaisante pas avec cette
passion nationale, le seul hic étant que la
route y conduisant traverse un bidon-
ville de 2.000 habitants. Que voulez-
vous que fît Modi? S’inspirant de la stra-
tégie de son illustre invité il fit construire
un mur haut de 1,20 m sur 500 mètres.
Une facture d’un million de dollars, un
vrai cache-misère dans un pays qui n’en
manque pas. Il n’est pas sûr que cela suf-
fira à calmer l’agacement de Donald
Trump à l’é gard du protectionnisme
dont l’Inde ne s’est jamais départie.
Si Modi au pouvoir depuis 2014 avec
son parti nationaliste, a allégé les régle-

mentations pesant sur les entreprises
du pays, cela ne l’a pas empêché d’alour-
dir ses droits de douane. Cela dit, Modi
n’a pas intérêt à ouvrir un nouveau
front. Il est déjà confronté à un ralentis-
sement économique et à une contes-
tation de lois jugées discriminatoires
envers les musulmans. Au moins, le
sujet des réseaux sociaux rassemblera
les deux hommes, tous deux « accros »,
Modi fut même accusé d’être à la tête
d’une véritable armée de trolls
qui « pourrissent » ses adversaires.
Cela devrait intéresser le président
américain.
Modi, 69 ans, est technophile, il aime
les montres et les stylos d e luxe.
L’ insomniaque, gros travailleur, est
aussi très coquet. De mode, il pourra
parler avec Melania. « Closer » explique
que celle-ci a transmis des indications
vestimentaires (pantalons et blazers au
lieu de leurs uniformes) à la dizaine de
femmes qui l’assisteront. Namaste!

Le coronavirus pèse sur le CAC 40



  • La^ Bourse de Paris a clôturé dans
    le rouge vendredi pour une
    deuxième séance d’affilée, pénali-
    sée par l’expansion de l’épidémie de
    coronavirus hors de Chine. L’indice
    CAC 40 a cédé 0,54 % à
    6.029,72 points, après être briève-
    ment passé sous les 6.000 points,
    dans un volume d’échanges nourri
    de 4,39 milliards d’euros. Sur la
    semaine écoulée, la Bourse de Paris
    a abandonné 0,65 %.
    Les Bourses américaines ont é ga-
    lement été affectées par la propaga-
    tion du coronavirus. Le Dow Jones
    a reculé de 0,78 % vendredi, quand
    le S&P 500 cédait 1,05 % et l’indice
    des valeurs technologiques, le Nas-
    daq, abandonnait 1,79 %.


Les indicateurs macroéconomi-
ques ont également pesé sur la cote
outre-Atlantique. L’indice PMI
américain est tombé à son plus bas
niveau depuis 2013 à 49,6 points en
février contre 53,3 en janvier.
Du côté des valeurs, les secteurs
les plus exposés à un ralentisse-
ment économique en Chine ont le
plus souffert.
Renault a cédé 3,26 % alors que
Peugeot abandonnait 2,25 %.
L’équipementier automobile Valeo
a reculé, quant à lui, de 4,75 % après
une chute de 43 % de son bénéfice
net.
Dans le luxe, LVMH a perdu
1,29 %, Kering a reculé de 0,86 % et
Hermès de 0,74 %.
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