Le Monde - 23.02.2020 - 24.02.2020

(Brent) #1
0123
DIMANCHE 23 ­ LUNDI 24 FÉVRIER 2020 international| 5

Trump en Inde pour contrer l’influence de la Chine


Le président américain sera reçu avec faste à partir de lundi par le premier ministre, Narendra Modi


new delhi, washington ­
correspondants

D


es routes et trottoirs
réparés et fleuris, des
fleuves nettoyés, des
taudis masqués ou ra­
sés, Donald Trump devrait avoir
une vision un rien embellie de
l’Inde. Attendu lundi 24 février, le
président des Etats­Unis et son
épouse, Melania, doivent effec­
tuer une visite officielle de deux
jours dans le sous­continent.
Le premier ministre indien, Na­
rendra Modi, et le président améri­
cain, deux populistes, égocen­
triques, grands utilisateurs des
réseaux sociaux, et pourfen­
deurs de la presse, s’apprécient et
s’étaient déjà donné en spectacle
en septembre 2019 à Houston, au
Texas, devant une foule en liesse.
M. Modi accueillera le locataire de
la Maison Blanche à Ahmedabad,
dans son ancien fief du Gujarat
(Ouest), qu’il dirigea de 2001 à 2014.
Une petite revanche personnelle
pour M. Modi, qui fut interdit de
séjour aux Etats­Unis pendant dix
ans, soupçonné d’avoir couvert les
pogroms contre les musulmans
qui avaient fait plus de 2 000
morts dans cet Etat de l’ouest de
l’Inde en 2002. La visite de Donald
Trump intervient alors que, de­
puis décembre 2019, des milliers
d’Indiens manifestent quotidien­
nement contre la réforme de la loi
sur la nationalité et la politique sé­
grégationniste du gouvernement
à l’égard des musulmans.
Au cours d’une conférence télé­
phonique, vendredi 21 février, de

hauts responsables de l’adminis­
tration américaine ont indiqué
que le président saurait rappeler
l’Inde au respect de ses propres va­
leurs. Par le passé, Donald Trump
ne s’est jamais montré très exi­
geant sur ces questions vis­à­vis
de ses alliés. Et la politique brutale
du premier ministre indien dans
la région du Cachemire n’a pas
ému outre mesure son interlocu­
teur jusqu’à présent.

« Namaste Trump »
Narendra Modi a prévu les choses
en grand à Ahmedabad. En telle­
ment grand que le président amé­
ricain, toujours très sensible à la
taille de ses publics, s’est un peu
emmêlé dans les chiffres et les
unités indiennes. Il a assuré avant
son départ des Etats­Unis qu’on
lui avait promis d’être acclamé par
7 millions d’Indiens massés le
long de la route qui doit le mener
de l’aéroport à Ahmedabad.
C’était beaucoup pour une ville
qui compte un peu plus de 5 mil­
lions d’habitants.
En réalité, les conseillers de
M. Modi ne s’étaient pas expri­
més en millions mais en lakhs,
une unité qui équivaut à 100 000.
L’estimation de 700 000 admira­
teurs promise à Donald Trump
étant déjà très optimiste. Mais
l’Inde est l’un des rares pays dans
le monde et en Asie où le prési­
dent des Etats­Unis jouit d’une
image plutôt favorable, selon le
Pew Research Center.
Le parcours de 22 kilomètres
qu’il empruntera lundi a été passé
au peigne fin. Un mur peint avec

les effigies des deux chefs d’Etat et
de gouvernement a été érigé sur
une portion de 600 mètres pour
dissimuler un bidonville où s’en­
tassent près de 2 000 pauvres
depuis des années. Une quaran­
taine de familles non loin du stade
Motera ont également été priées
de déguerpir. C’est dans cette en­
ceinte que doivent se produire
MM. Modi et Trump dans un show
baptisé « Namaste Trump » (« bon­
jour Trump »).
L’ouvrage présenté comme le
plus grand stade de cricket au
monde vient tout juste d’être
achevé. Les ouvriers étaient en­
core à l’œuvre ces dernières heu­
res. Le meeting terminé, Donald et
Melania Trump s’envoleront pour
Agra, dans l’Uttar Pradesh (Nord­
Est), pour visiter, au soleil cou­
chant, le Taj Mahal. Avant lui, Ba­
rack Obama avait dû renoncer à vi­
siter le bâtiment le plus embléma­
tique de l’Inde pour des raisons de
sécurité. Le mausolée de marbre
blanc a été nettoyé, ainsi que les
rives de la Yamuna, d’habitude
souillées de déchets. Les époux
dormiront ensuite à New Delhi.
Les discussions commerciales
interviendront dans la capitale.
Elles ont débuté en 2018, mais ont
peu de chances d’aboutir dans
l’immédiat, même si les deux par­
tenaires pourraient s’entendre sur
l’achat de matériel militaire, de
gaz liquéfié américain, de pro­
grammes nucléaires, spatiaux ou
scientifiques. Les délégations ont
prévenu qu’aucun accord glo­
bal ne serait signé. De nom­
breux nuages pèsent encore sur

