Les Echos - 23.03.2020

(Tina Sui) #1

Les Echos Lundi 23 mars 2020 ENTREPRISES// 21


nos 7. 500 agents, tout en mainte-
nant l’essentiel : le nettoyage, les
encombrants et le ramassage des
ordures ménagères », souligne
l’adjoint à la maire de Paris chargé
de la propreté, Paul Simondon.
Pour l’heure, « nous avons établi
des protocoles de fonctionnement,
il y a eu une information des orga-
nisations syndicales, et nous ne
voyons pas de personnel exerçant
leur droit de retrait, tout le monde
est mobilisé », ajoute-t-il. De fait,
au niveau national, le taux
d’absence reste faible chez le per-
sonnel, témoignent tant Amorce
que les grands opérateurs, tels
Veolia, Suez et Paprec.

Règles de crise
« Les collectivités gèrent bien la
situation sur le front des déchets »,
observe B ertrand Bohain, délégué
général du Cercle national du
recyclage (CNR), autre associa-
tion de collectivités locales. Mais
le Covid-19 gagnant du terrain, il
faut préparer la suite. Amorce
milite pour l’adoption de règles
sanitaires de crise afin de conser-
ver la mobilisation du personnel,
comme l’enfermement en sacs
des déchets des bacs de tri sélectif
plutôt que le vrac actuel. « Il est
urgent de faire passer le message
que les mouchoirs utilisés ne doi-
vent jamais être mis dans le tri
sélectif, même si c’est du papier! »
alerte-t-on au CNR.
Par ailleurs, le confinement et
l’arrêt ponctuel des collectes
sélectives vont accroître le volume
des poubelles en mélange, donc
les besoins d’élimination. Or
« l’incinération et l’enfouissement
sont assujettis à la taxe sur les acti-
vités polluantes (TGAP), explique
Nicolas Garnier chez Amorce.
L’addition va gonfler et les collecti-
vités vont avoir besoin d’une exoné-
ration de TGAP dans le cadre des
mesures d’urgence. »n

Myriam Chauvot
[email protected]

Avec le Covid-19, l’enlèvement des
déchets ménagers entre pro-
gressivement en régime mini-
mum. A ce stade, 90 % à 95 % des
4.800 déchetteries publiques de
France sont désormais fermées, e t
environ 60 % des centres de tri,
selon les dernières estimations de
l’association des collectivités loca-
les Amorce, dont les adhérents
comptent la quasi-totalité des
acteurs publics de la collecte des
déchets, desservant 60 millions
de Français. Si plusieurs préfets
ont recommandé la poursuite de
la collecte sélective et du tri des
déchets ménagers, de nouvelles
collectivités s’interrogent chaque
jour sur l’arrêt de leur centre de tri.
Mais même quand leur centre
de tri est fermé, nombre de villes
poursuivent la collecte sélective
des déchets d’emballages. Elles les
stockent pour tri ultérieur ou les
envoient en i ncinération.
D’autres, minoritaires à ce stade,
ont purement et simplement
cessé la collecte sélective. C’est le
cas de Paris. Le Syctom, le syndi-
cat gérant les déchets de 85 com-
munes d’Ile-de-France, a fermé
cette semaine ses centres de tri, et
la Ville de Paris a simplifié ses
tournées : il n’y a plus qu’un seul
type d’ordures ménagères. « La
priorité e st de protéger

Certaines villes, Paris
en tête, ont supprimé
la collecte du bac de tri
sélectif pour réduire les
besoins de tournées. Selon
les dernières estimations,
la quasi-totalité des
déchetteries publiques ont
fermé, ainsi que plus de la
moitié des centres de tri.
La priorité va au ramassage
des ordures ménagères.

La collecte des déchets


s’adapte au confinement


débit avait obtenu l’aval de la FDA
« en vingt-quatre heures, alors que
cette procédure prend habituelle-
ment des mois ».
Les tests sont essentiels pour
savoir qui est malade, sachant qu’il
existe des formes asymptomati-
ques. « Mais même si nous faisons
tourner à plein régime notre outil de
production, et si certains de nos
concurrents [Danaher et GE Health-
care, NDLR] ont également obtenu
le feu vert pour des tests sur leurs
automates à haut débit, la demande
reste très supérieure à l’offre », a
précisé le patron de Roche.

