part 6. 1981–2002: young poetry at the end of the millennium
Max Jacob
Priez pour le petit saltimbanque à croix
jaune, qui enviait le crapaud, priez
pour lui qui fut ange aux jours de défaite et
bête au laboratoire de l’échanson.
Cyprien là, Max ici, pitre qui crâne
comme un oeuf sous le chapeau et pleure sans,
pleure sang et eau les cent plaies du Seigneur
et puis change de peau, noir à Paris, blanc
à Saint-Benoît et arc-en-ciel à Drancy
pour célébrer la messe de l’Arlequin
qui ouvre le paradis. Priez pour Max,
roi de Boétie et prince des poètes
qui tant pria pour nous, repentant qu’un sein
peut toujours en cacher un autre, que sous
le masque une seule vérité se terre,
la même: «Nous allons mourir tout à l’heure».
Le Relèvement d’Icare: Envoi
Je me souviens comme l’enfant tire sa mère
par le bras, à gauche à droite: un vrai petit
cheval de cirque, et comme elle
continuait sa marche, fière et sourde statue
dont la tête coupée dans un autre temps
avait roulée parmi les fruits, les légumes,
dans le panier accroché à sa main
avec les projets, les amours, les mille et une
nuits d’attente rangés sur l’étagère invisible