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aris est cette capitale capable de choisir
pour s’épanouir un tout petit bout de
rue, comme ça, par caprice! Un des
exemples frappant est cette rue de
Charonne, rue tranquille et un peu
oubliée s’il en était du 11earrondisse-
ment, redevenue tristement célèbre en
novembre dernier puisqu’elle fut dou-
loureusement touchée lors des attentats. Une rue bran-
chée,mais voilà,branchée façon Paris c’est-à-dire pas par-
tout : le coin qui se fréquente va du numéro 1 au
numéro 50, autrement dit du faubourg Saint-Antoine à
l’avenue Ledru Rollin. Pourquoi? Mystère...
Un peu d’histoire peut-être? La rue de Charonne a
connu des hauts et des bas, mais jamais d’indifférence.
C’est une des plus anciennes voies de Paris qui,au début
du XVIIesiècle, conduisait à Charonne, un village de
vignerons et de cultivateurs avant que celui-ci ne soit
annexé en 1860. Quand on connaît le rôle qu’ont joué la
vigne et le vin dans l’économie de Paris, on ne s’étonne
pas qu’alors la vie se soit éclose en cet endroit,qui devint
vite un quartier d’ateliers et d’artisans, bons travailleurs,
bons vivants.Il en reste d’ailleurs quelque chose dans cer-
taines maisons, certains passages surtout.
Bien sûr,impossible d’emprunter la rue sans une pause
au tout début, à l’angle du Faubourg-Saint-Antoine. Là,
comme un clin d’œil,on admire la fontaine Trogneux – du
nom d’un ancien brasseur – classée aux monuments his-
toriques depuis 1995.Elle compte parmi l’une des quatre
fontaines mises en place avant la première moitié du
XVIIesiècle pour alimenter les vignerons, oh! ironie, en
eau! Construite en coin de rue,sous la forme d’une impo-
sante façade à pilastres et moulures et surmontée d’un fron-
ton triangulaire dans un pur style Louis XV, elle se fond
dans l’alignement des immeubles. Comme seul indice de
son ancienne utilisation,les deux petits mascarons en bronze
à tête de lion,qui n’ont pas l’air d’avoir reçu de l’eau depuis
longtemps,sont difficiles à trouver.
Qu’à cela ne tienne, le promeneur, lui, a de quoi se
rafraîchir et se charmer toutau long de la rue. Dès le
numéro 5,un attroupement de touristes asiatiques indique
la première curiosité, au-delà d’une grille, la cour Saint
Joseph,avec ses bâtiments construits entre 1764 et 1794,
Au 41 rue de Charonne, Pause Café, un bistrot, bien
dans l’esprit du quartier: arty et branché.
RUE DE CHARONNE
Ex-rue populaire connue pour ses ateliers d’ébénisterie entre autres, la rue de Charonne
s’est embourgeoisée avec l’arrivée, dans les années 2010, des premières adresses branchées.
Depuis la tendance n’a cessé de s’amplifier. Tristement célèbre lors des attentats meurtriers
de novembre dernier, le quartier tente de panser ses blessures. La vie et l’activité ont
repris leur cours. Paris Capitale vous emmène en balade.
DOSSIER RÉALISÉ PARVIVIANEBLASSEL.PHOTOS:STÉPHANIESLAMA
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