The Yale Anthology of Twentieth-Century French Poetry

(WallPaper) #1

part 3. 1931–1945: prewar and war poetry


Te saluer


Te saluer
Comme on lance un bouquet d’œillets
L’été
Sur des dalles fraîches.


Prononcer ton nom
Comme on allume un feu
Dans une rue déserte.


Te toucher
Comme on touche le pain
Quand lui seul fait vivre.


Mais quand j’aurai


Mais quand j’aurai fermé les yeux
Que vous serez sous les violettes
Ou les ronces comme moi
Que les nuages au-dessus de nous
Se feront se déferont comme nous,
Qui parlera pour nous?
Qui dira: «Toi, tes yeux,
Sont la couleur de la rêverie
Et des jeunes ardoises
Au printemps des pluies.


Et toi: ta peau
Est la grive qui chante,
Tes mains sont ma chaleur
Et la fièvre de l’été
Qui porte ton nom».


Le temps va où il veut
Pose son habit de jonquilles
Et d’eau où il veut,
Nous n’avons rien
Qu’une aile de papillon qui sèche
Contre les vitres de la nuit.
Nous ne sommes rien qu’une poussière

Free download pdf