Coup de Pouce - (05)May 2020

(Comicgek) #1
optimiser les thérapies pour soigner le stress,
l’anxiété, la dépression, les commotions céré-
brales, le deuil, l’insomnie et divers trauma-
tismes, mais aussi pour les phobies, les dépen-
dances ou la faible estime de soi. «Avec la thérapie
traditionnelle, on reste dans l’analyse, la logique
et la réflexion, tandis que l’hypnose nous amène
dans le domaine des sensations. Comme il y a
moins de censure et de jugement, ça accélère le
processus de guérison. L’hypnose agit comme un
catalyseur», explique la neuropsychologue
Sophie Roux.

Peu de contre -indications
et d’effets indésirables
Pour celles que ça inquiète: l’hypnose médicale et
clinique n’a rien à voir avec les spectacles où un
quidam se transforme en poule sur scène, à la de-
mande d’un hypnotiseur. «C’est important de dé-
boulonner les nombreux mythes qui entourent
encore l’hypnose au sein du grand public», dit
Sophie Roux, qui tient à mettre les points sur les i.
Non, l’hypnotiseur ne contrôle pas le cerveau de la
personne hypnotisée. Oui, celle-ci peut sortir de
l’hypnose en tout temps. Et, non, elle ne fera ni ne
dira jamais quelque chose contre sa volonté ou ses
valeurs. «L’hypnotiseur n’a aucun pouvoir. C’est un
guide, précise la psychologue. Il ne fait qu’accom-
pagner l’individu dans le développement de sa
propre capacité à être en état d’hypnose, en mobi-
lisant les ressources de son inconscient. Quant aux
personnes qui montent sur scène lors d’un spec-
tacle, elles souhaitent jouer le jeu. C’est pourquoi
elles sont aussi influençables.»

À QUI S’ADRESSER?


Puisqu’au Québec la pratique de l’hypnose n’est pas
réglementée à l’heure actuelle, l’idéal est de se tourner
vers un professionnel de la santé, membre d’un ordre,
qui a été formé à l’hypnose clinique et médicale.
La Société québécoise d’hypnose affiche la liste de
ses membres praticiens sur son site web (sqh.info).
Idem pour l’Ordre des psychologues du Québec
(ordrepsy.qc.ca). Il est possible d’effectuer sur son site
une recherche avancée en affichant les options et en

cochant «hypnose» dans les techniques utilisées. (^) •
À quand l’hypnose dans
NOS SALLES D’OPÉRATION?
En matière d’hypnose, le Québec accuse un retard comparative-
ment à l’Europe, où elle est employée dans les salles d’urgence
et d’opération de plusieurs hôpitaux. Certains pays, comme la
France et la Belgique, offrent même des formations universi-
taires en hypnose.
Au Québec, de plus en plus de professionnels de la santé (mé-
decins, infirmiers, dentistes, psychiatres, psychologues, psychothé-
rapeutes) étudient l’hypnose pour l’utiliser dans le cadre de leur
travail. Mais ça demeure une pratique marginale. «On peut sentir
une certaine résistance de la part de la communauté médicale au
Québec», lance Mathieu Landry, qui précise aussitôt: «L’hypnose
n’est pas une panacée. Elle ne permet pas de guérir le cancer, mais
c’est un adjuvant thérapeutique efficace pour réduire la douleur,
les peurs et le stress liés aux traitements de chimiothérapie par
exemple. C’est dans ce sens qu’il faut informer les médecins, en
leur présentant les études qui montrent que l’hypnose fonctionne.»
En d’autres mots, toute hypnose est en quelque
sorte de l’autohypnose. Et on peut très bien ap-
prendre à entrer par nous-mêmes dans cet état de
«transe», comme Karine l’a fait lors de ses deux
accouchements. Si l’on voit fréquemment des sta-
tistiques sur la population qui serait plus «facile-
ment» ou plus «difficilement» hypnotisable (de 5 à
10 % dans les deux cas), nos sources s’entendent
pour dire que tout le monde peut y arriver, à son
rythme. «Il faut parfois essayer diverses méthodes
d’induction pour trouver celle qui fonctionne le
mieux», assure la psychologue.
Le rapport de l’INSERM souligne que l’hypnose
médicale et clinique n’a aucun effet secondaire
grave (de rares cas de mal de tête, de somnolence,
de vertige, d’anxiété et de création de faux souve-
nirs ont été déclarés). Et il existe peu de contre-
indications: l’hypnose est seulement déconseillée
dans les cas de troubles psychotiques (schizophré-
nie, trouble délirant, trouble bipolaire).
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MAI 2020
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