Coup de Pouce - (04)April 2020

(Comicgek) #1
MA FEMME EST MORTE D’UN CANCER
FOUDROYANT ALORS QUE NOTRE
FILS AVAIT SIX ANS ET NOTRE FILLE,
SEULEMENT CINQ MOIS. DU JOUR AU
LENDEMAIN, JE ME SUIS RETROUVÉ
SEUL AVEC MON CHAGRIN, MES
DOUTES ET DEUX PETITS ÊTRES QUE
J’AIMAIS PLUS QUE TOUT.
Propos recueillis par Julie Champagne Illustration : Anne Villeneuve/c.

Quand je suis devenu veuf, à 43 ans, j’avais tout à ap-
prendre. Je n’avais jamais cuisiné ou fait le lavage. J'ai
appelé ma mère en panique, le bébé dans les bras,
parce que je ne savais pas quoi faire. À l’épicerie, j’ins-
tallais Nicholas et Audrey dans le panier et je question-
nais les autres clients pour savoir comment faire cuire
les différentes pièces de viande.

Je suis retourné sur la route comme représentant
pour assurer la sécurité financière de notre famille, et
j’ai engagé une nounou. J’ai été chanceux, nous n’avons
jamais manqué de rien.
Nicholas et Audrey m’accompagnaient partout. Dans
les soirées entre amis, si les enfants n’étaient pas bien-
venus, je déclinais l’invitation. C’était avec eux ou pas
du tout. Je les emmenais en voyage d’affaires à travers
le pays. Je les ai élevés en anglais, pour qu’ils puissent
échanger avec les autres et qu’ils ne s’ennuient pas lors
de ces voyages.

Le plus difficile, c’était les commentaires de la fa-
mille et de la belle-famille. On me répétait que c’était
impossible qu’un homme élève seul deux jeunes en-
fants. Il y a 22 ans, quand il y avait un divorce, la garde
des enfants revenait systématiquement à la mère.
Mon défi leur semblait insurmontable. On ne se gê-
nait pas pour remettre en question chacune de mes
décisions, même pour des trucs aussi banals que les
vêtements que j’avais choisis pour ma fille d’un an. J’ai
exclu certaines personnes de ma vie. Je ne voulais pas
de cette négativité.
Des années plus tard, j’ai laissé mes adolescents
profiter des vacances. On me disait qu’ils n’appren-
draient jamais à travailler, alors que, pour moi, il était
plus important de voyager, de passer de bons mo-
ments en famille. J’ai élevé mes enfants de manière
qu’ils soient débrouillards et indépendants.
Aujourd’hui, ce sont de jeunes adultes merveilleux, et
je suis si fier d’eux! Les gens parlent de leur belle mai-
son, de leur dernier voyage dans le Sud, de leur voi-
ture neuve. Pour moi, la plus belle chose dans la vie,
ce sont nos enfants. J’ai eu la chance de voir les miens
grandir et s’épanouir.
Ce qui me remplit de bonheur? Peu importe les obli-
gations, je parle tous les jours à mes enfants, même si
c’est juste par texto pour se dire qu’on s’aime.

FIER PAPA DE NICHOLAS ET AUDREY, MICHEL A DE NOUVEAU RENCONTRÉ
L’AMOUR ET SERA BIENTÔT GRAND-PÈRE PAR SA BELLE-FILLE.•

CONFIDENCES


D’UN


«


Si les enfants n’étaient


pas bienvenus, je déclinais


l'invitation. C’était avec


eux ou pas du tout.


»


papa solo


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AVRIL 2020
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