part 3. 1931–1945: prewar and war poetry
déposé tous mes mots au mont-de-piété un fleuve de traîneaux de baigneuses
dans le courant de la journée blonde comme le pain et l’alcool de tes seins allo
allo je voudrais être à l’envers clair de la terre le bout de tes seins a la couleur et
le goût de cette terre-là allo allo encore une nuit il y a la pluie et ses doigts de
fossoyeur il y a la pluie qui met ses pieds dans le plat sur les toits la pluie a
mangé le soleil avec des baguettes de chinois allo allo l’accroissement du cristal
c’est toi... c’est toi ô absente dans le vent et baigneuse de lombric quand
viendra l’aube c’est toi qui poindras tes yeux de rivière sur l’émail bougé des
îles et dans ma tête c’est toi le maguey éblouissant d’un ressac d’aigles sous
le banian
An neuf
Les hommes ont taillé dans leurs tourments une fleur
qu’ils ont juchée sur les hauts plateaux de leur face
la faim leur fait un dais
une image se dissout dans leur dernière larme
ils ont bu jusqu’à l’horreur féroce
les monstres rythmés par les écumes
En ce temps-là
il y eut une
inoubliable
métamorphose
les chevaux ruaient un peu de rêve sur leurs sabots
de gros nuages d’incendie s’arrondirent en champignon
sur toutes les places publiques
ce fut une peste merveilleuse
sur le trottoir les moindres réverbères tournaient leur tête
de phare
quant à l’avenir anophèle vapeur brûlante il si∆ait dans les jardins
En ce temps-là
le mot ondée
et le mot sol meuble
le mot aube
et le mot copeaux
conspirèrent pour la première fois