part 3. 1931–1945: prewar and war poetry
Penché sur les flots
Je veux creuser des routes dans les lunaires collines
De ton corps
Allumer des feux dans le creux de tes paupières
Savoir te parler et partir quand il est temps
Encore
Je veux vivre lentement dans le jeu de ton décor
Flotter entre mère et père
Tel le sourire de l’écho dans la pénombre
Dévêtue
Etre l’étincelle de l’oreiller
Entendue par le sourd qui se croit seul
Cannibale
Je veux titiller de désespoir sous ta langue
Je veux être lys sur ton ombre légère
Et me coucher éblouie sous l’araignée
Bonne nuit Irène
C’est l’heure
Rappelle-toi
Rappelle-toi
Le vol saccadé de mon cœur
Ton émoi
Le froissement de mes poils
Quand je ris avec toi
Le vent farci d’odeurs
Qui précède mon corps en feu
L’épais caoutchouc gris des molles soirées de l’hiver
Quand nous écoutions les rats carillonner
En mangeant des coquelicots
Toi et moi.
L’Orage tire une marge argentée
L’orage tire une marge argentée
Dans le ciel
Et éclate dans un immense spasme englué
Sur la terre.
L’écume flottante