Les Echos - 04.03.2020

(Darren Dugan) #1

34 // Mercredi 4 mars 2020 Les Echos


Avec Twitter, le fonds Elliott s’attaque
à une cible facile.

Si, selon Sun Tzu, « le bon général a gagné la bataille avant de l’enga-
ger », c’est aussi parce qu’il a su choisir ses adversaires. A Wall Street,
Paul Singer est certainement le plus à même de compléter « L’Art de la
guerre » du stratège chinois. D’ATT à eBay en passant par Samsung,
les offensives de sa firme, Elliott, dans la technologie ont toujours ci-
blé des citadelles déjà vermoulues dont il a été relativement facile
d’obtenir des objectifs un peu plus ambitieux, la cession de pans en-
tiers d’activités ou de généreux rachats d’actions. Même chez Soft-
bank, flanqué d’une forte décote boursière, son incursion a provoqué
un demi mea-culpa du patron, Masayoshi Son, à Wall Street. Avec
Twitter, dont il a pris autour de 5 % pour 1 milliard de dollars, le fonds
activiste joue sur du velours. Le fondateur, Jack Dorsey, déjà très pris
par sa double casquette de directeur général du réseau de microblog-
ging et de la fintech Square, s’est attiré l’ire des investisseurs en an-
nonçant sa « délocalisation » pour quelques mois en Afrique, afin de
creuser le potentiel de ce continent. Le propriétaire de l’application
chinoise de vidéos TikTok, non coté, vaut potentiellement deux fois et
demie la capitalisation en Bourse de la firme à l’oiseau bleu, qui a fer-
mé son équivalent, Vine, il y a trois ans. Il reste à voir si couper la bran-
che de son créateur peut suffire à donner de nouveaux bourgeons.

// Budget de l’Etat 2020 : 39 9,2 milliards d’euros // PIB 2019 :2. 47 9,4 milliards d’euros courants
// Plafond Sécurité sociale :3.428 euros/mois à partir du 01-01-2020 // SMIC horaire : 10 ,15 euros à partir du 01-01-202 0
// Capitalisation boursière de Paris :1.827,78 milliards d’euros (au 06-01-2020)
// Indice des prix (base 100 en 2015) :103,55 en décembre 2020 // Taux de chômage (BIT) :8,6 % au 3etrimestre 2019
// Dette publique :2.415,1 milliards d’euros au 3etrimestre 2019

=
Les chiffres de l’économie

Démographie, l’éternel retour


crible


EN VUE


Agnès Buzyn


C


e mercredi soir sur LCI, c’est
sans doute elle qui joue le plus
gros dans le seul débat télévisé
mettant en présence, avant le vote du
15 mars pour le premier tour des muni-
cipales, les candidats à la Mairie de
Paris. L’ex-ministre de la Santé, qui a
toujours répété qu’elle n’était pas
une « professionnelle de la politique »,
devra cette fois en être une si elle veut
inverser le cours des sondages, tous lui
pronostiquant une 3e pla ce après Anne
Hidalgo et Rachida Dati, ses deux
redoutables adversaires, politiciennes
consommées. Une campagne pari-
sienne, c’est savoir casser l’œuf dur sur
les comptoirs de la Goutte-d’Or comme
caresser la tête blonde du p etit-fils sur le
marché du 16 e. Des occupations, même
si elle s’y adonne avec bon cœur, bien
prosaïques pour cette hématologue
que son précédent poste avenue de

Ségur destinait à fixer les contours de
l’hôpital du XXIe sièc le. La progression
du coronavirus en France au cours des
dernières semaines, face auquel son
ancien ministère est aujourd’hui placé
en première ligne, a relégué au second
plan la bataille municipale, rendant
encore plus difficile pour la rempla-
çante de Benjamin Griveaux à la tête de
la liste LREM de provoquer un « effet
Buzyn ». Méchant retour du destin
pour celle qui tint dès ses premiers pas
de ministre à prendre d es décisions très
volontaristes en matière de vaccins.
Après des débuts de campagne sous le
signe de la bienveillance, ses diagnos-
tics se sont faits plus cinglants au fil des
jours sur l e bilan de la maire s ortante o u
les absences répétées de Rachida Dati
lors des conseils de l’Hotel de Ville. Il n’y
a pas plus contagieux que le virus de la
politique.