Gérer le rationnement
Cette question de la pénurie,
aujourd’hui d’actualité pour les
tests, car ils sont les premiers outils
disponibles contre le coronavirus,
se posera aussi pour les médica-
ments ou les vaccins dès qu’ils
seront accessibles. Car malgré
l’augmentation ou le partage des
capacités de production, ce sont
potentiellement des centaines de
millions de personnes qui en
auront besoin. Le transfert de tech-
nologie vers des pays à revenus
intermédiaires soucieux d’assurer
leur approvisionnement n’est pas la
solution en temps de crise. « Il fau-
drait construire, former les gens,

ce serait une perte de temps considé-
rable », a estimé le directeur de la
recherche chez J & J, Paul Stoffels.
A la question des modes de par-
tage de la pénurie, les industriels
renvoient sur les autorités sani-
taires c es choix d ifficiles. « Nous d is-
cuterons avec les autorités de chaque
pays afin que la répartition soit la
plus équitable possible en fonction de
l’épidémiologie », a affirmé David
Loew, vice-président exécutif
de Sanofi-Pasteur, l’activité vaccins
de Sanofi. Et personne ne doit acca-
parer un produit ou une technolo-
gie pour son seul usage, a insisté
David Ricks, en écho aux rumeurs
sur les tentatives de Donald Trump
de mettre la main sur une techno-
logie, portée par une start-up alle-
mande des vaccins.
Mais on n’en est pas là. Il faut
d’abord trouver les remèdes et vac-
cins. « Dans cette course de vitesse, ce
n’est pas l’argent qui manque », a
insisté Paul Stoffels, mais bien les
ressources humaines. « Dans notre
volonté d’aller vite, nous pouvons
nous demander si nous sommes
assez bien organisés, essayer de
comprimer au maximum les délais
administratifs, a poursuivi David
Loew. Mais il n’est pas question de
faire des compromis sur la sécurité,
d’autant plus que les vaccins sont

administrés à des gens en bonne
santé. Nous n’avons pas le droit
à l’erreur. »
Pour cela, il faut réaliser les e ssais
cliniques avec la rigueur habituelle,
ce qui prend du temps. En ce qui
concerne la vaccination, rien donc
à espérer avant de douze à dix-
huit mois, au mieux. Pour autant,
l’utilité d’un vaccin demeure, car on
ne sait pas si l’é pidémie s’éteindra
pour ne pas réapparaître, comme
avec le SRAS. Mais pour les médica-
ments aussi, il importe de ne pas
faire n’importe quoi. Beaucoup de
produits sont testés de façon empi-
rique sur de petites populations.
« Ce sont des pistes, mais pas des
preuves », rappelle David Ricks.
Et puis au milieu de cette mobili-
sation, il faut aussi continuer à
servir les patients atteints d’autres
pathologies. Pour cela, il faut
d’abord protéger les salariés. Tous
ceux qui n’ont pas un rôle critique
pour le fonctionnement de la R&D
et de la production sont en télé-
travail. Et ceux qui doivent se ren-
dre sur place sont soumis à des
règles d’hygiène et de protection
encore plus strictes.
Enfin, une autre préoccupation
monte : comment maintenir la
chaîne logistique en dépit de la fer-
meture des frontières.n

Covid-19 : l’industrie pharmaceutique fait front uni


Catherine Ducruet
@CDucruet


En retrait derrière les autorités
sanitaires, l’industrie pharma-
ceutique regroupée sous son orga-
nisation internationale, l’IFPMA,
a tenu une conférence de presse
virtuelle pour montrer qu’elle n’en
est pas moins active face à l’é pidé-
mie de coronavirus.
A situation inédite, réponse iné-
dite. Les patrons de grands groupes
ont souligné à quel point la mobi-
lisation avait été rapide grâce à
la coordination des efforts de
leurs entreprises, pourtant féroces
concurrentes. « Nous ne sommes
pas dans le “business as usual” », a
souligné le président d’Eli Lilly et
de l’IFPMA, David Ricks. Il a loué
aussi la réactivité des autorités de
santé. A titre d’exemple, le patron
de Roche, Severin Schwan, a indi-
qué que son test coronavirus à haut


La collaboration entre
les laboratoires et avec
les autorités publiques
a permis à l’industrie
pharmaceutique de réagir
en un temps record.
De nombreuses étapes
restent nécessaires avant
de disposer de produits.


Paul Molga
— Correspondant à Marseille


Une semaine aura suffi pour que la
chloroquine passe du statut de
« fausse solution », vilipendée par la
majorité du milieu scientifique, à
celui de médicament candidat
contre le Covid-19. De source gouver-
nementale, on confirme que l’autori-
sation accélérée d’un essai clinique
de grande ampleur, supervisé par
l’Inserm, va être accordée ce mardi.
Ce produit controversé rejoindra
les trois candidats déjà inclus dans
le vaste essai Discovery que conduit
l’institut de recherche médicale
dans le cadre du consortium multi-
disciplinaire Reacting (Research
and Action Targeting Emerging
Infectious Diseases), qui réunit plu-
sieurs groupes de recherche fran-
çais d’excellence. C ette étude devrait
porter sur 3.200 patients en Europe,
dont 800 en France.


