part 2. 1916–1930: dada and the heroic period of surrealism
Le Cheval
C’est vrai que je croyais en la ferveur immense de vivre. Chaque pas amplifiait
en moi de vieilles mais toujours mouvantes adorations. Ce pouvait être un arbre,
la nuit, c’étaient des forêts de routes, ou le ciel et sa vie tourmentée, à coup sûr le
soleil.
Un jour je vis la solitude. Au faîte d’un monticule, un cheval, un seul, immo-
bile, était planté dans un univers arrêté. Ainsi mon amour, suspendu dans le
temps, ramassait en un moment sur lui-même sa mémoire pétrifiée. La vie et la
mort se complétaient, toutes portes ouvertes aux prolongements possibles. Pour
une fois, sans partager le sens des choses, j’ai vu. J’ai isolé ma vision, l’élargissant
jusqu’à l’infinie pénétration de ses frontières. Je laissais à plus tard le soin de voir ce
qu’on allait voir. Mais qui saurait a≈rmer que les promesses ont été tenues?