Le CAC 40 en hausse après la Fed



  • La^ Bourse de Paris a bondi de 3 %
    mardi dans l’après-midi après
    l’annonce surprise de la Fed qui a
    décidé de baisser de 50 points de
    base ses taux directeurs pour con-
    trer les effets sur l’économie du
    coronavirus. C’est la première fois
    depuis la crise financière de 2008-
    2009 que la banque centrale améri-
    caine baisse ses taux entre deux
    réunions de politique monétaire, la
    prochaine étant prévue les 17 et
    18 mars.
    Mais l’enthousiasme est
    retombé très vite. L’indice CAC 40 a
    terminé en hausse de seulement
    1,12 %, à 5.393,17 points, dans un
    volume d’échanges toujours très
    nourri de 7,5 milliards d’euros. La


veille, il avait déjà terminé dans le
vert (+0,44 %).
Ailleurs, en Europe, la tendance
était identique. Le Dax, en Allema-
gne, a gagné 1,08 %, à Londres
l’indice Footsie a pris 0,95 %.
Du côté des valeurs françaises,
les bancaires ont été en première
ligne. Société générale (–3,46 %),
Crédit agricole (–2,72 %) et BNP
Paribas (–2 %) ont figuré parmi les
plus fortes baisses du CAC 40.
A l’inverse, Airbus a gagné plus
de 4 % aidé par Exane BNP Pari-
bas, qui a réitéré sa recommanda-
tion d’achat sur le titre de l’avion-
neur. Saint-Gobain a, lui, profité
d’un conseil d’achat des analystes
de Société Générale.

Un oiseau sur la branche


Av ec le coronavirus, la démogra-
phie refait parler d’elle puisque le
taux de mortalité augmente avec
l’âge. Et cette science plus exacte
que la médecine est appelée à
jouer un rôle clé dans l’élabora-
tion des politiques publiques de la
zone euro. Les 15- 64 ans vont en
effet diminuer en nombre de 4 %
au cours de la décennie – de 6 %
en Allemagne et en Italie –,
après avoir stagné au cours des
années 2010. Selon ING (« The
new decade : Labour shortages,
lower growth, lower rates »),
outre les effets multiples dans
l’économie (pénurie localisée de
main-d’œuvre, moindre croissan-
ce, hausse des dépenses de soins
et de retraite), la finance doit se
préparer à une pression durable à
la baisse sur les taux d’intérêt, à
cause de la hausse du taux d’épar-
gne. Le recul de la retraite et l’im-
migration peuvent atténuer les ef-
fets sur la population active, mais
c’est plus facile à dire qu’à faire.

Les investisseurs ont intérêt à se pencher sur le vieillissement de la zone euro.
Nouvelle perspective

Altarea désengage en douceur son histoire
boursière des galeries marchandes.

« La transformation urbaine, un marché immense. » Avec cette convic-
tion chevillée au corps, Altarea déroule ses plans, et avec de l’avance au
vu des comptes publiés pour 2019, malgré sa taille moyenne (3 mil-
liards d’euros de capitalisation boursière). Le groupe immobilier fondé
par Alain Taravella se distingue par sa diversification, l’un des seuls à
combiner les trois métiers de la promotion (les centres commerciaux,
le logement et les bureaux). Il a su néanmoins se désengager des gale-
ries marchandes d’hypermarché, pour se concentrer sur les grands
centres commerciaux ou les gares. Les dernières sont cédées ou en
cours de cession, alors qu’elles pesaient encore un tiers du patrimoine
détenu en 2014. Ce profil plus proche de celui des spécialistes des
« malls » Unibail Rodamco Westfield ou Klepierre n’était pas, à lui seul,
une garantie de performance pour son action. Les investisseurs bour-
siers ont eu tendance à privilégier le logement ou les bureaux avec le
Brexit et la montée du cybercommerce. Il lui aura toutefois permis de
bien mieux tenir la comparaison avec la moyenne des valeurs françai-
ses. La publication d’A ltarea ne traduit pas « d’érosion forte des valeurs
d’expertise de commerces malgré l’inquiétude généralisée qui ne peut, en
principe, que gonfler la prime de risque », soulignent les experts d’Invest
Securities. Et surtout, les investisseurs boursiers peuvent ainsi mieux
apprécier la nouvelle perspective d’aménagement diversifié offerte par
l’histoire boursière.
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