Coup de Pouce - (03)March 2020

(Comicgek) #1

PHOTO: GETTY IMAGES/E (FEMME); ILLUSTRATIONS: SHUTTERSTOCK/E; STOCKSY/E (ÉCHELLE).


INITIATIVES
100 % JOUISSIVES

(^1) CLIT REVOLUTION
Né sur Instagram, puis décliné en websérie documentaire, le
projet Clit Revolution entend déconstruire les mythes autour du
sexe féminin. Entre phallocratie et méconnaissance de l’organe
féminin, il met en lumière des femmes qui s’emparent de leur
sexualité pour mieux se réapproprier leur pouvoir... et leur plaisir!
Instagram.com/clitrevolution
(^2) CLIT-MOI!
Le plaisir féminin est au bout des doigts grâce à Clit-moi, jeu
interactif accessible sur les téléphones intelligents. Rien de
vulgaire ou de pornographique ici. Dans une ambiance ludo-
éducative, on joue avec notre avatar-clitoris pour découvrir les
mouvements susceptibles de conduire au plaisir. Homme ou
femme, tout le monde gagne à découvrir cet organe méconnu.
Ce jeu est le fruit d'une belle collaboration entre l’UQAM et
l’ONF. Onf.caa/interactif/clitmoi
(^3) CLIT 3D
En 2016, la chercheuse Odile Fillod fabrique le premier prototype
3D en taille réelle du clitoris. Le fascinant objet remporte un beau
succès dans les médias et dans les écoles. La chercheuse
entreprend maintenant de réintégrer le clitoris dans les manuels
scolaires. Il y est actuellement représenté par un bouton, quand
il n’est pas totalement absent!
Avis aux intéressées, le fichier imprimable en 3D est libre
d’accès sur internet: carrefour-numerique.cite-sciences.fr/fablab/
wiki/doku.php?id=projets:clitoris•
comprennent bien peu de terminaisons
nerveuses. Seulement 25 % des femmes
affirment avoir régulièrement un
orgasme par pénétration vaginale
exclusive, contre 90 % par stimulation
du clitoris.
«Cette mise de côté du clitoris est
une des causes du fossé orgasmique,
explique Caroline Michel. Les femmes
hétérosexuelles jouiraient beaucoup
plus si l’on revisitait les contours du
rapport sexuel: pourquoi toujours se
caresser, se pénétrer et jouir? On peut
bousculer l’ordre!»
Dans un lit près de chez vous
Une bonne nouvelle? Cette réappro-
priation du plaisir ne passe pas seule-
ment par des initiatives féministes, elle
s’observe aussi dans les confidences
faites aux sexologues: «Certaines
femmes se croient “défectueuses”, dé-
plore Geneviève Labelle. Et si nos at-
tentes n'étaient pas réalistes? Je vois
maintenant de plus en plus de femmes
qui remettent en question ces normes,
qui reconnaissent l’unicité de leur
corps et de leurs besoins, au lieu de se
trouver anormales de ne pas aimer une
pratique ou une autre.»
D’où l’importance de ces initiatives
qui ouvrent la voie à une sexualité libre,
pensée pour l’échange, la réciprocité et
le consentement, et où le plaisir de
la femme compte autant que celui
de l’homme.
On peut donc applaudir joyeuse-
ment le retour du clitoris? Oui, à condi-
tion de ne pas tomber dans le piège de
remplacer une prescription par une
autre. Si l’on utilise un gadget soi-di-
sant magique pour le clitoris, mais qu’il
ne se passe rien, est-on anormale?
Et si l’on aime la levrette, est-ce que
ça veut dire qu’on n’a rien compris à
l’égalité sexuelle?
«Le plaisir reste un tout, dit Caroline
Michel. On peut avoir d’agréables sen-
sations dans le vagin, sur le ventre et
dans le cou. Si le clitoris doit être com-
pris et connu, il reste que chaque per-
sonne doit composer sa propre sexua-
lité, selon ses préférences, ses envies, sa
curiosité, et non pas parce qu’Insta-
gram est truffé de jolis dessins...»


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MARS 2020








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