les échanges entre les deux Etats.
Le commerce bilatéral s’est élevé à
150 milliards de dollars en 2019,
avec un avantage pour l’Inde de
23 milliards de dollars.
« J’aime beaucoup Modi, mais les
Etats­Unis ne sont pas bien traités
par l’Inde », s’est plaint le chef
d’Etat américain avant son départ.
L’Inde impose en effet des taxes
douanières très élevées sur les
produits importés pour protéger
son marché intérieur, mais le pays
qui voit chaque mois 1 million
de jeunes supplémentaires cher­
cher du travail a besoin de nou­
veaux débouchés.

Droits de douane
A la fin 2019, Narendra Modi s’est
retiré du partenariat économi­
que régional global, un projet
d’accord de libre­échange entre
16 pays du Pacifique. Le premier
ministre indien redoutait la con­
currence chinoise. Il doit mainte­
nant impérativement conclure
des accords bilatéraux.
Face à l’ultraprotectionnisme in­
dien, les Etats­Unis ont répondu
par des sanctions. En 2019, les
autorités ont sorti l’Inde de la liste
des pays en développement béné­

ficiant de mesures préférentielles.
Une décision qui va se traduire
par des pertes économiques im­
portantes pour le sous­continent.
La Maison Blanche a défendu
cette posture vendredi, au cours
de la même conférence télépho­
nique, notant que la responsa­
bilité en incombait à New Delhi,
faute de permettre « un accès
équitable et raisonnable à ses mar­
chés dans de nombreux secteurs »
et constatant « une augmentation
des barrières douanières et non
leur diminution ». Washington a
également imposé à New Delhi
des droits de douane supplémen­
taires de 25 % sur l’acier et de 10 %
sur l’aluminium. Donald Trump
entend rééquilibrer les échanges
et accéder à ce marché de 1,3 mil­
liard d’habitants où les besoins
notamment en infrastructures
sont immenses.
En marge de ces tensions com­
merciales, Donald Trump n’a pas
d’autre choix que de conserver un
lien privilégié avec l’Inde. Les Phi­
lippines du président Rodrigo Du­
terte ont en effet annoncé, le 11 fé­
vrier, leur intention de se retirer
d’un accord militaire stratégique
avec les Etats­Unis. Washington a
réagi en déplorant une décision
« malheureuse ». Elle a beau être
manifestement dictée par des con­
sidérations politiques (le refus des
Etats­Unis d’accorder un visa à un
fidèle du président philippin), elle
n’en souligne pas moins que
Washington a plus que jamais be­
soin de New Delhi pour contrer la
Chine dans cette partie de l’Asie.
sophie landrin et gilles paris

Le commerce
bilatéral entre
Etats-Unis et Inde
s’est élevé
à 150 milliards de
dollars en 2019

Procès Weinstein : le jury divisé


L’attitude des jurés de New York suggère qu’ils considèrent le producteur
comme coupable de viols, mais pas d’agressions sexuelles en série

new york ­ correspondant

L


es délibérations du jury au
procès d’Harvey Weinstein
s’annonçaient difficiles.
On en a eu confirmation, ven­
dredi 21 février en début d’après­
midi, au tribunal de Manhattan.
Les douze jurés qui débattent en­
tre eux depuis quatre jours de la
culpabilité ou non du magnat dé­
chu d’Hollywood ont fait passer
une demande d’information au
juge James Burke, qui préside les
débats : « Nous, membres du jury,
voulons savoir si nous pouvons
être en désaccord sur les chefs d’in­
culpation 1 et/ou 3, mais d’accord
unanimement sur les autres. »
Ce petit mot a fait l’effet d’une
bombe : il laisse entendre que les
jurés ne sont pas d’accord sur le
chef d’inculpation le plus grave,
agressions sexuelles en série, qui
peut valoir à M. Weinstein la pri­
son à la perpétuité. Pour obtenir
une condamnation, il faut l’una­
nimité du jury. Le juge Burke a de­
mandé aux jurés de continuer à
rechercher un consensus. Les dé­
bats ont été levés vendredi à
15 heures, et ils reprendront lundi.
L’affaire doit être examinée
avec prudence, un jury pouvant
changer d’avis en cours de
délibération. C’est un rapport
d’étape provisoire, qui n’aurait
pas dû être connu s’il n’y avait eu
cette demande au juge. Deux
femmes accusent formellement
M. Weinstein. La première est
une assistante de production,
âgée d’une quarantaine d’an­
nées, Mimi Haleyi, qui dit avoir
subi un cunnilingus forcé par
M. Weinstein à son domicile
new­yorkais, en 2006. Cet acte
vaut à ce dernier d’être poursuivi
pour agression sexuelle (vingt­
cinq ans de prison encourus).
La seconde plaignante est Jessica
Mann, 36 ans, qui rêvait de deve­