Plusieurs dizaines
de centres impliqués
A son inauguration, en mars 2018,
l’IHU Méditerranée Infection de
Didier Raoult n’avait pas obtenu
d’Yves Lévy, alors p atron d e l’Inserm
et encore époux de l’ex-ministre de
la Santé A gnès Buzyn, le label qui lui
aurait donné une reconnaissance
indiscutable. Le chercheur icono-
claste a donc dû batailler auprès du
gouvernement pour faire entendre
la voix de son pôle de recherche qui
figure pourtant parmi les plus proli-
fiques du pays. « Nous parlons
ensemble plusieurs fois par semaine
et j’ai donné toutes les impulsions
nécessaires pour que son étude puisse
être expérimentée de façon indé-
pendante ailleurs, à plus grande
échelle, pour confirmer ou infirmer
ses résultats », a expliqué samedi
Olivier Véran, ministre des Solida-
rité et de la Santé.
L’étude Discovery, qui démarrait
ce dimanche, sera conduite dans
une poignée de CHU (Paris, Lyon,
Nantes, Lille) et progressivement


étendue « à plusieurs dizaines de
centres », selon l’infectiologue Jad
Ghosn, qui supervisera l’essai à
l’hôpital Bichat, dans le nord de
Paris. Les p atients seront répartis en
cinq groupes : un groupe placebo
traité pour les symptômes unique-
ment, un pour tester l’efficacité
d’un médicament anti-VIH (le
Kaletra), un autre qui l’associera
à de l’interféron bêta pour moduler
la réponse immunitaire, un qua-
trième pour vérifier l’effet d’un anti-
viral développé contre le virus
Ebola (le remdesivir).

Administré sans contrôle
Le cinquième accédera à la chloro-
quine, à compter de vendredi pro-
chain. Plusieurs centaines de
patients seront intégrés « par vagues

successives », en France, mais aussi
en Italie et en Espagne notamment.
Les résultats pourraient être
connus dans moins d e six semaines.
Il y a urgence, car l’administration
de Plaquenil, l’un des noms com-
merciaux d e la chloroquine, se géné-
ralise sans contrôle. Sous couvert de
« raisons compassionnelles » envers
les familles de patients lourdement
atteints, plusieurs chefs de clinique
traitent déjà des malades avec ce
médicament, qui peut avoir des
effets indésirables chez les seniors
ou en association avec certaines
familles d’antibiotiques. Au Maroc,
le gouvernement a aussi décidé de
passer outre les confirmations
scientifiques en achetant tous les
stocks de l’usine Sanofi de Casa-
blanca pour traiter les malades.n

Lancement d’un essai clinique


de grande ampleur de la chloroquine


Le traitement controversé
contre le coronavirus de
Didier Raoult rejoint l’essai
européen Discovery, dont la
part française est conduite
par l’Inserm. Il portera sur
plusieurs centaines
de patients hospitalisés.
Réponse probable
dans six semaines.


L’étude Discovery devrait porter sur 3.200 patients en Europe, dont 800 en France. Photo Gérard Julien/AFP

La Fédération française d’athlétisme
demande un report des JO

SPORT Les Jeux Olympiques d’été, qui doivent se dérouler du
24 juillet au 9 août à Tokyo, vont-ils être repoussés? Pour l’heure, le
Comité international Olympique juge un report prématuré. Mais de
plus en plus de voix s’élèvent en ce sens. Dimanche, le président de la
Fédération française d’athlétisme, André Giraud, a demandé de déca-
ler les dates des épreuves. « Envisageons, si la crise est endiguée d’ici à
fin mai, un report des Jeux à l’automne. Mais le plan C serait un report de
six mois ou un an », a-t-il déclaré à l’AFP.

à suivre


« J’ai donné toutes
les impulsions
nécessaires pour
que cette étude
puisse être
expérimentée de
façon indépendante
ailleurs, à plus
grande échelle,
pour confirmer
ou infirmer
ses résultats. »
OLIVIER VÉRAN
Ministre des Solidarité
et de la Santé

Les actionnaires sont priés de bien vouloir assisteràl’Assemblée Générale Ordinaire qui se
tiendralemercredi8avril2020 à14.00heuresau12,rueEugèneRuppert,L-2453Luxembourg,
pourdélibéreretvotersurl’ordredujoursuivant:
OrdreduJour


  1. RapportduConseild’Administration

  2. RapportduRéviseurd’Entreprises

  3. Examenetapprobationdescomptesannuelsau31.12.2019

  4. DéchargeàdonnerauxAdministrateurs

  5. Affectationdurésultat

  6. Nominationsstatutaires

  7. Tantièmes

  8. Divers
    Aucun quorum n’est requis pour les pointsàl’ordre du jour de l’Assemblée et les décisions
    seront prisesàlamajorité simple des voix exprimées des actionnaires présents ou représentés
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