Libération - 13.03.2020

(Nancy Kaufman) #1

Libération Vendredi 13 Mars 2020 u 13


trôle direct sur la population
et virtuose de la communica-
tion en ligne.
«C’est une blague, s’insurge
Ranjana Kumari, féministe
indienne et directrice du
Centre for Social Research de
New Delhi. En quoi est-ce que
le fait de donner accès à son
compte twitter pour une jour-
née peut permettre d’émanci-
per les femmes indiennes?
C’est l’inverse. Il garde tout le
pouvoir et décide juste de le
donner pour un jour.» Il est
vrai qu’en six ans, la seule
mesure de taille du gouverne-
ment envers les femmes a été
de subventionner l’achat des
bonbonnes de gaz, pour
qu’elles arrêtent de suffoquer
au-dessus de feux de bois. Il a
également étendu le congé
maternité à six mois, ce qui
pourrait être béné­fique, si
cela ne faisait pas que «ren-
forcer le rôle de la femme
comme reproductrice, l’exclu-
ant un peu plus du monde du
travail, tout en évitant de
créer des congés pa­ternité
pour partager cette ­tâche»,
conclut Kumari.
Sébastien Farcis
Correspondant
à New Delhi

piresUs («elle nous inspire»).
Chacune poste ­plusieurs mes-
sages sur les comptes Twitter,
Facebook, Instagram, ou You-
tube de Narendra Modi – sous
le contrôle certainement serré
du bureau du Premier mi­-
nistre. La célébrité de ces
femmes monte en flèche,
ainsi que le nombre d’abon-
nés sur leurs comptes pro-
pres. Et elles s’extasient, tout
en faisant l’éloge
d’un Narendra
Modi si magna-
nime qui leur a offert ce bref
instant de gloire.
Le Premier ministre indien,
qui a grandi dans les rangs
d’une organisation paramili-
taire nationaliste hindoue et
phallocrate, serait-il devenu
féministe? Rien de moins sûr.
Il est certain que les associa-
tions et commerces de ces
sept femmes ont reçu un
royal soutien. Mais cette ini-
tiative médiatique est surtout
un coup politique, qui place
Narendra Modi en bienfai-
teur, dont le regard paterna-
liste se pose sur chaque mes-
sage publié par ces femmes
«inspirantes». Et ce geste ré-
sume bien les traits de cet
homme, obsédé par le con-

«Ce dimanche, je pense aban-
donner tous mes comptes sur
les réseaux sociaux.» Ce tweet
du 2 mars aurait pu passer
inaperçu dans le flot de l’In-
ternet – s’il n’était venu du
compte du Premier ministre
indien, Narendra Modi,
3 e homme politique le plus
suivi sur Twitter derrière Ba-
rack Obama et Donald
Trump, avec 53,5 millions
d’abonnés. Les
médias indiens
s’alertent, spécu-
lent et dissèquent les inten-
tions du Premier ministre,
avant que ce dernier ne ré-
vèle qu’il a en fait décidé
d’«abandonner ses comptes
de réseaux ­sociaux à des fem-
mes dont la vie et le travail
nous inspirent», à l’occasion
de la journée internationale
pour les droits des femmes,
le 8 mars. Narendra Modi ne
recule ­devant rien pour mon-
trer sa dévotion pour la cause
des femmes.
Le 8 mars, sept femmes présé-
lectionnées ont fait la promo-
tion de leur œuvre sociale,
dans le domaine de la lutte
contre la faim, l’aide aux han-
dicapés ou la préservation de
l’eau, sous le mot-clé #SheIns-


Vu d’Inde


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Narendra Modi,


féministe paternaliste


ská, une ancienne secrétaire
d’Etat à la Justice, poussée à
la démission après que les
messages qu’elle échangeait
avec Kocner furent divul-
gués dans la presse. Tous
sont soupçonnés de corrup-
tion, d’abus de pouvoir et
d’obstruction à la justice. Ils
auraient notamment pris
des décisions judiciaires illé-
gales mais favorables à Koc-
ner, en échange de pots-de-
vin. La plupart travaillaient
dans les tribunaux de la ca-
pitale, dont dépendent les
entreprises de Kocner. Ainsi,
Zuzana Maruniaková, juge
au tribunal de Bratislava,
avait condamné en 2018 la
chaîne de télévision privée

Markíza à payer 8,3 millions
d’euros à Kocner dans une
affaire de faux billets, qui
a finalement valu au ma-
fieux une condamnation
à dix-neuf ans de prison en
février.
Dans cette galerie, émerge
un autre nom, celui de
­Vladimír Sklenka, le vice-
président du tribunal de
Bratislava. En contact avec
Kocner via une messagerie
cryptée, il est accusé d’avoir
fait disparaître des docu-
ments qui incriminaient
le businessman, pris des dé-
cisions en sa faveur, et
­surtout d’avoir fait pres-
sion sur d’autres juges pour
qu’ils fassent de même, en

échange de rétributions d’au
moins 150 000 euros.
Le contrôle de la justice slo-
vaque n’était qu’un élément
dans le système de corrup-
tion de Kocner. Son emprise
s’étendait aux dirigeants po-
litiques, comme l’avait mon-
tré les enquêtes du journa-
liste Ján Kuciak, assassiné il
y a deux ans. C’est cette im-
pression de toute-puissance
qui pourrait avoir encou-
ragé Kocner à ordonner la
mort du journaliste... Empri-
sonné depuis octobre 2018
pour une affaire de fraude,
il est aujourd’hui le principal
accusé du procès Kuciak, qui
a débuté en janvier.
Nelly Didelot

Petit, brun et trapu, Marián
Kocner, 56 ans, ne paie pas
de mine. Pendant de longues
années pourtant, cet entre-
preneur à succès, inscrit sur
les listes antimafia, a été l’un
des hommes les plus puis-
sants de Slovaquie. Un coup
de filet spectaculaire de la
police slovaque est venu rap-
peler mardi l’ampleur du
contrôle qu’il entretenait sur
la sphère ­politico-judiciaire,
jusqu’au plus haut sommet
de l’Etat.
Au petit matin, 18 person-
nes, dont 13 juges, ont été ar-
rêtées à leur domicile. Parmi
eux, ­Jarmila ­Urbancová, la
vice-présidente de la Cour
suprême, et Monika Jankov-

Justice Chelsea Manning a tenté de
se suicider juste avant une audience

Chelsea Manning, la lanceuse d’alerte de WikiLeaks, a tenté
de se suicider mercredi, à deux jours d’une audience sur son
refus, l’an dernier, de témoigner devant un grand jury chargé
d’enquêter sur l’organisation et son fondateur, Julian As-
sange, à qui elle avait transmis en 2010 une masse de docu-
ments confidentiels. «Elle a été conduite à l’hôpital et est ac-
tuellement en train de se remettre», selon un communiqué
du Sparrow Project. Graciée par Barack Obama, Chelsea
Manning avait été réincarcérée en mars 2019 à la suite de
ce refus. Photo AFP

Economiser de l’eau avec
du CO 2 supercritique
La chimie industrielle doit se réin-
venter pour utiliser moins d’eau,
produire moins de déchets et sortir de la dépendance
aux dérivés du ­pétrole. Pour résoudre ces problèmes,
le chercheur Stéphane Sarrade propose d’utiliser le CO 2
sous la forme d’un fluide supercritique. A lire dans notre
chronique Le Fil vert.

Spectaculaire coup de filet contre


des juges corrompus en Slovaquie

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