nir actrice. Selon son témoignage,
elle aurait subi deux viols, en
mars et en novembre 2013, dans
un hôtel new­yorkais. Ces accusa­
tions valent à M. Weinstein d’être
poursuivi à deux titres, viol avec
violence (cinq à vingt­cinq ans de
réclusion) et viol avec personne
incapable de donner son consen­
tement (jusqu’à quatre ans).
La défense a noté que les deux
femmes avaient eu par la suite au
moins une relation sexuelle
consentie avec Harvey Weinstein :
Mimi Haleyi a expliqué qu’elle
était sous emprise. Le cas a été plus
difficile pour Jessica Mann, qui a li­
vré un témoignage poignant, mais
avait entretenu une relation suivie
plus ambiguë avec l’accusé.
Reste à étayer l’accusation
d’agressions en série, censée
refléter le comportement de pré­
dateur de M. Weinstein. C’est ici
qu’entre en scène Annabella
Sciorra, 59 ans, qui dit avoir été
violée par le producteur au début
des années 1990. Prescrit, son cas
ne pouvait faire l’objet de pour­
suites individuelles, mais sert à
nourrir l’accusation.
Pour que M. Weinstein soit con­
damné à ce titre, il faut qu’il y ait
eu soit une double agression
Sciorra­Haleyi, soit une double
agression Sciorra­Mann. Sans
viol d’Annabella Sciorra, pas de
condamnation à ce titre. Le jury a
demandé, jeudi et vendredi, à re­
voir le script de la déposition de
Mme Sciorra. Cette dernière a ex­
pliqué que, fin 1993 ou début
1994, après avoir dîné ensemble,
M. Weinstein l’avait déposée à

son domicile de Gramercy Park à
Manhattan. La jeune femme se
met en tenue de nuit, quand on
sonne à son appartement : c’est
Weinstein, qui force l’entrée. Il fait
135 kilogrammes, elle en pèse 50.
Weinstein la pousse sur son lit,
elle se débat, il la viole, puis se re­
tire pour éjaculer sur sa jambe.

La prudence prévaut
C’est manifestement sur ce cas
que les jurés se concentrent,
pour savoir s’ils condamnent
Harvey Weinstein pour agres­
sions sexuelles en série. De leur
requête auprès du juge, on en dé­
duit aussi qu’ils sont tom­
bés d’accord sur la culpabilité
d’agression sexuelle ou de viol
avec violence d’au moins une des
deux plaignantes principales,
Haleyi ou Mann. En effet, si l’ac­
cusé était reconnu innocent vis­
à­vis de ces deux femmes à la
fois, l’accusation d’agressions en
série tomberait d’elle­même, et il
n’y aurait pas lieu d’avoir un dé­
bat sur le jury divisé ni de de­
mander des explications com­
plémentaires sur le cas Sciorra.
C’est la conclusion tirée par l’avo­
cat Douglas Wigdor, qui repré­
sente une des témoins au procès :
« La dernière note des jurés indique
que le jury a trouvé Harvey Weins­
tein coupable au moins de viol
(Mann) ou d’agression sexuelle
(Haleyi). Dans l’attente de voir si le
jury peut parvenir à un verdict una­
nime sur le crime d’agressions
sexuelles en série [passible de per­
pétuité] », écrit M. Wigdor.
Mais en attendant le verdict of­
ficiel de la justice, la prudence pré­
vaut. En cas de verdict partiel, l’ac­
cusation peut demander que les
chefs d’inculpation sur lesquels le
jury n’a pu s’entendre, et ceux­là
uniquement, fassent l’objet d’un
nouveau procès.
arnaud leparmentier

Deux femmes
accusent
formellement
Harvey Weinstein

CONTEXTE


PREMIÈRES  VISITES
Donald Trump effectue sa
première visite officielle en Inde.
Le rapprochement des Etats-
Unis et de l’Inde, après des
années de défiance pendant la
guerre froide, a été amorcé par
Bill Clinton. Le président améri-
cain démocrate avait brisé la
glace entre les deux pays en ef-
fectuant un déplacement histori-
que à New Delhi en 2000 pour
rencontrer le premier ministre
nationaliste hindou, Atal Bihari
Vajpayee. Ses successeurs
George W. Bush et Barack
Obama ont poursuivi et
consolidé les liens pour contrer
l’influence et la montée en
puissance de la Chine et tenter
de nouer des relations
commerciales avec le deuxième
pays le plus peuplé au monde.

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